Scandale en Guinée : Paris interroge Conakry sur les opposants morts en prison

Par Lemonde.fr - Guinée. Paris interroge Conakry sur le sort des opposants détenus.

Le président guinéen Alpha Condé.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont dénoncé la mort en détention de deux personnes. Un autre opposant est menacé de dix ans de prison.

Le Monde avec AFP

La France appelle à un dialogue entre les autorités et l’opposition afin de permettre une réconciliation de tous les Guinéens. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a déclaré au Sénat, mercredi 27 janvier, avoir interrogé le président guinéen, Alpha Condé, sur les opposants en prison, agitant la menace de « mesures » contre Conakry.

« Avec l’Union européenne [UE], nous avons demandé aux autorités de Guinée de faire toute la lumière sur les événements qui se déroulent en ce moment, avec éventuellement des mesures à prendre si cette lumière n’est pas faite », a-t-il affirmé. « Nous condamnons la poursuite des détentions hors procédure judiciaire d’opposants », a-t-il ajouté.
Réélection d’Alpha Condé

La Guinée a été pendant des mois en proie à une profonde crise causée par la candidature controversée de M. Condé à un troisième mandat à la faveur d’une révision constitutionnelle. La contestation, durement réprimée, a fait des dizaines de morts depuis octobre 2019.

En novembre, M. Condé a été proclamé vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, malgré les mises en doute quant à la régularité du vote. Les semaines précédant et suivant l’élection ont vu l’arrestation de centaines d’opposants, selon Amnesty International et Human Rights Watch.

Les Etats-Unis et l’UE ont dénoncé la semaine dernière la mort en détention de deux opposants : Mamadou Oury Barry – membre de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de Cellou Dalein Diallo, principal opposant à Alpha Condé – le 16 janvier et Roger Bamba, un cadre de l’UFDG, en décembre. Ces morts sont dues à des causes « naturelles » selon le gouvernement ; Amnesty International les a qualifiées d’atteinte grave aux droits humains

Des centaines de personnes emprisonnées

Le parquet guinéen a requis, lundi, dix ans de prison ferme contre un autre opposant, Mamady Condé, poursuivi pour « atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » après avoir publié des textes contre un troisième mandat de M. Condé et des vidéos critiques à l’égard du pouvoir.

« A plusieurs reprises, nous avons marqué la nécessité d’un dialogue entre les autorités et l’opposition afin de permettre une réconciliation de tous les Guinéens qui méritent aujourd’hui un climat politique apaisé », a également déclaré M. Le Drian en soulignant l’avoir expressément dit au président guinéen lors de l’investiture du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le 7 janvier, à Accra.

En décembre, le président français, Emmanuel Macron, avait adressé ses « vœux de succès » à son homologue guinéen mais s’était abstenu de le féliciter pour sa réélection. Dans un entretien avec l’hebdomadaire Jeune Afrique le 20 novembre, il lui avait reproché d’avoir « organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir ».

Le Monde avec AFP

NB: Le titre est de la rédaction.