Retour de Laurent Gbagbo à la politique : les graves menaces de Alafé Wakili, Par Germain Séhoué

Par Lhorizoninfo.net - Retour de Laurent Gbagbo à la politique. Les graves menaces de Alafé Wakili, Par Germain Séhoué.

Alafé Wakili, Directeur général du Quotidien L’Intelligent d’Abidjan.

Le confrère Alafé Wakili est le Directeur général du Quotidien L’Intelligent d’Abidjan. Il n’est pas de ceux que l’acquittement définitif, surtout l’annonce du retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo réjouit, au fond.

Ainsi, au cours de l’émission 360 de la Télé NCI, du dimanche 4 avril 2021, il a proféré subtilement des menaces contre le Président Laurent Gbagbo, si jamais celui-ci voulait revenir en politique. La question, c’est Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, l’acquittement et après ?

En clair, « et après, que vont-ils faire de leur vie ? »
C’était débat. Et pour être généreux, voici la plénitude de son propos : « Ils étaient en prison, dans la souffrance, il y avait de la compassion, il y avait de la solidarité.

Maintenant, ils sont libres, comme nous… Donc, plus personne ne leur fera de cadeau. Tout le monde va oublier qu’ils ont souffert pendant dix ans. Donc, tout mot qu’ils diront désormais quand ils rentreront, plus personne ne leur fera de cadeau, ils seront combattus comme tout politique est combattu.

Eux aussi, vont combattre les autres, donc la bataille va commencer. Si Blé Goudé, lui, il est jeune, il peut y entrer, mais est-ce que Président Gbagbo qui est auréolé de tout ça, doit encore venir mettre la main dans le cambouis ?

Il doit venir se battre encore ? Voilà ! Lui, le concernant, moi je vois le Président Gbagbo en sage dans ce village Côte d’Ivoire, qui n’a pas ce sage. Tout le monde est dans un camp. Il est en haut, on doit le mettre en haut. Il ne faut pas que les gens l’utilisent pour venir faire les petits palabres, il doit être ce chef, ce sage du village. »

LE SOLDAT WAKILI OUVRE LE FEU…

Jusqu’à ce niveau, le baratin de notre confrère, savamment mené avant le feu, est doux.

Mais là où il attendait fermement Laurent Gbagbo au tournant, et a dégainé sans concession, c’est la suite : « Blé Goudé lui, il a 50 ans, la cinquantaine, il n’y a pas de problème, on peut ensemble se battre, mais vous voyez encore des gens de 20 ans qui vont venir insulter le président Gbagbo ? Pour dire oui La Haye t’a blanchi mais tu es un criminel… On n’a pas pu trouver les preuves, mais la vérité, c’est que tu es un criminel. Les gens vont dire cela et il ne va rien se passer.

Malgré une loi d’amnistie, est-ce c’est ce destin qu’on veut pour lui ? » Voilà l’éclat d’obus ! Exactement comme les moments qui ont précédé l’heure fatidique du 11 avril 2011 ! « La Haye t’a blanchi, mais tu es un criminel…

On n’a pas pu trouver les preuves, mais la vérité, c’est que tu es un criminel. Les gens vont dire cela et il ne va rien se passer ». Voilà l’effrayante suggestion que fait le bien-aimé confrère à la conscience.

ALAFE WAKILI VEUT LEGITIMER LA HAINE VISCERALE CONTRE GBAGBO

Alafé Wakili invite ainsi les partisans d’Alassane Ouattara (ceux sont eux qui combattent Gbagbo) à tenir un tel langage, à nourrir une telle pensée à l’égard de Laurent Gbagbo. Il incite à continuer à haïr quelqu’un que le régime a poussé injustement à passer dix ans de sa vie, loin de la vie nationale. Il incite l’opinion à penser comme lui, à considérer sans preuve, que Laurent Gbagbo est un criminel. Il veut légitimer la haine viscérale contre Gbagbo.

Alafé Wakili prête à des sources imaginaires ce que lui-même pense : « La Haye t’a blanchi, mais tu es un criminel… On n’a pas pu trouver les preuves, mais la vérité, c’est que tu es un criminel. Les gens vont dire cela et il ne va rien se passer ».

S’il pense être plus compétent que la Cour pénale internationale (CPI), s’il détenait des preuves contre Laurent Gbagbo, où était-il pendant tout ce temps où la Procureure Fatou Bensouda peinait à en trouver ? Où était Alafé Wakili avec ses preuves contre Gbagbo ?

Où était-il quand ce procès a nécessité 231 journées d’audience, 82 témoins cités par l’Accusation, plus de 2600 pièces de documents versés au dossier, des centaines de requêtes, demandes et décision déposés ? Où était-il ? Le « Chris Yapi » qu’il est, il se serait présenté que Gbagbo aurait été condamné dès sa première année de prison. Hélas ! Ou alors, notre sacré confrère croirait-il que les huit années pendant lesquelles la CPI a échoué à trouver des preuves, c’était du jeu ?

Qu’il se renseigne auprès du ministre Joël N’Guessan, porte-parole du RHDP. Cet homme si sonore, parti témoigner, tout guindé, en ange exterminateur de Gbagbo à La Haye, en est revenu ramolli, sans âme, tellement émasculé par le feu roulant des questions de la Cour. Il y a laissé son haleine. Ce n’était donc pas du jeu.

LES MOTS QUI JAILLISSENT DE LA PSYCHOLOGIE DU CONFRERE

Selon Alafé Wakili, « Ils étaient en prison, dans la souffrance, il y avait de la compassion, il y avait de la solidarité. Maintenant, ils sont libres, comme nous… Donc, plus personne ne leur fera de cadeau ».

Qu’en est-il en vérité ? Les injures de ce genre, quand bien même il était à la CPI, Gbagbo continuait de les recevoir de la part de ceux qui veulent le voir définitivement écarté de la scène politique de son pays.

La manifestation continue du feu de l’Accusation, par les actes de la Procureure Fatou Bensouda et son Substitut Eric Mc Donald, de Me Paolina Massida, avocate des victimes, Mes Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, avocats de l’État de la Côte d’Ivoire et de la cloche de service du RDR, Diaby Issiaka et ses mis, n’est rien d’autre que ce type d’injure : « tu es un criminel ».

Donc « la compassion » et « la solidarité » au profit de cet homme et de son ex-détenu, dont parle ici Alafé Wakili, ne venaient pas des faucons du camp Ouattara. Mais seulement des partisans de ces ex-prisonniers et des démocrates de tous bords.

Cela n’a pas tué Gbagbo. En clair, en prison ou pas, Laurent Gbagbo est affronté à une adversité permanente qui n’a pas mis en péril son pronostic vital. C’est donc un homme habitué à recevoir des bombes de tous genres, en termes de roquettes, d’obus, ou des bombes verbales du genre « La Haye t’a blanchi, mais tu es un criminel… On n’a pas pu trouver les preuves, mais la vérité c’est que tu es un criminel ».

ALAFE WAKILI VEUT RECRUTER UN SAGE POUR LA COTE D’IVOIRE

De même, le confrère a déclaré au cours de cette émission : « Moi, je vois le Président Gbagbo en sage dans ce village Côte d’Ivoire, qui n’a pas ce sage ». Tout de même étonnant ! Dans un pays où il y a un gladiateur, adulé par la communauté internationale, affirmer qu’il n’y a pas de sage… c’est incompréhensible.

Maintenant que notre excellent confrère a fait son constat que la Côte d’Ivoire a besoin d’un sage, au-dessus de tout, pourquoi ne l’a-t-on pas entendu faire la même proposition au Président Alassane Ouattara, auréolé de ses deux mandats tranquilles, quand celui-ci voulait à tout prix briguer un troisième, anticonstitutionnel celui-là ?

Pourquoi ne lui a-t-il pas dit qu’un troisième mandat, même déguisé en premier mandant de la troisième République pouvait être source de troubles ? Pourquoi a-t-il laissé le Président, au bord de ses 80 ans (79 ans) trouver, en lui-même, la jeune génération, dans un RHDP qui pétille de jeunes cadres ? Pourquoi !

Conséquence : le 3e mandat a fait au bas mot 85 morts, dont une tête décapitée qui a servi de ballon de foot sur un terrain d’Eburnie. Pourtant, le passage d’un statut d’homme politique à celui de Sage, selon les lunettes de notre précieux confrère, peut se décréter ou se suggérer. La preuve, dans une menace, il suggère à Laurent Gbagbo de ne plus mettre les pieds dans la politique.

ALAFE WAKILI, L’HOMME POLITIQUE

Quand notre confrère déclare « Blé Goudé lui, il a 50 ans, la cinquantaine, il n’y a pas de problème, on peut ensemble se battre », qui est ce « on » ? Ce « on », ce sont les hommes politiques, y compris lui-même Alafé Wakili.

Dès lors, il cesse d’être notre confrère, dans sa doublure. Car c’est uniquement en cette qualité d’homme politique qu’il peut être adversaire de Charles Blé Goudé, homme politique. Wakili annonce donc sans le clamer qu’il est homme politique, mais ne veut pas avoir, ni lui-même, ni son référent politique Alassane Ouattara, à affronter Laurent Gbagbo. Il le menace donc de prendre sa retraite. Invité sur le plateau de la Télé en tant que journaliste, il se métamorphose en homme politique. Le débat est piégé !

INSULTER GBAGBO CADEAU ?

Alafé Wakili rassure l’opinion qu’on peut insulter, salir impunément Laurent Gbagbo : « La Haye t’a blanchi, mais tu es un criminel… On n’a pas pu trouver les preuves, mais la vérité, c’est que tu es un criminel.

Les gens vont dire cela et il ne va rien se passer ». Mais en disant « Les gens vont dire cela et il ne va rien se passer », c’est un protégé de la justice des vainqueurs qui parle. Sinon, dans un pays de droit, toute personne qui s’autorise un tel langage peut avoir à s’expliquer devant la justice.

Elle ira démontrer devant la justice, ce que la CPI n’a pas pu prouver en huit ans d’enquête, que Laurent Gbagbo est un criminel. Sinon, elle va payer pour la diffamation. Laurent Gbagbo même peut porter plainte, comme il vient de le faire contre l’armée française, ou toute personne qui s’identifie à lui peut saisir la justice pour diffamation. La vie en société n’est pas la jungle et une campagne électorale ne signifie pas une foire de diffamation et injures gratuites, où quiconque est rassasié peut salir qui il veut.

En vérité, cette position du confrère s’explique par sa propre peur qu’il essaie d’étouffer. Il a peur, croyant que de retour, Laurent Gbagbo va faire payer au camp Ouattara les injustices que celui-ci lui a fait vivre pendant dix ans. Voici ses propres mots.
Quand on a fait ceci à un homme, à sa famille et à son camp, et qu’au final, la justice internationale, après huit ans d’enquête, le blanchit, l’acquittement, on s’imagine des choses, on a peur…

LA PEUR PROJETEE D’ALAFE WAKILI

« Il y a des gens qui imaginent… Il y a une peur de part et d’autre. C’est-à-dire s’ils viennent, ils vont être arrêtés. En même temps, il y a d’autres qui pensent que, Laurent Gbagbo arrivant, c’est un million de gens dehors, disant que le vrai président arrive, allons-y au Palais, allons-y déloger Alassane Ouattara, le préfet de la France qui n’a pas gagné. Donc, il faut aussi parler aux gens. Oui, lui parle de triomphe modeste à avoir, Blé demande pardon, mais il faut rassurer et parler aux gens. Parce que, ce n’est pas aussi facile.

Il y en a qui ont peur. Moi, j’ai toujours donné l’exemple de la RDC où, un autre auréolé, qui a gagné à la CPI et est rentré dans son pays, Bemba, et ça n’a pas changé. On m’a dit Gbagbo n’est pas Bemba. Tu le banalises. J’ai dit Bemba a quitté la CPI il est rentré chez lui, il n’y a rien eu…

Il y a des gens qui veulent se faire peur ou qui font peur que Gbagbo n’est pas Bemba, il vient, Abidjan est gâté, non ! Rien ne sera gâté. Et la vie va continuer, il ne faut pas avoir peur. Moi, c’est ma posture, mais il y a des gens qui ont peur. Il faut pouvoir leur dire de ne pas avoir peur. Il faut pouvoir les rassurer. Dire que, non, Blé Goudé demande pardon, sincère.

Qu’il y a la repentance dedans, il ne s’agit pas de revenir faire la même chose, de venir dire « y a rien en face ! » Voilà ! Les données ont changé. Il y a un nouveau pouvoir qui est là, il y a une nouvelle réalité qui est là, dix ans après. Il y a bien quelque chose en face désormais. C’est à travers vous, votre inquiétude qu’ils sont arrêtés, ça veut dire qu’il faut régler tout ça avant d’arriver à Abidjan. »

QUI DOIT DONNER A GBAGBO ET BLE GOUDE LEUR TICKET D’ENTRER DANS LEUR PAYS ?

Quand le confrère avance « Il y a des gens qui imaginent… Il y a une peur de part et d’autre. C’est-à-dire s’ils viennent, ils vont être arrêtés », de qui parle-t-il ? Qui peut craindre qu’à son retour Laurent Gbagbo va être arrêté ? Ceux-là ne seraient pas du camp de Gbagbo.

Or, ce ne sont pas les partisans de Ouattara qui vont craindre pour Gbagbo, au contraire, ils seraient contents… Donc, qui a peur que Gbagbo soit mis en prison en Côte d’Ivoire ? Passons.
Diaby Issiaka pense certainement que les milliers de morts à l’Ouest de la Côte d’Ivoire sont des criquets.

Quand Alafé Wakili dit « il faut rassurer et parler aux gens. Parce que, ce n’est pas aussi facile. Il y en a qui ont peur », qui sont ceux-là qui ont peur, pour qui ça ne serait pas aussi facile, et qu’il faudrait rassurer afin qu’ils acceptent que Laurent Gbagbo et Blé Goudé, acquittés, rentrent dans leur pays ? Qui ? Les faucons du RDR ? Le Gouvernement Ouattara qui a déjà donné son feu vert pour que ces personnalités rentrent au pays ? Parce qu’il serait capable en même temps, de fomenter des complots pour empêcher ce retour en Côte d’Ivoire ? Ou bien qui ?

L’activiste Diaby Issiaka, grelot anti-Gbagbo du RDR, qui déverse ses ouailles dans la rue dès qu’il apprend que Gbagbo et Blé Goudé doivent revenir en Côte d’Ivoire ? « Ce n’est pas aussi facile » pour qui ?

Pour les trois ou six morts d’Abobo ou les milliers de massacrés de l’Ouest de la Côte d’Ivoire ? « Ce n’est pas aussi facile » pour qui ? Pour le confrère lui-même, réalisant en réalité la gravité de l’injustice faite au camp Gbagbo durant toutes ces années ? « Ce n’est pas aussi facile » pour qui ? Qui sont ces personnes qui doivent délivrer à nos acquittés de la CPI, leur ticket pour rentrer chez eux et qui auraient confié à notre confrère que tant qu’elles ne sont pas rassurées, Gbagbo et Blé Goudé n’entreraient pas sur le territoire ivoirien ?

Est-ce parce que ses adversaires ont peur pour ce qu’ils ont fait que Laurent Gbagbo ne doit plus rentrer dans son pays?

Notre cher confrère a tellement peur qu’il fait la suggestion-menace suivante à Charles Blé Goudé : « Il ne s’agit pas de revenir faire la même chose, de venir dire « y a rien en face ! » Voilà ! Les données ont changé. Il y a un nouveau pouvoir qui est là, il y a une nouvelle réalité qui est là, dix ans après. Il y a bien quelque chose en face désormais ». Une façon de dire « si tu viens et que tu ne changes pas, tu verras ! »

Voilà ce que, énergisées par la rosée du pouvoir Ouattara, certaines personnes peuvent se permettre en Côte d’Ivoire.

Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr