Miaka Ouretto : «On ne demandera pas au Fpi de faire la paix des esclaves»

Publié le lundi 14 mai 2012 | Notre Voie - A l’ouverture de la table ronde, le président du Fpi, Sylvain Miaka Ouretto, a réengagé les militants de son parti et clarifié la ligne de

Miaka Ouretto.

Publié le lundi 14 mai 2012 | Notre Voie - A l’ouverture de la table ronde, le président du Fpi, Sylvain Miaka Ouretto, a réengagé les militants de son parti et clarifié la ligne de

conduite dans les épreuves que traverse le Fpi. Nous vous proposons l’intégralité de cette intervention.
«Je crois que ce monde de qualité est à la dimension de l’événement que nous célébrons (samedi dernier, ndlr). Parce qu’il ne s’agit pas de sortir de cette manifestation et aller rester chez soi les bras croisés. Il s’agit d’amplifier et de prolonger tout ce qui va être fait ici et tout ce qui va être dit. C’est pour cette raison que je salue les camarades de la direction du Front populaire ivoirien. Oui, regardez la beauté du programme, la cohérence du programme ! Nous nous étions retrouvés, il y a deux semaines, pour interpeller les militants du Fpi avec le thème de la convention : Quel Fpi pour la reconquête des droits et libertés démocratiques ? Le faisant c’est le militant du Fpi qu’on interpelle. C’est la direction qu’on interpelle pour dire que si le Fpi doit être capable de reconquérir les libertés démocratiques, il faut qu’il soit animé par des hommes et des femmes qui, eux-mêmes, sachent ce que c’est qu’une liberté démocratique. C’est tout un programme de formation qui s’inscrit dans la continuité de la Convention. Après avoir engagé le débat au cours de la Convention, il s’agit d’aller aujourd’hui un peu plus en profondeur avec ces libertés que nous sommes en train de célébrer. Une célébration que le professeur N’Dori qualifie de deuil de la liberté. Oui, effectivement ! Quand on regarde et on constate ce qui se passe autour de nous, pour des libertés que nous avons pu arracher de haute lutte dans les années de braise de 1990 et qu’on en soit dans cette situation, on se dit qu’il y a véritablement un problème. C’est pour cela que les gens doivent comprendre que le Fpi a un devoir dans ce pays. Beaucoup ne comprennent pas quand on parle de liberté et démocratie. La démocratie qu’es-ce que c’est ? Lorsqu’on parle de liberté en démocratie ça veut dire quoi ? Je crois que se poser des questions, ce n’est faire insulte à personne. Ce sont des questions qu’il faut se poser de façon courageuse et objective. Parce que si nous avions le même niveau de compréhension de ces choses, au Fpi, on ne demanderait pas de faire la paix des esclaves. Non, au Fpi on ne demanderait pas de se contenter de discours dithyrambiques pour accompagner le pouvoir et chanter les louanges du pouvoir en omettant de dénoncer les dysfonctionnements de ce pouvoir. Si nous étions au même niveau de formation et compréhension de ces choses-là, on ne lirait pas dans nos organes de presse, ce qu’on vient de lire ce matin (samedi dernier, ndlr) concernant les camps de concentration. On ne saurait pas ce qui se passe dans l’Ouest profond du pays devant l’indifférence de ceux, hélas, qui viennent de ces sociétés où on sait ce que c’est la liberté, où on connaît ce que c’est la démocratie.
C’est pour cela, je salue l’effort qui est fait par la direction du parti, parce qu’au-delà de faire le deuil de nos libertés, le Fpi a un devoir pédagogique. Il appartient au Fpi de vulgariser ces notions-là.
Regardez ! Nous avons été tous témoins le 6 mai dernier. Il s’est passé beaucoup de choses. Ceux qui ont suivi les campagnes présidentielles en France avec les organes de sondage qui donnaient chaque fois les résultats, mais on a été effrayé devant l’entêtement du Président Sarkozy. Qui élevait toujours le ton pour dire qu’il va gagner. Alors que sur 200 sondages, il est battu 200 fois. Pas une seule fois, il a été devant. Mais quand il parle, on pense qu’il a un dernier secret. J’avoue franchement qu’à un moment donné, j’ai commencé à douter. Je dis ce monsieur là, c’est un diable. Parce qu’il faut être un diable pour raisonner de la sorte. Donc quand je le voyais parler de la sorte, je rentre chez moi et dis oh Dieu, tu ne trahis pas ton peuple. Oui, parce que Dieu est un Dieu loyal, c’est un Dieu fidèle. Et quand il commence, il termine toujours. Il ne va pas nous trahir. Ce type-là, il doit tomber malgré ce qu’il fait pour s’effrayer lui-même, il doit tomber.

Effectivement, il est tombé.
Camarades, je voudrais dire que le combat pour les libertés est un combat continu. C’est une course de fond si nous voulons que notre Côte d’Ivoire change. Une course de fond si nous voulons que notre Afrique change. Aujourd’hui, le combat a dépassé la limite de nos frontières. C’est tout le continent qui doit se sentir visé et le Fpi doit être dans le peloton de tête des forces qui luttent pour le changement. Merci et félicitations à la direction du parti, merci et félicitations à nos militants.»

Propos recueillis
par Benjamin Koré