Premier tour de la présidentielle 2012: François Hollande (28,63%) grand vainqueur devant Sarkozy (27,18%)

Le 23 avril 2012 par IVOIREBUSINESS - La fille à Papa, Marine Le Pen, savourait hier goulûment sa percée au premier tour de la présidentielle française. Parmi ses partisans accourus par centaines à son QG de campagne à Nanterre, Marine Le Pen esquissait

François Hollande depuis son QG de campagne à Tulle, hier soir après l'annonce des résultats du premier tour.

Le 23 avril 2012 par IVOIREBUSINESS - La fille à Papa, Marine Le Pen, savourait hier goulûment sa percée au premier tour de la présidentielle française. Parmi ses partisans accourus par centaines à son QG de campagne à Nanterre, Marine Le Pen esquissait

des pas de danse. Avec 19,9 % de voix, elle a créé la surprise, faisant dire à tous que le troisième homme, c’était elle. Avec ce score, Marine Le Pen dépasse celui de son père en 2002 (16,8 %), ce qui lui permet d'être la véritable faiseuse de Roi et d'aborder les législatives futures en position de force. Un sondage montre que seuls 37% des électeurs de Marine Le Pen voteront pour Nicolas Sarkozy au le deuxième tour, pendant que 18% iront chez Hollande et 45% s'abstiendront. Ce qui pourrait ne pas être suffisant.

François Hollande quant à lui confirme tous les sondages qui le donnaient vainqueur au premier tour face à son rival Nicolas Sarkozy. Avec 28,63% de suffrages, c’est pour lui une première victoire. A Tulle où il était hier, comme à la rue de Solferino au siège du parti socialiste, c’était la liesse populaire. Les militants n’ont pas voulu s’en laisser conter. Les éléphants du parti tels que Lionel Jospin ou Elisabeth Guigou, étaient là.
Pour François Hollande, c’est un score record pour un candidat socialiste au premier tour. Un temps annoncé pour la rue de Solferino ou pour son Qg de campagne, il ne viendra finalement pas, au grand dam de ses partisans. Après sa déclaration télévisée depuis Tulle, où il a annoncé que rien ne pouvait arrêter le changement, il s’est envolé pour Paris, mais pour une destination plus intime.
La grosse surprise de cette élection est le taux de participation qui s’est situé, contre toute attente à 80%, déjouant ainsi tous les pronostics, et la stratégie de drague de certains candidats envers les abstentionnistes.
Ce taux de 80% est l’un des plus élevés de l’histoire de l’élection présidentielle française, proche des premiers tours de 1995 (21,6 % d'abstention), 1988 (18,6 % d'abstention ou 1981 (18,9 % d'abstention).
Pour Nicolas Sarkozy, le Président-candidat arrivé second avec 27,18%, la déception est très grande, car c’est la première fois qu’un Président en exercice est devancé au premier tour par son principal challenger. Il n’est pas parvenu à réediter l’exploit de 2007où il était arrivé en tête créant ainsi une vraie dynamique en sa faveur.
Et le report des voix de droite au second tour en sa faveur parait très incertain. Déjà hier, Jean-Marie Le Pen, le fondateur du front national, appelait Nicolas Sarkozy à se retirer de la vie politique.
Du côté de Jean-Luc Mélenchon, crédité de 11,11 % des voix, c’est un peu la déception pour celui qui comptait battre Marine Le Pen et se mettre en position de faiseur de roi. Il réalise un score inférieur aux intentions de vote dont il était crédité avant le premier tour (12 % à 15 %). Mais dès hier soir, il a appelé tous ses partisans à voter pour François Hollande comme s’ils votaient pour lui, car l’enjeu c’est de battre SARKOZY.
Pour François Bayrou arrivé quatrième avec 9,13%, c’est la chute en roues libres, comparativement à son succès de 2007 où il était arrivé en 3e position avec 18,7%. Le candidat centriste n'a pu faire entendre l'alternative "responsable" qu'il cherchait à imposer.
Il n’a pour l’instant donné aucune consigne de vote, se bornant à annoncer qu’il rencontrerait les deux candidats arrivés en tête pour les écouter et leur faire entendre ses exigences. Et après, il prendra ses responsabilités.

Quant à Eva Joly, arrivé 5e avec 2,31% des voix, elle a appelé à voter pour François Hollande au second tour.
Ce second tour s’annonce donc des plus mouvementés car Nicolas Sarkozy a déjà annoncé les couleurs, en proposant la tenue de trois débats présidentiels dans l’entre deux-tours.
Proposition rejetée par le camp de François Hollande.

En effet pour François Hollande, Nicolas Sarkozy voudrait parce qu’il a perdu, changer les règles du jeu. Pour lui, le président-candidat est un mauvais élève : « Quand on est mauvais élève et qu’on a une mauvaise note, on ne change pas de professeur », dira le candidat socialiste.
Les sarkozystes l’ont immédiatement accusé d'avoir peur, alors que pour les socialistes, la tradition républicaine doit être respectée, laquelle, après les résultats du premier tour de la présidentielle, fait affronter le premier et le second dans un seul débat, en tête à tête.

EXCLUSIF/DERNIERE HEURE - Un sondage CSA pour «20 Minutes», BFMTV et RMC publié ce dimanche place le candidat socialiste en tête au second tour, devant Nicolas Sarkozy...

François Hollande, en tête du scrutin au premier tour, garderait l’avantage au second tour selon un sondage CSA pour 20 Minutes, BFMTV et RMC publié ce dimanche soir.

Le candidat socialiste recueillerait ainsi 56% des intentions de vote, contre 44% pour Nicolas Sarkozy. Réalisé à partir de 20h sur un échantillon représentatif de 1.009 personnes âgées de 18 ans et plus, cette étude se base sur les reports de voix des candidats éliminés au premier tour. Et ils seraient nettement profitables au député de la Corrèze.

Ainsi, François hollande pourrait compter sur un report massif des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d'Eva Joly. Ceux du Front de gauche voteraient à 91% pour le candidat socialiste, quand ceux d'Europe-Ecologie Les Verts se reporteraient à 84% sur François hollande.

François Bayrou pèsera moins qu'en 2007

«L'ancrage politique à gauche de ces formations profite en toute logique à François Hollande», explique Yves-Marie Cann, directeur du département opinion à l'institut CSA. «Ce qui est intéressant d'observer, c'est le report des voix de Bayrou et Le Pen», poursuit l'analyste.

Sur cent personnes ayant voté pour François Bayrou au premier tour, quarante porteraient leur choix sur François Hollande au deuxième tour, vingt-cinq sur Nicolas Sarkozy et trente-cinq opteraient pour l'abstention ou le vote nul. «Le socle d'électeurs de François Bayrou pèsera moins qu'en 2007, et il se répartira différemment que lors de la précédente élection présidentielle.»

«Reports moins bons qu’à gauche»

En 2007, le report des voix de François Bayrou s'était réparti à 50% pour Ségolène Royal et à 50 % pour Nicolas Sarkozy. «L'élément important, c'est que Nicolas Sarkozy est le candidat sortant. Et qu’il a suscité beaucoup de mécontentement. Et puis, les thématiques utilisées lors de sa campagne sont très éloignées de celles du candidat du MoDem.»

A l'inverse, les thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy, proches de ceux de Marine Le Pen, lui permettent d'espérer un bon report de voix des électeurs frontistes. Il pourrait ainsi compter sur 52% de ces voix, contre 27% pour François Hollande. «Des reports nettement moins bons qu’à gauche», souligne Yves-Marie Cann.

Les jeux sont-ils pour autant déjà faits ? Loin s’en faut. C’est le message lancé hier par François Hollande et Nicolas Sarkozy à tous leurs partisans.
Dès aujourd'hui, ils reprennent tous les deux le chemin de la campagne, Sarkozy ayant déjà prévu de faire meeting à Saint-Cyr.

Christian Vabé,
Envoyé spécial