Liesse au Sud-Soudan pour le référendum "historique" sur l'indépendance

JUBA (Soudan) (AFP) le 10 janvier 2011 - Les Sud-Soudanais ont voté dimanche sur leur indépendance en masse et dans la liesse, à l'occasion d'un référendum attendu depuis plus

Salva Kir, Président du Sud-Soudan. De Afp.

JUBA (Soudan) (AFP) le 10 janvier 2011 - Les Sud-Soudanais ont voté dimanche sur leur indépendance en masse et dans la liesse, à l'occasion d'un référendum attendu depuis plus

de 50 ans, mais des violences ont terni le premier jour de ce scrutin "historique" sur la partition du plus vaste pays d'Afrique.
A Juba, la capitale du Sud-Soudan, l'affluence était telle que les organisateurs se sont plaints de la longueur des queues devant les bureaux de vote, dont la plupart ont fermé à 17H00 (14H00 GMT). Plusieurs ont toutefois prolongé leur ouverture de deux heures pour accueillir la foule d'électeurs, selon des journalistes de l'AFP.
"C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient", a déclaré le leader sudiste Salva Kiir après avoir voté à Juba sous les yeux du sénateur américain John Kerry et de l'acteur George Clooney.
M. Kiir a tenu à saluer la mémoire de John Garang, chef de la rébellion sudiste mort en 2005 peu après avoir signé la paix avec Khartoum.
Environ quatre millions de Sudistes, au Sud-Soudan mais aussi dans le Nord et à l'étranger, sont appelés à voter jusqu'au 15 janvier pour le maintien de l'unité ou la sécession. Les résultats définitifs sont attendus d'ici à la mi-février.
Le taux de participation est déterminant pour l'issue du scrutin : il faut qu'au moins 60% des électeurs inscrits votent afin que le résultat soit valide.
Des violences ont jeté une ombre sur un processus qui s'est par ailleurs déroulé dans le calme. A Abyei, une poudrière située à la frontière du Nord et du Sud, des affrontements meurtriers entre tribus rivales ont fait huit morts. Dans l'Etat pétrolier sensible d'Unité, des combats ont opposé rebelles et soldats sudistes.
Mais, la joie dominait dans les rues de Juba, où les électeurs saluaient un scrutin "historique" par des chants et des danses. Des milliers d'entre eux n'ont pas fermé l'oeil de la nuit pour être les premiers à voter à l'ouverture des bureaux de vote à 08H00 (05H00 GMT).
"Nous avons combattu pendant trop d'années, mais aujourd'hui ce vote pour la séparation est aussi un vote pour la paix", se réjouit Wilson Santino.
Dans le Nord, les Sud-Soudanais votaient discrètement et en petit nombre, souvent sous le regard triste et désapprobateur des Nordistes.
La partition semble inévitable à l'issue de ce référendum prévu par l'accord de paix conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, qui a mis fin à une guerre civile de plus de 20 ans à l'origine de deux millions de morts.
La naissance d'un nouvel Etat sud-soudanais pourrait intervenir dès juillet, date de la fin de la période intérimaire de six ans fixée par l'accord.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont qualifié dans un communiqué commun le début du référendum de "pas historique", louant l'"énorme travail" de la commission et la coopération entre les dirigeants nordiste et sudiste.
Les ministres des Affaires étrangères des trois pays, Hillary Clinton, William Hague et Jonas Store, ont même souligné l'"engagement" du président soudanais Omar el-Béchir, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre au Darfour.
Le président américain Barack Obama a promis de son côté l'"entier soutien" des Etats-Unis au Soudan, tout en appelant les parties à ne pas céder à la tentation des provocations.
"Les Etats-Unis resteront entièrement engagés à aider les parties à résoudre les questions critiques après le référendum, quel que soit le résultat du vote", a-t-il déclaré.
L'ex-patron de l'ONU Kofi Annan, qui observe le processus pour le compte du Carter Center, a dit espérer que "toutes les parties respecteront les résultats lorsqu'ils seront annoncés".
M. Béchir s'est engagé à reconnaître la sécession du Sud, voire à aider à bâtir un Etat dans le Sud, région de plus de 8,5 millions d'habitants, qui serait amené à devenir l'un des pays les plus pauvres de la planète, malgré la présence de pétrole dans son sous-sol.