Jacques Vergès sur la Côte d’Ivoire: «Nous allons porter plainte la semaine prochaine en France pour crimes contre l’humanité»

Le 21 avril 2011 par 20minutes.fr - INTERVIEW Jacques Vergès fait partie du collectif d’avocats chargés de défendre le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril.

Me Vergès et Roland Dumas lors de leur arrivée à Abidjan en décembre 2010.

Le 21 avril 2011 par 20minutes.fr - INTERVIEW Jacques Vergès fait partie du collectif d’avocats chargés de défendre le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril.

Il révèle que le collectif va défendre des familles de victimes des massacres de Duékoué et, dans ce cadre, porter plainte la semaine prochaine en France pour crimes contre l’humanité.
Il affirme également que le collectif a exclu mardi Me Collard. L’intéressé a démenti auprès de 20 Minutes, tout en décidant dans la foulée de se retirer du collectif. Jacques Vergès et Roland Dumas publient vendredi «Crimes et fraudes en Côte d’Ivoire» (ed. Edite)
Laurent Gbagbo est actuellement en résidence surveillée. Avez-vous des contacts avec lui?
Non, on n’a aucun contact et on ne sait pas où il est. On craint le pire. Surtout, il n’a pas de statut juridique : d’habitude, ou on est gardé à vue, ou on est inculpé, ce qui donne droit à des avocats, et là ce n’est pas le cas. C’est un no man’s land juridique. On ne sait pas à qui s’adresser pour avoir accès à lui. J’attends que le gouvernement Ouattara nous dise quel est le statut de Gbagbo.
Justement, Me Collard, lui aussi membre du collectif, a adressé une demande au président Alassane Ouattara pour l’autoriser à voir Laurent Gbagbo. Vous avez dénoncé cette initiative. Pourquoi?
A la suite de cette initiative, le collectif s’est réuni au complet mardi et a décidé à l’unanimité d’exclure Collard. Et ce pour trois raisons: d’abord parce que la lettre qu’il a adressée à Ouattara avait un ton très obséquieux, ce qui était une espèce de reniement. Ensuite parce que la démarche juridique est absurde et nulle: nous n’avons pas à demander à Ouattara un permis de visite. Si demain vous avez un ami en garde à vue, vous n’allez pas demander à Sarkozy un permis de visite! Enfin, à cause de l’indélicatesse du procédé, puisqu’il a écrit sa lettre en notre nom sans nous prévenir.
Vous êtes-vous expliqué avec Me Collard?

Non, ce n’est même pas la peine. Je n’ai pas besoin d’explications

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