Présidentielle du 31 octobre 2020: Un collectif citoyen interpelle le SG de l'ONU sur les dangers que courent la Côte d'Ivoire

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Le Collectif citoyen pour la démocratie en Côte d’Ivoire interpelle Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies sur les dangers que court la Côte d’Ivoire à l’occasion de l’élection présidentielle prévue pour le 31 octobre 2020.

Archives. Le samedi 08 février 2020 à Addis-Abeba (Éthiopie), le Président ivoirien Alassane Ouattara s’est entretenu avec le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

Monsieur le Secrétaire général,

Inquiets de la situation préélectorale qui s’est annoncée depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire, nous nous sommes constitués en mouvement citoyen, déclaré dans les archives de l’administration française, pour contribuer à l’apaisement du paysage social et politique afin quel’exercice de la démocratie l’emporte sur l’utilisation de la peur et dela violence pour l’accession au pouvoir d’Etat.

En effet, face aux dérives préélectorales qui sont récurrentes, nous avons entrepris de mener des actions pour dire « Non et non, ça suffit » à tout ce qui n’entre pas dans une démarche démocratique.

Ainsi, connaissant votre engagement sans faille pour la paix dans le monde et celle de l’institution que vous dirigez, notre collectif vient très respectueusement solliciter votre attention, au travers de cette correspondance, dans cette période périlleuse que traverse la Côte d’Ivoire, un pays qui compte beaucoup dans la sous-région ouest-africaine. De notre constat – d’ailleurs partagé par une grande partie de l’opinion publique dont des parlementaires de l’Union européenne – l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, une fois de plus, n’augure pas de lendemains paisibles.

Monsieur le Secrétaire général, nous pouvons convenir que si l’alternance démocratique s’opère sans heurts dans des pays démocratiques, c’est bien que les lois et surtout, celle fondamentale (la Constitution) sont appliquées et respectées.

Le problème en Côte d’Ivoire est que le chef de l’Etat sortant est en train de briguer un troisième mandat que tout le monde sait anticonstitutionnel. Par ailleurs, les appelsrépétés de l’oppositionpar rapport au troisième mandat et relativement aux organes électoraux et au Conseil constitutionnelet des anomalies également observées dans des arrêtsde la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, notammentle sort de candidatures rejetées arbitrairement, met le pays dans des tensions qui se traduisent depuis des semaines mais surtout ces derniers jours par des affrontements sanglants.

En fait, face à des manifestations pacifiques pour dénoncer l’attitude de Monsieur Alassane Ouattara et des organes électoraux qui lui sont inféodés, le pouvoir a érigé des hommes violents, escortés par des soldats de l’armée. Ces hommes armés de gourdins, de machettes et parfois d’armes à feu, tuent et blessent gravement les plus chanceux de ceux qui se retrouvent dans leurs périmètresde sévices.

Or, le 05 mars 2020, Monsieur Alassane Ouattara avait rassuré les Ivoiriens et la Communauté internationale qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.En voulant au contraire opérer un passage en force, Monsieur Alassane Ouattara veut embraser inutilement la Côte d’Ivoire.

La réalité aujourd’hui est donc que les milices organisées par le pouvoir ont déjà fait plus de 30 morts et plusieurs blessés dont certains très graves. Au regard du développement de la situation, le pays va tout droit vers des affrontements communautaires dont la Côte d’Ivoire, pays d’hospitalité, dans lequel des populations vivent depuis des décennies en bonne intelligence, n’a pas besoin.

C’est pourquoi, nous sollicitons de votre haute bienveillance, une implication sans ambiguïté, pour que l’élection présidentielle soit reportée afin que les Ivoiriens se parlent.

Une élection transparente, crédible et inclusive, organisée une fois la confiance mutuelle rétablie, est celle qui permettra à la Côte d’Ivoire de gagner une paix viable et de se relever définitivement.

Il nous semble que tous ceux qui voudraient aider la Côte d’Ivoire devraient œuvrer dans ce sens.

Dans l’espoir que notre préoccupation sera examinée avec la plus grande attention, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’expression de notre haute considération, veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’assurance de notre très haute considération.

Pour le Collectif « Non et non ça suffit »
Le Président
Louis Tchiekpé