Rencontre Blé Goudé - Guillaume Soro: Ce que j'en pense...Par Dr Boga Sako Gervais

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - NB. Cette réflexion n'engage que son auteur, Dr BOGA SAKO GERVAIS ; Et non aucune des structures dont il est membre.

Dr BOGA SAKO GERVAIS, président de la Fidhop et de Gradhh-Afrique.

1. Le dimanche 24 Novembre 2019, a eu lieu à la Haye, au cabinet circonstanciel de l’ex-détenu de la prison de Scheveningen, le Ministre Charles BLE GOUDE, président du COJEP, une importante rencontre entre ce dernier et l’ex-président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, président du GPS, Guillaume SORO Kigbafori.

Une cérémonie diversement et très passionnément critiquée ; parce qu’il s’agit, en fait, de la toute première rencontre, depuis les atrocités vécues de 2002 à 2011, entre les deux principaux acteurs sur le terrain de la guerre ayant endeuillé toute la Côte d’Ivoire : le premier ayant été le mobilisateur des populations « aux mains nues » soutenant le Président Laurent GBAGBO, contre le second qui assumait la responsabilité de chef de la Rébellion armée se réclamant de M. Alassane Dramane OUATTARA.

2. Si les présidents du COJEP et du GPS – ainsi que leurs militants et sympathisants – ne sont pas en mesure de comprendre et de compatir devant les cris de douleurs des victimes des deux camps qui s’expriment à travers les réseaux sociaux, c’est qu’ils ne réalisent pas encore l’ampleur des souffrances que les populations ivoiriennes ont pu endurer. Et si tel était le cas, on se demande comment MM. Guillaume SORO ou Charles BLE GOUDE pourraient-ils prétendre un jour diriger le Peuple ivoirien ?

A la vérité, toutes les critiques négatives et virulentes au sujet de cette rencontre reflètent, au fond, la profondeur des souffrances de toutes les victimes et la gravité de la question de la Réconciliation nationale dans notre pays.

3. La leçon majeure que les deux ex-leaders de la FESCI se doivent de retenir, au regard des colères que suscite leur rencontre, c’est que l’Humilité et la Sincérité sont les vertus cardinales devant guider leur demande de Pardon.

Parce que, prétendre demander Pardon aux victimes et à toute la Nation, en rabâchant à tout va l’expression de « leader générationnel », parce que l’on voudrait se faire élire au nom de toute une génération, frise plutôt l’arrogance et le mépris ; voire même une insulte et de la provocation. Car nos jeunes et nos enfants ne sauraient prendre pour modèle un rebelle !

4. Pour ma part, malgré cet exil que je continue de subir, comme plusieurs centaines de nos compatriotes, du fait de la rébellion de M. Guillaume SORO, je note toutefois que mon « jeune frère Charles BLE GOUDE » m’impose par cet acte audacieux – à moi, mais également à tous les Ivoiriens – une réalité que nous sommes bien obligés d’expérimenter, tôt ou tard !

Puisqu’il est impossible de penser à la Côte d’Ivoire de Demain, sans les autres. C’est d'ailleurs la grave erreur qu’a commise M. Alassane OUATTARA, en instaurant une dictature clanique au pouvoir ; et qui l’emportera en 2020 !

5. Ce qui est certain, chacune et chacun des Ivoiriens, notamment les partisans et sympathisants de M. GBAGBO semblent préparés à la Réconciliation, qui passe par l’inévitable dialogue entre les victimes et les bourreaux d’hier.

Le drame ici, c’est que ce n’est pas le Président Laurent GBAGBO qui a pris cette initiative de recevoir M. SORO ; mais plutôt un certain Charles BLE GOUDE. D’où cette pléiade de critiques négatives et violentes.

6. C’est pourquoi je m’interroge : que ferions-nous, si notre Leader Laurent GBAGBO nous avait abandonné la lutte ? Que ferons-nous si notre candidat naturel qu’il est, pour remporter haut les mains la présidentielle de 2020, venait à être forclos ; et qu’il se refusait à désigner clairement un suppléant ? Puisque jamais nous n’avons osé prendre le risque de penser à un plan B.

Je rappelle que Moi, je défends et je défendrai toujours, le seul schéma que je trouve rationnel et politiquement, et démocratiquement correct : en cas d’impossibilité pour le Président Laurent GBAGBO de candidater en 2020, que Toute la Gauche ivoirienne, FPI/EDS ; PDCI/CDRP ; GPS ou tout indépendant s’opposant au RHDP, se soumette à UNE ELECTION PRIMAIRE.

Ainsi, dès le premier tour, M. OUATTARA et son RHDP seraient « enterrés » !

7. Enfin, ce qui fera la différence fondamentale entre le programme du RHDP et celui de toute l’opposition, c'est la question de la Réconciliation nationale ; puisque c’est à ce niveau que M. Alassane OUATTARA et son régime ont le plus échoué ; ainsi que sur le respect de la Démocratie, de l’État de droit et des Droits de l'Homme.

Dès lors, je dis MERCI à MM. Charles BLE GOUDE et Guillaume SORO, de nous donner ainsi le ton de ce qui nous attend…

Même si, malgré toutes ces actions de façade en faveur de la réconciliation, la Justice, qui a déjà jugé un camp, ne devrait guère se débiner quant à juger à son tour le camp-Soro-Ouattara.

« Je pense, donc je suis. » (René DESCARTES)
Fait à ROME, le 26 Novembre 2019

Dr BOGA SAKO GERVAIS
Écrivain-politique