Politique: Quand la folie médiatique et électoraliste dirige la politique internationale de la France

Le 12 mars 2011 par IvoireBusiness - Comme le lâche qui donne un coup de pied à l'ancien ami à terre pour s'en démarquer, lui-même protégé par des gros bras, puis s'en va en courant et en bombant le torse,

Le Président Sarkozy discutant avec Michèle Alliot-Marie, ex-ministre des Affaires étrangères.

Le 12 mars 2011 par IvoireBusiness - Comme le lâche qui donne un coup de pied à l'ancien ami à terre pour s'en démarquer, lui-même protégé par des gros bras, puis s'en va en courant et en bombant le torse,

Nicolas Sarkozy à la stupéfaction d'Alain Juppé, même pas au courant, et à la colère des européens, décide tout seul, dans son coin, de reconnaître un comité bancal de l'opposition libyenne et veut des frappes aériennes ciblées en Libye. Ni l'Otan, ni les alliés européens, ni les gouvernements de l'Europe, ni même le ministre des Affaires étrangères, le condamné Juppé qui n'avait accepté ce poste que si Guéant dégageait, n'ont été mis au courant de la dernière lubie médiatique et électoraliste du Président de la République. En fait il y avait un philosophe de l'élite, le BHL de service, celui qui va en Géorgie et nous sort un récit d'illusionniste supposant des choses et les décrivant comme vraies.

Voilà donc un Nicolas Sarkozy, dont les multiples photos le voyant serrer tout sourire la main de Kadhafi, décide très tardivement, et comme tous les apostats les plus radicaux, il est le plus violent de sa nouvelle religion, que Kadhafi est à abattre. Certes il faut se débarrasser de ce nuisible. Mais avant de s'en débarrasser il aurait fallu ne pas faire ami-ami avec lui. Cela était la moindre des choses, la plus simple morale, l'éthique de base.

Pour effacer des mémoires ses pitoyables pitreries devant le Guide de la révolution, son invitation honteuse le jour des droits de l'homme et encore les 13 et 14 juillet, Nicolas Sarkozy, à sa détestable habitude, veut se présenter comme une sorte de Terminator qui sera le premier et le plus bodybuildé des chefs d'états, Saint George terrassant le dragon libyen qui crache des tonnes de plomb sur les insurgés. Croyant le cinglé du désert à terre, il vient en catimini lui donner un coup de pied à la tête et crie aussi fort qu'il le peut. Alors qu'il a été totalement absent dans les révolutions tunisiennes et égyptiennes, alors que dans l'affaire libyenne il était aux abonnés absents, faisant ses petits tours de campagne électorale en France, d'un coup il veut être le premier, le premier qui reconnaît un comité dont aujourd'hui personne ne sait quelle est sa réelle représentativité, dont aujourd'hui on sait au contraire que certains de ses membres sont des ex-caciques du pouvoir libyen qui veulent sauver leur peau.

Alors qu'il faudrait mettre tout son poids, alors qu'il aurait fallu depuis des jours et des jours mettre tout son poids pour que soit l'Europe, soit l'Otan, soit l'ONU agisse avec nettement plus de célérité et qu'au lieu de se contenter de tenter de geler les avoirs du clan Kadhafi on agisse pour faire stopper le massacre, Nicolas Sarkozy décide seul dans son coin d'une action militaire qui ne pourra se faire qu'avec l'accord international, car la France n'ira jamais seule car elle ne possède pas les avions nécessaires de surveillance, ces avions radar que les américains possèdent, et la Libye est bien pourvue en missiles sol-air, car la France ne pourra pas ainsi déclencher une guerre à la Libye seule, car il faut, et c'est peut-être triste quand les morts s'accumulent, mais c'est nécessaire, respecter les règles et lois internationales et une intervention militaire doit avoir l'aval de l'ONU.
Par cette sortie inimaginable qui remet Juppé à sa place de porte serviette lui qui se croyait un Premier ministre-bis, la doublure d'un PM fantoche, une doublure qui ne peut qu'être fantoche, Nicolas Sarkozy fâche tout le monde, désorganise la fragile avancée dans ce conflit, crée des tensions, divise et va aboutir au résultat qui est habituellement le sien : mettre un peu plus de chaos.

Nicolas Sarkozy est non seulement, par son comportement médiatico-électoraliste, sans aucun recul, sans aucun sens des responsabilités, lui qui nous en sort des tartines à longueur de discours, dangereux pour la France, il le devient pour le monde. Cette sortie guerrière, uniquement pour tenter de gommer son attitude de 2007 et parce que maintenant Kadhafi est considéré comme absolument infréquentable, est tout simplement inimaginable et indigne d'un responsable politique. Bien sûr que l'idée d'une frappe aérienne est dans l'air, bien sûr qu'il faut agir, mais il faut le faire dans les règles et avec l'accord de la communauté internationale. En attendant il y a d'autres mesures indirectes qui sont l'aide aux insurgés, les aides médicale et alimentaire, la fourniture d'armes et de logistique.

L'excès étant la ligne de conduite de Nicolas Sarkozy, un excès exécrable pour jouer aux gros bras, et pour être le premier sur la photo il va reconnaître un groupe de Libyens, dont aujourd'hui rien ne les désigne officiellement comme un gouvernement réel de la Libye, groupe dont on sait que des membres ont été des complices actifs de Kadhafi et des bénéficiaires de ce régime. La France irait jusqu'à envoyer un ambassadeur à Benghazi ! Alors si on peut reconnaître comme légitime la révolte des insurgés, si l'on peut les reconnaître comme interlocuteurs valables, on ne peut en aucun cas les reconnaître comme représentants légaux de la Libye. C'est évidemment une erreur diplomatique car qu'en sera-t-il si ces hommes, dans le cas heureux où Kadhafi, puissamment armé et encore assez riche pour s'offrir des mercenaires, avec ses missiles et ses avions de combat contre des pétoires, perdait cette guerre civile, transformaient une fois arrivés au pouvoir la Libye en une autre dictature au regard de leur passé kadhafiste, ou étaient jugés ensuite par un autre pouvoir élu grâce aux urnes dans un pays libéré?

Les députés européens ont voté à une écrasante majorité la volonté d'établir des liens avec ce conseil mais avec cette différence de taille (Le NouvelObs) : "d'établir des relations avec le Conseil national intérimaire de transition" (CNT) libyen, et d'"entamer le processus" menant à une reconnaissance officielle de cette instance. Car en effet il faut un processus et non une décision médiatique unilatérale et isolée dans le seul but d'être au centre des discussions juste la veille d'une réunion des 27 traitants du sujet.

Cette affaire nous démontre, si besoin était, que la diplomatie ne se traite qu'à l'Elysée, que Juppé est devenu le bouffon du roi, qu'il n'y a aucune réflexion, mais que des réactions épidermiques alimentées par un caractère tourné vers le seul coup d'éclat et le bénéfice supposé médiatico-électoral.

Décidément non seulement Nicolas Sarkozy n'est pas à la hauteur de son poste, mais en plus il est extraordinairement néfaste tant pour son pays que pour les autres.
Almamy WANE