Ghana : Mills oppose un refus poli à la demande de Ouattara d`arrêter des Ivoiriens réfugiés au Ghana. L’ombre de Boniface Konan plane sur la rencontre

Vendredi 7 octobre 2011 | IVOIREBUSINESS - ACCRA – En visite à Accra, capitale du Ghana, jeudi 06 octobre, Alassane Ouattara a

demandé à la surprise générale à son homologue ghanéen Atta Mills, d`arrêter des Ivoiriens réfugiés au Ghana, terre d`exil de nombreux proches du chef d`Etat kidnappé et déporté Laurent Gbagbo, dont certains coulent des jours paisibles malgré des mandats lancés par Abidjan.

Alassane Ouattara et Atta Mills le 06 octobre 2011 à Accra.

Vendredi 7 octobre 2011 | IVOIREBUSINESS - ACCRA – En visite à Accra, capitale du Ghana, jeudi 06 octobre, Alassane Ouattara a

demandé à la surprise générale à son homologue ghanéen Atta Mills, d`arrêter des Ivoiriens réfugiés au Ghana, terre d`exil de nombreux proches du chef d`Etat kidnappé et déporté Laurent Gbagbo, dont certains coulent des jours paisibles malgré des mandats lancés par Abidjan.

Arrivé dans la capitale ghanéenne dans la matinée, M. Ouattara s`est entretenu avec son homologue John Atta Mills et a rencontré la communauté ivoirienne du Ghana avant de repartir en début de soirée, ont constaté des journalistes de l`AFP.

Selon une déclaration conjointe des deux présidents, M. Ouattara "a demandé au Ghana d`envisager la mise en oeuvre du mandat (prévoyant) le gel des comptes et l`application des mandats d`arrêt émis contre des personnes présumées coupables d`actes criminels commis durant la crise poste-électorale ivoirienne".

Le Ghana a accepté d`étudier cette requête, ajoute le texte, et une réunion entre responsables de la sécurité des deux pays devrait bientôt se tenir à Abidjan. Autrement dit, refus poli et diplomatique du Ghana qui attendrait toujours les dividendes du retour du Colonel Konan Boniface et des quelques militaires revenus d’exil du Ghana à la demande d’Abidjan.
Ces derniers n’ont toujours pas été réintégrés dans l’armée ivoirienne et n’ont toujours pas été reçus par Alassane Ouattara.
Ils seraient même en quasi-résidence surveillée, même si officiellement, ils sont libres de leurs mouvements.

Il s`agissait du premier voyage officiel de M. Ouattara chez son voisin de l`est, près de six mois après la fin de la crise née du refus d’Alassane Ouattara de reconnaître sa défaite face au Président Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts selon l`ONU.*
Le Président Gbagbo avait même été investi par le Conseil constitutionnel ivoirien.

Des milliers d`Ivoiriens se sont réfugiés au Ghana, parmi lesquels de nombreux partisans du présidentkidnappé et déporté à Korhogo, Laurent Gbagbo.

Un accord tripartite prévoyant le rapatriement des exilés a été signé jeudi par le Ghana, la Côte d`Ivoire et le Haut commissariat de l`ONU pour les réfugiés, lors d`une cérémonie en présence de MM. Atta Mills et Ouattara.

S`adressant à quelque 1.500 compatriotes rassemblés dans un centre de conférence d`Accra, Alassane Ouattara a lancé un appel pour qu`ils "rentrent au pays" désormais "en paix".

"Venez apporter votre contribution au développement de notre pays car c`est ce développement qui va accélérer la réconciliation et le pardon (...) N`ayez pas peur (...) la Côte d`Ivoire est maintenant un Etat de droit", a-t-il lancé.

"Ceux qui ont commis des crimes de quelque nature que ce soit, la justice ne sera pas abusive", a-t-il assuré.

Une délégation de personnalités pro-Gbagbo réfugiées au Ghana devait participer à la rencontre, mais elle a opposé une fin de non recevoir à Alassane Ouattara.
Alors que des dizaines de figures du régime déchu, dont Laurent Gbagbo lui-même, sont détenues en Côte d`Ivoire, des cadres politiques et d`anciens militaires de son bord se sont installés à Accra.

Une "Coordination du Front populaire ivoirien (FPI, parti de M. Gbagbo) en exil" a ainsi été montée, sous la direction d`Assoa Adou, un ancien ministre.

Le porte-parole de l`ex-chef d`Etat, Justin Koné Katinan, qui fut son ministre du Budget en pleine crise, signe ses communiqués virulents depuis la capitale ghanéenne.

Dans la matinée, M. Katinan avait estimé auprès de l`AFP que la rencontre avec M. Ouattara serait "une occasion pour exposer nos souffrances et ce que nous attendons des nouvelles autorités ivoiriennes".

L`activisme à ciel ouvert du camp Gbagbo à Accra agace le nouveau régime ivoirien, avaient indiqué des sources concordantes avant la visite.

"Ce qui irrite le pouvoir, c`est surtout le fait que des pro-Gbagbo se baladent à Accra alors que des mandats d`arrêt ont été émis par la justice ivoirienne à l`encontre de certains d`entre eux", avait expliqué à l`AFP une source diplomatique occidentale.

"Ouattara vient mettre la pression sur Atta-Mills", avait-elle estimé avant la visite.

A Abidjan, on en veut particulièrement au toujours influent Jerry Rawlings, ex-président ghanéen et proche de Laurent Gbagbo, soupçonné de jouer un jeu ambigu depuis la crise et de protéger les pro-Gbagbo.

Claude Millé à Accra.
Source AFP.