Interview / Zahoui François (Entraineur des Eléphants): ``Les joueurs doivent comprendre qu`il faut un état d`esprit pour gagner...``

Publié le samedi 19 fevrier 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le sélectionneur des Eléphants seniors, Zahoui François, s'est confié en exclusivité à l'IA à Khartoum au Soudan. Dans cette interview, le coach des pachydermes ivoiriens parle du retour de Didier Drogba et

de Gnanhouan Gérard en sélection, de ses priorités et bien sûr de l'élimination des locaux au CHAN 2011.

Coach, vous avez suivi le parcours des Eléphants locaux au CHAN 2011. Quel commentaire après leur élimination dès le premier tour ?

Publié le samedi 19 fevrier 2011 | L'intelligent d'Abidjan - Le sélectionneur des Eléphants seniors, Zahoui François, s'est confié en exclusivité à l'IA à Khartoum au Soudan. Dans cette interview, le coach des pachydermes ivoiriens parle du retour de Didier Drogba et

de Gnanhouan Gérard en sélection, de ses priorités et bien sûr de l'élimination des locaux au CHAN 2011.

Coach, vous avez suivi le parcours des Eléphants locaux au CHAN 2011. Quel commentaire après leur élimination dès le premier tour ?

Avant Khartoum, j'étais avec cette équipe en Tanzanie au tournoi CECAFA. C'est là-bas que nous avons commencé la préparation du CHAN 2011. Malheureusement, j'ai constaté ici à Khartoum en plein tournoi que deux joueurs clés de la sélection locale ivoirienne manquaient à l'appel pour des raisons pas valables. Il s'agit du buteur Kipré Tchétché et du défenseur Wawa Serge. Ces deux éléments rassuraient dans leurs différents secteurs. Il y avait une balle dans le pied de cette équipe avec l'absence de ces deux joueurs. L'autre facteur, c'est que les joueurs ivoiriens sont arrivés à Khartoum dans des conditions très difficiles, sans préparation. Ils ont essayé de faire de leur mieux, mais ça n'a pas marché. Les enseignements à tirer, c'est une déception. On ne peut pas se voiler la face. Il faut tirer les bons enseignements pour avancer.

Parlons de la sélection senior. Vous avez débuté l'année 2011 par un succès face au Mali en amical, mais avec surtout le retour de Didier Drogba...

(Rires). Oui Didier Drogba est un élément important de cette équipe. C'est le capitaine et il fallait négocier son retour. C'est un joueur qui a joué bien que blessé à la coupe du monde 2010 et qui a fourni assez d'efforts. Il a été beaucoup sollicité. Il fallait donc qu'il récupère physiquement, mentalement. C’est ce qui explique sa mise à l’ écart. A son retour face au Mali, il a été bien accueilli par le groupe. Tout le monde était content de son retour parce que c'est un joueur dont toute sélection a besoin.

Le problème de brassard ne s'est-il pas posé avec son retour, surtout que vous aviez parlé de rotation au niveau du capitanat ?

Au niveau de la sélection, les gens aiment bien les polémiques. Dans une sélection, c'est l'entraineur qui décide et les joueurs jouent. Il n'y a pas de problème de brassard. Ce qui m'intéresse au niveau de cette équipe, c'est que les gens comprennent l'état d'esprit que je recherche. A partir du moment où les joueurs comprennent qu’il faut un état d'esprit pour gagner un match, tout marche. Parce que les polémiques et autres problèmes ont toujours existé en sélection et dans toute famille. Le plus important, c'est de régler aussi les problèmes de famille en interne. Ce que je recherche, c'est que les joueurs mouillent le maillot et donnent le maximum. Ma fonction d'entraineur, c'est de gérer les problèmes de brassard, de blessures etc. Je dois assumer et je sais que ma fonction est liée au résultat. Je dois travailler avec beaucoup de détermination. Je suis là pour servir mon pays et de faire en sorte d'apaiser les esprits.

Gérard Gnanhouan, le banni des Eléphants est de retour grâce à Zahoui François. Un gros risque que vous avez pris tout de même?

Quand je suis arrivé, j'ai dit que la sélection n'était pas un club et elle était bien ouverte à tout le monde.

Ce sont les plus méritants et ceux qui ont l'envie de se battre que je prendrai. C'est ainsi que le jeune Bakayoko Adama de la Ligue 1 en Cote d'Ivoire a intégré le groupe lors du match contre le Rwanda en éliminatoires de la CAN 2102 à Abidjan. Guié Guié Abraham et autres ont été appelés en sélection A.

La sélection est ouverte à tout le monde et il appartient à chacun de saisir l'opportunité. C'est comme ça que j'ai appelé Gérard Gnanhouan qui a connu des moments difficiles avec cette équipe, en sélection. Je lui ai donné une deuxième chance pour qu'il y ait une réelle concurrence au sein des gardiens des Eléphants. Cela permettra à des joueurs cadres de se remettre en cause. Parce qu'une sélection sans concurrence, est une sélection qui ronronne. C'était un risque que j'ai pris avec Gnanhouan mais il le fallait. Les joueurs comprennent le message et chacun se dit qu'il faut donner le maximum pour la sélection.

Depuis un certain temps, Copa Barry semble s'éloigner de la sélection en simulant des blessures à la veille des matches. Fuit-il vraiment le poids dans la sélection ?

Il ne fuit pas la sélection. Il a fait constater sa blessure. Il a un mal de genou et malheureusement il est obligé de rater des matches qui lui permettront de retrouver sa place de titulaire. La concurrence ne lui est pas épargnée et il doit revenir à son meilleur niveau. Il est toujours blessé et on ne peut pas le faire jouer étant blessé. Ce n'est ni bon pour lui, ni pour la FIF.

Est-ce que Zahoui François travaille-t-il véritablement les mains libres ?

Chaque génération a ses problèmes. Moi, jusqu’aujourd'hui, le président Jacques Anouma me fait confiance et nous avons des rapports directs. Tout se passe bien et j'espère que tout ira bien. Un entraineur est lié au résultat et ça, je le sais. Pour le moment, je ne me plains pas. Je suis en train de créer un état d'esprit au sein de cette équipe, mes joueurs y adhérent et j'espère que les résultats vont suivre.

Quelles sont vos priorités à la tête de cette sélection ?

D'abord, il faut que les joueurs comprennent qu'une sélection, ce n'est pas un club. Quand tu viens en sélection, il est important de savoir que tu représentes ton pays. Après l'objectif d'une sélection, c'est de gagner des lauriers. Les Eléphants ont remporté une CAN en 1992 et ont raté une autre en 2006. On n'est pas loin de remporter quelque chose. Donc l'objectif, c'est de remporter une compétition majeure avec ces joueurs talentueux.

Vous avez en mains les Eléphants olympiques en plus des seniors, n'est-ce pas de trop ?

Les olympiques, c'est la réserve de la sélection A. C'est une manière de montrer aux jeunes qu'ils sont la relève. Je ne travaille que sur une longue période avec les deux équipes. Il n'y a pas de problèmes de gestion. Sachez que tout partira du bas, c'est-à-dire des cadets. J'ai une vision globale et je travaille avec Alain Gouamené qui suit les cadets et Kouadio Georges qui est avec les locaux. Je suis, tout le monde. C'est un état d'esprit et il faut inculquer “la gagne’’ aux jeunes. L'équipe olympique, c'est le dernier cap pour atterrir chez les Eléphants senior et ce n'est pas de trop pour moi.

L'équipe olympique a-t-elle les moyens d'être aux J.O de Londres 2012 ?

C'est un travail de fond qui se fait. C'est une organisation qui est en place et on travaille avec les autres staffs techniques, on essaie de mettre un plan de travail dans la durée pour ne pas être surpris. Mon objectif, c'est d'assurer dans un premier temps la relève chez les Eléphants A, sans toutefois oublier certains rendez-vous comme les J.O de Londres 2012.

Réalisée à Khartoum par Annoncia Sehoué, envoyé spécial