Rumeurs récurrentes de déstabilisation: La France et l’Onu au four et au moulin pour sauver le régime Ouattara

Publié le jeudi 28 juillet 2011 | Notre Voie - Le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, semble dormir que d’un œil. Devant les rumeurs de coup d’Etat ou de

Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara à l'Elysée.

Publié le jeudi 28 juillet 2011 | Notre Voie - Le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, semble dormir que d’un œil. Devant les rumeurs de coup d’Etat ou de

rébellion armée dont bruit le tout Abidjan, depuis quelque temps. Des informations visiblement infondées dont les habitants de la capitale économique sont pourtant abreuvées de façon cyclique. Il n’empêche, le nouveau régime est sur le-qui-vive, au point de délaisser les chantiers de la réconciliation nationale, de la reconstruction et du développement économique du pays, en lambeaux. En dépit des recommandations du séminaire gouvernemental du 05 et 06 juillet derniers. C’est le compte rendu du conseil des ministres du mercredi 29 juin dernier qui met la puce à l’oreille de plus d’un ivoirien. Il y est mentionné que Alassane Dramane Ouattara à l’intention de rencontrer, ce jour-là, ses homologues du Ghana, John Atta Mills et du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf en marge du 17è sommet de l’Union Africaine (Ua), à Malabo, en Guinée équatoriale. Officiellement, il s’agissait de sécuriser les frontières communes. En réalité, selon des sources concordantes, il était question de convaincre ces deux Chefs d’Etat voisins sur la nécessité d’aider à la protection du pouvoir Ouattara. Le chef de l’Etat ivoirien voit, à tort ou à raison, en la présence des réfugiés ivoiriens au Ghana et au Liberia (officiellement, 140.000 Ivoiriens sont regroupées dans des camps) une menace constante. Cette préoccupation est également partagée par son gouvernement qui l’a fait savoir à la réunion du conseil des ministres de l’Union du fleuve Mano, le samedi 16 juillet, à la Mairie de Monrovia (Liberia). Une réunion à laquelle ont pris part trois ministres ivoiriens : à savoir les ministres des affaires étrangères, Kablan Duncan, de l’intégration africaine, Adama Bictogo et celui délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. Ils étaient tous là pour supplier leurs homologues afin qu’ils sensibilisent (encore un peu plus) leurs présidents afin qu’aucun militaire ou mercenaire ne franchisse la frontière commune pour déstabiliser le pouvoir fraîchement acquis d’Alassane Ouattara. En somme, ils ont plaidé pour que la Sierra Léone, la Guinée et le Liberia qui font partie de l’Union, au même titre que la Côte d’Ivoire, ne servent pas de base arrière à un projet de déstabilisation. Bien qu’aucun fait ne permet, pour l’instant, d’évoquer cette éventualité. Dans la foulée, le ministre ivoirien de l’intégration africaine, Adama Bictogo, a obtenu, le lundi 18 juillet, de la présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, la promesse de la signature d’un accord entre Abidjan et Monrovia afin de lutter contre le phénomène des mercenaires. Selon l’Afp, le ministre Bictogo envisage par cet accord « de faire juger les mercenaires au Liberia ou de les faire juger en Côte d’Ivoire » en fonction de la gravité des faits. « Dès lors que nous aurons défini une politique commune, nous n’allons plus nous laisser distraire par des mercenaires", a-t-il ajouté. Des mesures que le régime Ouattara entend prendre, sans doute, à cause des informations faisant croire en la présence de combattants libériens dans le conflit armé qui a abouti au renversement du Président Gbagbo en avril dernier par l’armée française. Ces informations sont également à l’origine des inquiétudes du chef de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (ONUCI), Choi Young-Jin. Qui était, le lundi 18 juillet dernier, devant le Conseil de sécurité de l’Onu, à New York, pour faire un exposé sur la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne l’Ouest du pays (frontalier au Libéria), il a estimé que « nous constatons encore un certain manque de sécurité". Un aveu concédé sur un bilan qu’il trouve globalement positif. Choi Young-Jin a donc suggéré le maintien de l’effectif de l’Onuci en Côte d’Ivoire. Un personnel estimé à 9792 hommes dont 8402 militaires. Peu avant, le Commandant de l’Onuci, le général de division, Gnakoudé Béréna, a exhorté ses troupes à la vigilance sur le terrain. Précisément à Bouna et Bondoukou, le 15 juillet, selon un communiqué de l’organisation. En outre, le projet de construction de huit nouveaux camps militaires, rien qu’à l’Ouest, et un autre sur l’axe Abidjan- Noé par l’Onuci, dont l’annonce a été faite, le 01 juillet dernier, est à mettre au compte de la frilosité ambiante au sommet de l’exécutif ivoirien. Et au sein de la coalition franco-onusien à l’origine de l’installation par la force du régime Ouattara. En effet, le souci de protéger le pouvoir Ouattara habite grandement, par ailleurs, les autorités françaises. Et cela s’est traduit par deux actions de l’Elysée. D’abord, le président français Nicolas Sarkozy a décidé de maintenir la force française en Côte d’Ivoire. Principalement le 43è Bima. Contre toute attente et en contradiction avec ses propos du Cap (Afrique du sud). Où il avait clairement affiché son intention de réduire l’influence militaire française en Afrique y compris en Côte d’Ivoire. Après le 11 avril dernier, le successeur de Jacques Chirac a décidé de garder ses militaires sur place dont le nombre pourrait « monter en puissance », si le pouvoir Ouattara est menacé. Ensuite, Sarkozy a entrepris de sensibiliser le président Atta Mills sur les supposées manœuvres de renversement de son poulain ivoirien. La visite du Premier ministre français, François Fillon, le samedi 16 juillet, au Ghana s’inscrit dans cette logique. Sa théorie sur une France désireuse « de participer au développement économique du Ghana » ou encore sur une France « décidé de réorienter radicalement sa politique en Afrique » n’a trompé personne. Le Ghana dont l’économie prend de plus en plus son envol (12% en 2010) a été jusqu’ici ignoré par la France. Ce n’est pas son pré -carré et elle ne s’est jamais donné pour vocation d’aider au développement économique des pays africains. En témoigne les exemples du Burkina Faso, du Niger, du Tchad, de Madagascar, etc. qui sont, hélas, classés au peloton de pays en proie aux difficultés économiques les plus extrêmes. Un pays africain anglophone a donc moins de chance d’avoir ses faveurs. Le premier ministre français, François Fillon, était juste là pour une opération de séduction. Afin que le président Atta Mills soit soucieux de sa volonté de garantir un long règne à « l’ami de la France », Alassane Dramane Ouattara. Et d’ailleurs le président ghanéen Atta Mills, qui l’a sans doute bien perçu, a cru bon de donner un petit conseil à son hôte du jour. Qui a valeur de conseil pour Alassane Dramane Ouattara, le « nouvel homme fort » d’Abidjan. Lui qui, après 100 jours au sommet de l’Etat, vit caché, et est dans l’impossibilité d’aller à la rencontre du peuple ivoirien pourtant meurtri par quatre mois de guerre. Le chef de l’Etat ghanéen a affirmé que son pays a « choisi la démocratie qui est le seul moyen d'atteindre la paix et le développement économique ».

Serge Armand Didi