Nouvelle armée : Pourquoi Alassane Ouattara ne s`est pas débarrassé des chefs de guerre

Publié le vendredi 5 août 2011 | Soir Info - Le chef de l'Etat Alassane Ouattara a procédé, le

Les Com'zones des FRCI Vetcho et Zacharia.

Publié le vendredi 5 août 2011 | Soir Info - Le chef de l'Etat Alassane Ouattara a procédé, le

mercredi 3 août 2011, à plusieurs nominations dans l'armée. Le constat est que les chefs de guerre de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (Fn) ont été affectés à des postes dans la nouvelle armée qui se met en place. Ces chefs de guerre ont été anciens commandants de zone (Com-zone) dans les parties occupées par les Fn, et ils étaient récemment Commandants de groupements tactiques au sein des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) créées par ordonnance le jeudi 17 mars 2011. Alors que nombreux sont ceux qui s'attendaient à voir le président de la République, conformément à l'article 7 de l'avenant 4 de l'accord politique de Ouagadougou (Apo), mettre ''au garage'' les commandants Issiaka Ouattara dit Wattao, Chérif Ousmane, Koné Gaoussou dit Jah Gao, Kouakou Fofié …, il leur a plutôt confié de nouvelles missions au sein des Frci. La décision du numéro un ivoirien tient essentiellement compte de la réalité sécuritaire sur le terrain. Alassane Ouattara qui s'est appuyé sur les commandants susmentionnés pour mener ''la révolution orange'' qui a abouti à la chute du président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, a certainement réalisé qu'il était dangereux pour lui, de se débarrasser de ceux-ci dans l'immédiat. Les commandants de groupements tactiques qu'étaient les anciens chefs de guerre jusqu'au mercredi dernier, constituent pour le chef de l'Etat, la base rassurante de son pouvoir encore fragile. Le successeur de Laurent Gbagbo semble convaincu de ce que, pour l'instant, seuls les ex-com-zone peuvent canaliser leurs éléments qui ont pris part aux combats pour la conquête du pouvoir. Entre donc, s'arc-bouter sur les recommandations d'un accord, qui risquent de lui créer de nouveaux problèmes en interne, et tenir compte de la nouvelle donne au plan sécuritaire en Côte d'Ivoire, le président Ouattara a dû faire un choix pour consolider son pouvoir. Apparemment, pour un début de règne menacé par des rumeurs intempestives de tentative de coup d'Etat, Alassane Ouattara n'entend pas se faire hara kiri en dégommant ceux qui l'ont aidé à avoir l'effectivité du pouvoir. Mieux, le président ivoirien qui n'a pas encore une mainmise totale sur l'ancienne armée qui a mis du temps à se fondre dans les Frci, semble évoluer avec prudence. Par ailleurs, la décision du chef de l'Etat de maintenir les ex-com-zone dans la nouvelle armée, pourrait être liée à la transmission tumultueuse du pouvoir. Le fait que l'ex-chef de l'Etat ne soit pas parti dans des conditions souhaitées, peut avoir influencé le comportement de l'actuel président de la République par rapport à l'application de l'article 7 du quatrième accord complémentaire à l'Apo. Dans le camp présidentiel, on estime que si Laurent Gbagbo avait accepté le verdict des urnes, et avait quitté le pouvoir sans difficulté, Alassane Ouattara aurait respecté à la lettre et dans l'esprit, les recommandations prévues dans Ouaga IV. Les partisans de Ouattara estiment que l'accord de Ouagadougou avait pour but de favoriser la réunification de l'armée (Forces armées des forces nouvelles, Forces de défense et de sécurité) à travers des élections transparentes et apaisées. Mais, défendent-ils, l'issue catastrophique voire tragique du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, modifie en elle-même, quelques pans sensibles des accords signés le 4 mars 2007, et améliorés quatre fois.