Kenya : le ministre de la Sécurité intérieure George Saitoti meurt dans un accident d'hélicoptère

Le 11 juin 2012 par RFI - La police et la Croix-Rouge kenyanes évacuent le corps calciné du ministre de la Sécurité intérieure George Saitoti après le crash de son hélicoptère, dans la forêt de Kibiku, le 10 juin 2012.

Corps du ministre de la Sécurité intérieure George Saitoti mort dans un accident d'hélicoptère. De Rfi.

Le 11 juin 2012 par RFI - La police et la Croix-Rouge kenyanes évacuent le corps calciné du ministre de la Sécurité intérieure George Saitoti après le crash de son hélicoptère, dans la forêt de Kibiku, le 10 juin 2012.

Le puissant ministre kenyan de la Sécurité intérieure et ministre d'Etat George Saitoti est décédé ce dimanche matin 10 juin près de Nairobi dans la chute de son hélicoptère. Il a péri brulé vif avec les cinq autres personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil. Les causes restent encore indéterminées. Le Kenya est sous le choc, George Saitoti est une figure politique majeure du pays.
L'hélicoptère de la police s'est abîmé à 8h30 (heure locale), dans la forêt de Kibiku, proche de Nairobi. Parmi les victimes, il y a donc George Kinuthia Saitoti, ministre de la Sécurité intérieure et son ministre délégué Orwa Ojode. Ces informations ont été confirmées par le vice-président kenyan Stephen Kalonzo Musyoka, qui venait d'arriver sur les lieux du drame.
Les deux pilotes et les deux gardes du corps des responsables gouvernementaux ont également péri dans ce crash. Selon des officiers de police sur place, les corps des occupants de l'appareil ont été brûlés au point d'empêcher toute identification immédiate.
Un journaliste de l'AFP présent sur les lieux a vu les corps calcinés de six personnes retirés de la carcasse de l'hélicoptère. Le vice-président n'a fait aucun commentaire sur les causes du crash.

Même si pour l'heure rien ne permet d'accréditer la thèse de l'attentat, cette piste n'est pas exclue. Depuis le mois d'octobre l'armée kenyane mène des opérations dans les bastions islamistes shebabs du sud et du centre de la Somalie. Les shebabs qui depuis multiplient les menaces à l'encontre des autorités kenyanes. En tant que ministre de la Sécurité intérieure, George Saitoti était en première ligne dans ce combat contre les shebabs.
GEORGE SAITOTI, CANDIDAT DÉCLARÉ À LA PRÉSIDENTIELLE DE 2013
C'est effectivement l'un des poids lourds de la scène politique kenyane qui disparaît. George Saitoti, candidat déclaré à la présidentielle de 2013, est entré en politique en 1983 comme député sous le régime de parti unique du président Daniel Arap Moï qui le nomme cette même année ministre des Finances. Il devient très vite un pilier du régime et occupe, dès 1989, le poste de vice-président. Fonction qu'il occupera pendant près de 13 ans. Un record de longévité à ce poste.
Mais en 2002, il rompt avec le président Arap Moï à propos d'un différend sur le choix de son successeur. Il rejoint alors la coalition de l'opposition Arc-en-ciel (Narc) conduite par Mwai Kibaki qui remporte l'élection présidentielle de décembre 2002.
George Saitoti devient ministre de l'Education. En janvier 2008, après la réélection controversée de Mwai Kibaki, marquée par de graves violences postélectorales, George Saitoti décroche le portefeuille de la Sécurité intérieure et de l'Administration provinciale. Un ministère qui chapeaute les principales agences gouvernementales de sécurité et confère ainsi à George Saitoti un rôle essentiel dans la lutte contre les islamistes shebabs.
George Saitoti avait 66 ans. Diplômé de mathématiques, il avait été formé successivement au Kenya, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Considéré comme un homme discret, il gardait sa vie privée secrète. On sait simplement qu'il était marié.

Kenya : deuil de trois jours après la mort du ministre de la Sécurité intérieure George Saitoti

Par RFI
Un deuil national de trois jours a été décrété au Kenya, après la mort de George Saitoti. L'hélicoptère dans lequel le ministre kenyan de la Sécurité intérieure voyageait, avec cinq personnes dont son ministre délégué, s'est écrasé dans la forêt de Kibikou près de Nairobi, le 11 juin. George Saitoti, vétéran de la scène politique kenyane, avait 66 ans. Il était en charge du dossier hyper-sensible de la lutte contre la menace terroriste islamiste, et s'apprêtait à briguer la prochaine présidentielle au Kenya. Un triste jour pour le Kenya, comme le relèvent les médias du pays. Les messages de condoléances, affluent, de l'intérieur, mais aussi de l'étranger.

Ce crash d’hélicoptère survient quatre ans jour pour jour après le crash à Narok d’un avion qui transportait deux ministres kenyans, Kipkalya Kones et Lorna Chepkemoi Laboso. La météo était similaire, un ciel nuageux et gris avec du brouillard. Pourquoi le dix juin est un jour noir pour le Kenya?, titre le journal Le Standard.
La triste coïncidence a été soulignée dans tous les médias, où les messages de condoléances se multiplient. Le président Mwai Kibaki a déclaré que le décès du ministre et de son adjoint étaient une grande perte pour le pays. Le Premier ministre Raila Odinga a, lui, annulé tous ses rendez-vous et déplacements de la journée pour se rendre sur les lieux du crash.
Le vice-président Kalonzo Musyoka, ainsi que d'autres personnalités politiques telles que, Uhuru Kenyatta, William Ruto, Raphaël Tuju, ont tous fait part de leur choc en apprenant la nouvelle.
Mais les condoléances ne se limitent pas au Kenya. Le Premier ministre britannique William Hague, mais aussi Kofi Annan au nom du panel des éminentes personnalités africaines, se sont exprimés.
Le président Mwai Kibaki a déclaré trois jours de deuil dans le pays, le drapeau sera érigé seulement à moitié durant cette période. Il a également convoqué une réunion exceptionnelle des ministres ce lundi, au centre de conférence internationale à Nairobi.
George Saitoti était un responsable clé de la lutte contre les islamistes shebabs somaliens. Sur leur compte Twitter, les shebabs se félicitent de sa mort, mais ils ne revendiquent aucune responsabilité dans ce crash. Un crash dont on ignore pour l'instant les causes. Le Premier ministre Raila Odinga promet une enquete poussée.

Un politicien peu charismatique, mais un homme de réseaux
Certains commentateurs écrivent que George Saitoti avait autant de vies que les chats, il est toujours parvenu à revenir en politique même quand tout le monde le considérait fini. Il était vu comme un politicien assez énigmatique, ne donnant que très peu d’interviews aux médias, et peu charismatique par rapport à d’autres collègues lorsqu’il s’agissait de s’adresser aux foules.
Il avait annoncé sa candidature à la présidentielle en septembre 2011. Ses longs états de service dans l’ancien parti unique et parti présidentiel, Kanu lui avait assuré un réseau de soutiens important et sa richesse lui garantissait une campagne confortable. Sa force était que de par ses origines, il pouvait attirer le vote Maasai, Kalenjin, mais également Kikuyu, soit la vallée du Rift et la province centrale réunie pour faire face à Raila Odinga, dont la base électorale est principalement Luo.
Cependant son passé lui donnait autant de force que de handicaps. Son implication dans le scandale Goldenberg,-600 de millions de dollars détournés dans le cadre d’exportation fictives d’or et de diamant-, continuait à lui coller à la peau. Sa longévité exceptionnelle en politique le faisait également difficilement passer pour l’homme du changement et des réformes.
Sa mort redistribue les cartes avant l’élection, pour Uhuru Kenyatta, accusé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale mais qui a annoncé sa candidature et son nouveau parti au début du mois du juin, ainsi que pour Musalia Mudavadi, Premier ministre adjoint et ancien allié de Raila Odinga.

RFI.FR