Rester ou plier bagages: des Français de Niamey choqués après le rapt mortel

NIAMEY (AFP)le 10 janvier 2011 - "C'est la première fois que j'ai vraiment peur", confie Michel, un Français de Niamey: après l'enlèvement dans la capitale nigérienne et

Le propriétaire du "Maquis le Toulousain" d'où ont été enlevés les deux français.

NIAMEY (AFP)le 10 janvier 2011 - "C'est la première fois que j'ai vraiment peur", confie Michel, un Français de Niamey: après l'enlèvement dans la capitale nigérienne et

la mort de deux jeunes Français, beaucoup hésitent entre rester dans le pays et "plier bagages, très vite".
Les deux amis d'enfance Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés de 25 ans, avaient été kidnappés vendredi soir par des hommes armés sous les yeux de nombreux clients d'un restaurant très fréquenté de la capitale, notamment par les expatriés.
"Nous sommes choqués et affligés", résume Michel, 40 ans dont cinq passés dans ce pays du Sahel. Il est l'un des quelque 1.500 Français vivant au Niger.
Les deux otages auraient été exécutés par leurs ravisseurs alors que des militaires français et nigériens tentaient de les libérer, selon Paris. Le rapt n'a pas été revendiqué mais les soupçons se portent sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou sur un groupe lié à ces jihadistes qui détiennent cinq otages français depuis la mi-septembre 2010 dans le nord-est du Mali.
Le quartier résidentiel du Plateau, où a eu lieu le rapt, est pourtant un des plus sécurisés de la ville. Il abrite la présidence de la République, les garnisons de la gendarmerie, la garde nationale et la quasi-totalité des institutions et ONG internationales.
Au Toulousain, le restaurant où avaient fait irruption les ravisseurs enturbannés, un prêtre français boit un verre avant d'aller célébrer la messe dans un quartier de Niamey.
Il est choqué mais bien décidé à rester. "J'ai vécu dans d'autres pays africains plus dangereux, je ne bouge pas", assure-t-il.
"Partir c'est justement ce qu'il ne faut pas faire, c'est leur donner raison", poursuit cet homme dans la soixantaine qui, comme d'autres, n'accepte de témoigner que sous couvert d'anonymat, pour des raisons de sécurité.
Dans la capitale nigérienne jusqu'alors considérée comme sûre, de nombreux expatriés, dont des Français, faisaient leurs courses dimanche. Mais le malaise était palpable.
"Je suis consterné par la mort des deux jeunes hommes", dit un restaurateur français dans la soixantaine, croisé au Petit Marché, principal marché de primeurs. Pour lui, un départ n'est cependant pas envisageable. "J'ai fait pousser des racines ici, je ne veux pas partir".
"Maintenant que les terroristes sont capables de frapper à cent mètres de chez moi, il faut penser à plier bagages, très vite", lance pourtant Walid, libraire franco-libanais d'une trentaine d'années, sortant de son domicile du quartier populaire Liberté, dans le centre-ville.
Paris a appelé dimanche les Français à "la plus grande vigilance" dans les pays du Sahel.
Si les ravisseurs "ont les moyens d'opérer à Niamey, c'est qu'il n'y a plus de zones sûres", s'alarme un expatrié africain travaillant pour les Nations unies.