GUERRE CONTRE LA CÔTE-D’IVOIRE : POURQUOI ABOBO DOIT ÊTRE LIBEREE D’URGENCE

Depuis le 16 décembre dernier l’armée ivoirienne fait face aux rebelles du MPCI à Abidjan. Avant sa grande offensive militaire, la rébellion a opté pour la tactique de la guérilla urbaine débutée à

Depuis le 16 décembre dernier l’armée ivoirienne fait face aux rebelles du MPCI à Abidjan. Avant sa grande offensive militaire, la rébellion a opté pour la tactique de la guérilla urbaine débutée à

ABOBO. Le mythique Guérillero, CHE GUEVARA, disait qu’on ne gagne pas une guerre avec une guérilla mais avec une offensive militaire d’envergure menée par une armée véritable. Dans cette perspective, la guérilla d’Abobo n’est rien d’autre que la phase préparatoire de cette grande offensive. Dans la préparation de celle-ci, la guérilla vise trois objectifs essentiels. Le premier objectif est de saper le moral des soldats de l’armée régulière par des lâches tueries dans ses rangs, émanant d’attaques surprises au cours d’embuscades bien tendues. Le second objectif est de rallier la population à la cause de la guérilla par la propagande à travers les médias. La guérilla ne prospère que par un tel ralliement. Car « Le guérillero doit pouvoir compter sur l’appui de la population locale. C’est une condition sine qua non.» (CHE GUEVARA, La guerre de Guérilla, édition Flammarion, collection Champs, p37)Le troisième objectif est de constituer ou organiser une véritable armée pour l’offensive devant conduire à la victoire finale.
Il y a bien urgence à libérer Abobo de ces rebelles et mercenaires guérilleros. Si l’armée régulière n’a pas le contrôle de cette commune d’Abidjan, il y aura un véritable danger pour la République. Laisser Abobo entre les mains des rebelles c’est leur donner le temps et l’espace pour y convoyer des milliers de rebelles et de mercenaires en vue de préparer la grande offensive pour la prise d’Abidjan. Ces mercenaires et rebelles, une fois repartis dans les différentes communes d’Abidjan, y mèneront des attaques simultanées pour la prise de la capitale économique de la Côte-d’Ivoire. Ignorer ou négliger cet aspect de la tactique des ennemis de la Nation, c’est vendre la patrie, c’est mettre en danger la vie des ivoiriens.
Par ailleurs, la tactique qui consiste à concentrer la quasi-totalité des forces de l’armée régulière à Abidjan, peut être très risquée. Jusqu’ici les rebelles hésitent d’attaquer la ligne de front de Tiébissou, après y avoir déjà subi des
défaites. Sans doute, ils sont en préparation d’une autre attaque de cette ligne de front. Quant à la ligne de front du côté ouest du pays, il semble y avoir des disfonctionnements relatifs à sa sécurisation. Défendre c’est aussi dissuader. Dissuader en temps de guerre c’est montrer ses muscles pour faire « peur » à l’ennemi. Or nous constatons avec regret une tactique du renfort qui semble devenir la règle d’Or. La tactique du renfort est suicidaire, en ce sens qu’il n’arrive que lorsque des vies humaines ont déjà péries pour cause d’insuffisance d’effectifs, d’armes et de munitions.
Concentrer la quasi-totalité des forces régulières à Abidjan c’est donner l’occasion aux rebelles et mercenaires de conquérir des villes et de progresser vers Abidjan. La bataille finale sera une équation très difficile à résoudre pour l’armée régulière, si les rebelles convergent vers Abidjan alors que s’y trouvent des milliers d’autres rebelles. L’équation ne sera pas facile à résoudre non plus si, sans une progression consécutive aux conquêtes d’autres villes, l’offensive sur Abidjan est confiée exclusivement aux milliers de rebelles et mercenaires qui vont y être convoyés par tout autre moyen.
Pour toutes ces raisons, Abobo doit être libérée d’urgence. Certes la libération d’Abobo apparaît délicate vu la fusion qu’opère les guérilleros avec une partie de la population. Mais sa libération d’urgence s’impose avec intelligence et tactique appropriée.
On ne fait pas une guerre avec des arguments philanthropiques. Les ennemis de la Côte-d’Ivoire le savent si bien. C’est pourquoi ceux-ci n’ont pas hésité à créer le désastre au sein des populations par les embargos sur toutes les exportations et importations, et par les fermetures des banques occidentales. Dans cette même logique misanthropique, ils apportent tous les soutiens nécessaires aux rebelles pour tuer, violer et opprimer des ivoiriens afin de parvenir à leur fin.
Il faut donc libérer Abobo sans trop de calculs philanthropiques. Carl von Clausewitz, théoricien de la guerre, disait à juste titre que dans une guerre on ne parvient pas à vaincre l’ennemi avec une âme philanthropique. L’art de la guerre n’évolue pas dans une direction philanthropique. « (…)Dans un état aussi dangereux que la guerre, les pires erreurs sont celles que nourrissent les bons sentiments. Comme l’usage de la violence physique dans toute sa force n’exclut en rien la coopération de l’intelligence, celui qui y recourt sans pitié et ne ménage pas le sang prendra l’avantage sur celui qui y renâcle. Il lui dicte
donc sa loi, si bien qu’ils se pressent l’un l’autre vers des extrémités que seules limitent les forces de l’adversaire. » (Carl von Clausewitz, De la guerre, édition Perrin, p38).Les ennemis de la Côte-d’Ivoire ont totalement adhéré à cette thèse de Clausewitz. Ne pas les y rejoindre, c’est les laisser dicter aux ivoiriens leur loi à Abobo, à Abidjan et dans d’autres villes du pays, et, à long terme, c’est courir le risque de perdre cette guerre.
ZEKA TOGUI, copaci_infomail