Législatives françaises: Large victoire pour le PS, large défaite pour Royal

17 juin 2012 à 20:17 (Mis à jour: 21:24) par LIBÉRATION - Résultats à gauche Le Parti socialiste obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

L'essentiel

Ségolène Royal a été battue à La Rochelle par le dissident socialiste Olivier Falorni. (Photo Benoit Tessier. Reuters)

17 juin 2012 à 20:17 (Mis à jour: 21:24) par LIBÉRATION - Résultats à gauche Le Parti socialiste obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

L'essentiel

• François Hollande et le Parti socialiste ont réussi leur pari en obtenant dimanche, à l’issue du second tour des élections législatives, la majorité absolue à l’Assemblée nationale, où le FN de Marine Le Pen fait son retour depuis 1998.
• Selon les projections de la Sofres à 20h, le PS-DVG obtiendrait 313 sièges dans la nouvelle assemblées, soit la majorité absolue, contre 214 pour l'UMP. Europe Ecologie-Les Verts aura un groupe propre avec 19 députés, tandis que rien n'est acquis pour le Front de gauche, avec seulement dix députés.
• Ségolène Royal a reconnu sa défaite avant même 20 heures.
• Pour l'instant tous les ministres-candidats sont élus. Mais aucune nouvelle pour l'instant de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge des personnes handicapées et candidate à Marseille face à l'UMP Renaud Muselier.
• Le maire de Paris Bertrand Delanoë a adressé un «message d’amitié» à Ségolène Royal et Jack Lang après leur défaite aux législatives, estimant qu’ils pourraient jouer, comme lui, un «rôle important» ailleurs qu'à l’Assemblée nationale.

Ils sont battus

Ségolène Royal, 1ère circonscription de Charente-Maritime.
Une dizaine de minutes avant 20 heures, le maire (PS) de La Rochelle, Maxime Bono, a pris la parole pour annoncer «une victoire de la droite, la première depuis 1993 dans cette ville», manière d'acter la défaite de la candidate officielle du PS, Ségolène Royal, et donc l'élection du dissident socialiste Olivier Falorni. Et Bono de dénoncer «la confusion qu'il (Olivier Falorni) a fait régné dans cette ville», recueillant «75% de voix de droite». S'exprimant aux côtés du maire de La Rochelle, Royal a, elle, dénoncé une «trahison politique» et regretté de ne pas avoir «donné aux électeurs une belle victoire qui était possible pour la gauche dès le premier tour s'il n'y avait pas eu de candidat dissident». Et Royal de conclure sa courte allocution en annonçant qu'elle continuera «à peser sur les choix et la réussite de l'équipe gouvernementale». Elle qui visait la présidence de l'Assemblée n'est du coup plus en course. Interrogé un peu plus tard sur le tweet de Valérie Trierweiler (désapprouvé par 69% des Français), soutenant Olivier Falorni, la candidate battue déclaré: «Je pense que ça n’a pas arrangé les choses, pourrais-je dire pudiquement».

Jack Lang, ancien ministre, 2ème circonscription des Vosges.
L'ancien ministre de la culture de François Mitterrand est battu avec 49,12% des voix. Il est devancé par l'UMP Gérard Cherpion (50,88%). Candidat officieux à la présidence de l'Assemblée, Lang n'est de fait plus en course.

Les ministres élus

Stéphane Le Foll (ministre de l’Agriculture), 4ème circonscription de la Sarthe.
Ce proche de François Hollande l'emporte largement avec 59,45% des voix contre l'UMP Marc Joulaud et fait donc basculer à gauche l’ancien fief de François Fillon, bastion de la droite depuis 1958. Stéphane Le Foll, 52 ans, devient député de la Sarthe à sa troisième tentative - la première où il n’affrontait pas directement l’ancien Premier ministre François Fillon, candidat à Paris. Eliminé dès le premier tour en 2002 et 2007 par l’ex-homme fort de la Sarthe, Le Foll avait inversé la tendance dimanche dernier, arrivant largement en tête du premier tour avec 46,01% des suffrages exprimés, contre 31,67% à Marc Joulaud, suppléant de François Fillon depuis 2002. C'est Sylvie Tolmont, suppléante de Stéphane Le Foll et élue municipale de la commune de Fay, qui siègera au Palais-Bourbon.

Pierre Moscovici (ministre des Finances), 4ème circonscription du Doubs.
Le député sortant conserve son siège dans une triangulaire avec l'UMP et le FN. Pierre Moscovici obtient 49,32% des voix devant Charles Demouge (26,21%) et la candidate frontiste Sophie Montel (24,47%).

Marisol Touraine (ministre des Affaires sociales), 3ème circonscription d’Indre-et-Loire.
La ministre des affaires sociales a remporté le scrutin avec 60,21% des voix contre l'UMP Jacques Barbier (39,79%).

Marilyse Lebranchu (ministre de la Réforme de l’Etat et de la fonction publique), 4ème circonscription du Finistère.
L'ancienne Garde des sceaux a obtenu 61,11%, contre 38.89% pour Agnès Le Brun (UMP).

Jérôme Cahuzac (ministre du Budget), 3ème circonscription du Lot-et-Garonne.

Le ministre du Budget est réélu avec 61,48% des voix, contre 38.52% pour son adversaire Jean-Louis Costes (UMP).

Aurélie Filippetti (ministre de la Culture), 1ère circonscription de Moselle.
La ministre socialiste de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a annoncé sa victoire avec «plus de 59 % des voix». «La Moselle, en plus, a ce soir quatre députés socialistes sur neuf et ça c’est aussi une belle victoire», a-t-elle ajouté. «Je pense que les Mosellans ont voulu adresser un message de confiance au président de la République et au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. François Hollande a su lancer un espoir pour le pays (...) et les Français savent que pour mettre en oeuvre son projet il a besoin d’une majorité à l’Assemblée nationale».
Sylvia Pinel (ministre l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme), 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne.

Les personnalités PS élues

Jean Glavany, député sortant, ancien ministre, 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées.

Le jospinien Jean Glavany est réélu avec 66.91% des voix contre 33.09% pour son adversaire Gérard Trémège (UMP). «Je bats mon record personnel», a déclaré l’ancien ministre. «C’est une nouvelle circonscription et c’est encore plus plus appréciable. C’est une satisfaction énorme». Interrogé sur ses intentions quant au «perchoir», pour lequel son nom a été cité parmi d’autres, il a indiqué qu’il prendrait une décision lundi: «On verra ça demain. Je veux rester avec les élus, les militants, ne penser qu’aux Hautes-Pyrénées ce soir», a dit le député PS, qui s’apprête à entamer son cinquième mandat.
René Dosière, député sortant, 1ère circonscription de l'Aisne.
Le médiatique député, connu pour son ausculation des comptes de l’Elysée et dissident au premier tour, l'emporte avec le soutien du PS au deuxième tour. Dans une triangulaire qui l'opposait au Nouveau centre Aude Bono (38.60%) et à Fawaz Karimet (19.21%), candidat officiel du PS au premier tour, obtient 42.19% des voix.

Le FN entre au Palais-Bourbon

17 juin 2012 à 20:27 (Mis à jour: 21:20)

Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen, à Carpentras dans la 3e circonscription du Vaucluse, le 8 juin 2012. (AFP)
Analyse Marine Le Pen a été battue dans le Pas-de-Calais. Sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen est élue dans le Vaucluse. Tout comme "la grande gueule" Gilbert Collard, dans le Gard.
L'essentiel
Absent depuis 1988 de l'Assemblée nationale, le FN s'apprête à y faire son entrée. Marine Le Pen a déjà fait savoir qu'un seul élu FN serait «une victoire». C'est fait. Mais ce n'est pas celle qu'on attendait.
11ème circonscription du Pas-de-Calais. Marine Le Pen battue.
130 voix d'écart. Pour l'instant Marine Le Pen refuse d'admettre sa défaite. Et demande à ce que les bulletins soient recomptés. Mais il semblerait que son adversaire PS, Philippe Kemel soit en tête. Il s'est réjoui d'avoir fait "une campagne de nécessité et d'explication" face "aux mensonges" de son adversaire.

Marine Le Pen a voulu faire de cet ancien bassin minier son fief. Mais Hénin-Beaumont ne sera pas son tremplin vers le Palais Bourbon.
Dimanche dernier, pour le premier tour des législatives, elle était arrivée en tête, avec plus de 42% des voix, devant Philippe Kemel, le PS (23,5%). Surtout elle avait distancié Jean-Luc Mélenchon, qui s'était auto propulsé à Hénin Beaumont.
3e circonscription du Vaucluse. Marion Maréchal-Le Pen, élue.
Selon les premiers résultats partiels, à 22 ans, la nièce de Marine Le Pen serait la benjamine de l'Assemblée. Elle a atterri dans la circonscription la plus confortable: c’est ici que Marine Le Pen a fait son meilleur score: 31,5%, au premier tour de la présidentielle. Marion Maréchal-Le Pen a bénéficié d'une triangulaire. Avec 21,98% des voix, la socialiste Catherine Arkilovitch, arrivée troisième derrière l'UMP Jean-Michel Ferrand s'est maintenue, malgré les consignes de Solférino.

2e circonscription du Gard. Gilbert Collard élu.

Il voulait que «le Gard envoie une grande gueule» à l’Assemblée. Il est exaucé. L’avocat marseillais hyper-médiatique a trouvé une nouvelle tribune. Il promet d'y assurer une "mission de casse-couille démocratique". et de "faire entendre la voix d’un peuple qui en a assez". Il est élu avec 650 voix d’avance. Gilbert Collard a fait 42,82%, juste devant la socialiste Kathy Guyot, 41,56%. L’UMP Etienne Mourrut qui avait hésité à se maintenir, rassemble, lui, 15,63%. Ici, pour la présidentielle, Marine Le Pen était arrivée en tête avec 28,87 % des voix.
6e circonscription de la Moselle. Florian Philippot, battu.
Il avait fait un bon premier tour. Florian Philippot énarque, directeur stratégique de la campagne de Marine Le Pen et porte-parole de la campagne Rassemblement Bleu Marine, était arrivé après le PS Laurent Kalinowski (37,45%), mais devant l’UMP Pierre Lang (25,02%), éliminé. Il n'a rassemblé ce dimanche que 46,3%, derrière le PS à 53,7%. Il s'est dit «déçu», pour lui «et pour Marine». Et a plaidé, une nouvelle fois pour la proportionnelle.

16e des Bouches du Rhône. Valérie Laupies battue.

Pas de «front républicain». Roland Chassain, le candidat UMP, l’avait dit. Arrivé troisième (avec 22,62%), derrière la FN Valérie Laupies,(29%) il ne s'était pas maintenu au deuxième tour. Il aurait donc pu offrir à Valérie Laupies, directrice d'école et candidate du parti de Marine Le Pen, (29%) un siège de député sur un plateau doré. Mais son opération "tout sauf Vauzelle", le député sortant PS, arrivé en tête au premier tour, avec 38,40% n'a pas fonctionné.
1re des Pyrénées-Orientales. Louis Aliot battu.
Face à un candidat de la droite populaire, Louis Aliot, vice président du FN, implanté à Perpignan depuis 2002, et partisan d’une dédiabolisation du FN, a poursuivi sa stratégie de notabilisation. Mais cela n'a pas suffit. Il est le dernier de la triangulaire qui voit la victoire de Jacques Cresta (PS) avec 42,95%, devant Daniel Mach (UMP) en second, 33,82%, puis Louis Aliot 23,24%.
4ème circonscription du Vaucluse. Jacques Bompard ex FN, élu.
Le maire d’Orange depuis 1995 le disait deux jours avant le scrutin: «Je ne vois pas comment je pourrais ne pas être élu» Effectivement. Jacques Bompard arrive largement en tête avec 58,77% d’après notre correspondant à Marseille. Jacques Bombard avait été l'un des 35 députés FN élu en 1986 à la proportionnelle. Il préside aujourd'hui la Ligue du Sud et a été élu sous l'étiquette de l'Union des droites et du centre.

Par JONATHAN BOUCHET-PETERSEN