France: Pourquoi le chef de guerre Guillaume Soro a été reçu hier à l’assemblée nationale?

Le 03 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS – Arrivé avant-hier de Singapour où il était allé précipitamment à la suite de la plainte déposée contre lui par l’avocate de Michel Gbagbo, Me Habiba Touré, Guillaume Soro a été

Soro en visite chez Claude Bartolone, président de l'assemblée nationale française, le 02 juillet 2012.

Le 03 juillet 2012 par IVOIREBUSINESS – Arrivé avant-hier de Singapour où il était allé précipitamment à la suite de la plainte déposée contre lui par l’avocate de Michel Gbagbo, Me Habiba Touré, Guillaume Soro a été

reçu hier lundi par son homologue français Claude Bartolone.
Selon nos sources, il s’agissait pour l’Elysée de dire ses exigences au régime Ouattara en matière de démocratie, de droits de l’homme, de justice impartiale, de sécurité, de réforme de l’armée, de bonne gouvernance, de participation de l’opposition à la vie politique, et de réconciliation nationale, avant qu’Alassane Ouattara ne puisse enfin être reçu à l’Elysée.
Mais officiellement, il s’agissait d’un renforcement de la coopération entre les parlements ivoirens et français. Avec au menu, la formation des députés ivoiriens et la remise à niveau du parlement ivoirien.
Mais du côté de l’Elysée, le choix de Claude Bartolone, président de l’assemblée nationale française, est dû au fait que l’exécutif français n’a pas souhaité prendre le moindre risque dans ses premiers pas avec le régime ivoirien. C’est la raison pour laquelle ni Matignon, ni le ministère des Affaires Etrangères, n’ont été associés à la manœuvre. Séparation des pouvoirs oblige, l’Elysée pourra toujours se dédouaner si les choses tournaient mal.
Néanmoins, la réception de Guillaume Soro, perçue par l’opinion comme le chef de guerre des ex-Forces nouvelles qui ont endeuillé le pays de 2002 à 2010, passe mal. Pour bon nombre d’ivoiriens et une partie de l’opinion, l’assemblée nationale française a commis le grave péché de recevoir un chef de guerre, potentiellement transferable à la CPI comme criminel de guerre et de sang, et y être jugé.
Pour eux, François Hollande venait ainsi de rompre une promesse de campagne qui était de ne pas encourager les régimes dictatoriaux, encore moins les porter à bout de bras.
Sa promesse de faire le deuil de la francafrique et du pré-carré français, vient selon eux de prendre du plomb dans l’ail.
C’est la raison pour laquelle, la mère de Michel Gbagbo, incarcéré dans des conditions inhumaines à Bouna, a élevé une vive protestation face à la visite de Guillaume Soro.
« Cette audience me paraît, en tant que citoyenne française, mère d'un ressortissant français détenu depuis le 11 avril 2011 d'abord à Abidjan, puis à Bouna, choquante et scandaleuse. Elle est en totale contradiction avec le « changement» annoncé par les nouvelles autorités françaises, notamment en ce qui concerne le traitement de la question ivoirienne, et plus largement avec la défense des droits de la personne humaine », a déclaré Madame Géneviève Chamois, mère de Michel Gbagbo, dans un Communiqué dont ivoireBusiness a eu copie.
De Paris Guillaume Soro se rendra à Bruxelles où il participera à la 38ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui marquera la réintégration de la Côte d’Ivoire au sein de l’institution parlementaire francophone.

Notons enfin qu’une visite d’Alassane Ouattara à l’Elysée est enfin prévue le 25 juillet prochain.
Ce dernier, de retour de Chine où il sera en visite du 15 Juillet au 21 Juillet 2012, passera à Paris où il sera en principe reçu, sauf changement de dernière minute, par François Hollande.
A Élysée, on assure que ce calendrier peur encore être modifié.

Christian Vabé