France: Nicolas Sarkozy enfin rattrapé par la justice

Le 19 juin 2012 par IVOIREBUSINESS – Le 15 juin dernier à minuit expirait l’immunité présidentielle dont jouissait jusqu’alors Nicolas Sarkozy, ex-Président de la République française, battu à la loyale par François

Nicolas Sarkozy.

Le 19 juin 2012 par IVOIREBUSINESS – Le 15 juin dernier à minuit expirait l’immunité présidentielle dont jouissait jusqu’alors Nicolas Sarkozy, ex-Président de la République française, battu à la loyale par François

Hollande. Depuis cette date, Nicolas Sarkozy est redevenu devant la loi, un justiciable lambda, c’est-à-dire un justiciable comme les autres. Et ce ne sont pas les affaires qui manquent : Bettencourt, Karachi, les écoutes téléphoniques du Monde, violation du secret de l'enquête et de l'instruction, violation du secret professionnel, campagne Balladur, etc…
Alors qu’on s’attendait à ce que l’affaire Bettencourt déclenche les hostilités, c’est plus tôt l’affaire Karachi qui prend les devants, trois jours seulement après l'expiration de son immunité présidentielle. En effet, les juges chargés du dossier Karachi viennent de convoquer hier 18 juin Nicolas Sarkozy pour « violation du secret de l'enquête et de l'instruction ». Mais aussi pour « violation du secret professionnel ». Ce sont deux familles des onze victimes françaises de l'attentat de Karachi, en mai 2002, qui engagent cette action, avec constitution de partie civile. Les plaignants espèrent donc l'ouverture d'une enquête pour manquement grave au devoir présidentiel.
La décision d'ouvrir une enquête est désormais entre les mains du doyen des juges d'instruction de Paris, et non plus du parquet. La plainte déposée par les familles de victimes met directement en cause l'ex-chef de l'Etat français, ainsi que Franck Louvrier, son chargé de communication, et Brice Hortefeux, proche parmi les proches de Nicolas Sarkozy.
En 2002, l'attentat de Karachi avait causé la mort de 11 salariés français de la Direction des chantiers navals (CDN), travaillant au Pakistan à la fabrication de sous-marins vendus par la France. Les familles ciblent un communiqué élyséen datant de septembre 2011, dans lequel il est écrit que le nom du président n'apparaissait nulle part dans le dossier Karachi.
En vertu de la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, ni Nicolas Sarkozy ni ses collaborateurs n'auraient dû pouvoir affirmer cela. D'où les accusations de violation du secret de l'enquête et de l'instruction, mais également de violation du secret professionnel, et d'entrave aux investigations.
L'affaire Karachi est grave, et sensible. Dans la procédure, il est de plus en plus lourdement question de détournements substantiels de commissions, en marge d'un contrat d'armement avec le Pakistan. De l'argent qui pourrait avoir servi, en 1995, à un financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, Premier ministre à l'époque, et dont Nicolas Sarkozy était le ministre du Budget et porte-parole de campagne.

Catherine Balineau

DANS L’AFFAIRE BETTENCOURT, NICOLAS SARKOZY PREND LES DEVANTS

L’ex-Président est aussi soupçonné par certains d'avoir fait financer une partie de sa campagne 2007 par l'héritière de l'Oréal Liliane Bettencourt, et son mari André Bettencourt, aujourd’hui décédé.
Au lieu d’attendre d’être convoqué par les juges en charge de l’affaire, Nicolas Sarkozy a préféré prendre les devants.
En effet, il vient d'adresser au juge instructeur, Jean-Michel Gentil, une copie de son agenda détaillé de ministre de l'Intérieur, accompagnée d'une lettre de sept pages, rédigée par son avocat Thierry Herzog, prenant tout le monde de court.
Selon plusieurs analystes, la démarche ne manque pas de sel. Elle intervient quelques heures à peine après la fin de son 'immunité.
Mais aussi ses détracteurs, qui n'imaginaient sans doute pas une seconde que l’ex-président serait le premier à vouloir s'exprimer devant la justice.
On croyait l'acculer à se justifier et c'est lui qui prend l'initiative de fournir des preuves matérielles pour se défendre. Ces preuves, c'est d'abord la copie certifiée conforme de son agenda 2007, un agenda privé et professionnel à la fois, tenu par la même secrétaire depuis vingt ans. C'est aussi une longue lettre rédigée par l'avocat Thierry Herzog pour démontrer, heure par heure, que celui qui était à l'époque ministre de l'Intérieur n'a matériellement pas pu se rendre, secrètement et sans escorte, à plusieurs reprises au domicile des Bettencourt.
Sur l'agenda, un seul rendez-vous chez eux est noté : celui du 24 février 2007, à l'heure du déjeuner. Une simple visite de courtoisie entre voisins, selon Nicolas Sarkozy, qui ne l'a d'ailleurs jamais cachée.
Dans l’affaire BETTENCOURT, onze personnes, dont l’ancien ministre du Budget et du Travail Eric Woerth, et l’ancien gestionnaire de la fortune de l’héritière d’Oréal, Patrice de Maistre, ont déjà été mises en examen.

Catherine Balineau (Sources RFI et AFP)