Fillon ne renie rien d'hier, conciliera réformes et rigueur demain

PARIS (AFP) le 25.11.2010 - François Fillon a pleinement revendiqué mercredi son "bilan" depuis 2007 dans un discours de politique générale sans véritable annonce,

De Afp. François Fillon, Premier ministre français le 24 novembre 2010 à l'assemblée nationale.

PARIS (AFP) le 25.11.2010 - François Fillon a pleinement revendiqué mercredi son "bilan" depuis 2007 dans un discours de politique générale sans véritable annonce,

où il a surtout cherché à galvaniser son camp en affirmant sa volonté "intacte" de concilier poursuite des réformes et "rigueur" budgétaire.
Le Premier ministre reconduit dans ses fonctions il y a dix jours a eu droit à une standing ovation des députés de la majorité, qui avaient tout fait pour qu'il demeure à son poste. Il leur a d'ailleurs rendu "hommage" au début d'une allocution concentrée sur 45 minutes, avant de solliciter leur confiance.
Sans surprise, il l'a obtenue à une large majorité (326 voix contre 226). L'UMP, à l'exception des sept villepinistes, et le Nouveau Centre ont voté pour. La gauche a voté contre, comme le chef du MoDem, François Bayrou.
Dans son discours, qui clôturait l'interminable séquence du remaniement, François Fillon a d'abord longuement défendu son action.
"J'assume notre bilan", a-t-il lancé à la tribune, égrenant les réformes accomplies depuis 2007, dont celle des retraites.
Elles ne vont pas s'arrêter, a promis M. Fillon. S'inscrivant dans la "continuité" -son credo gagnant face à Jean-Louis Borloo dans la course à Matignon-, il a martelé que "l'élan de la réforme" était "intact".
L'opposition est restée sur sa faim. "Je pense à tous ces jeunes qui n'ont pas de travail, à toutes ces familles qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Vraiment, on a l'impression que M. Fillon vit dans un autre pays, comme le président d'ailleurs", a réagi la n°1 du PS Martine Aubry.
François Fillon "a confirmé que rien ne changerait d'ici 2012", a déploré le Front national. Roland Muzeau, du PCF, l'a accusé de vouloir "persister dans l'injustice et l'irresponsabilité".
Le nouveau patron du groupe UMP, Christian Jacob, s'est en revanche félicité du "chemin parcouru" et du "cap fixé", "fidèle à nos valeurs".
Au chapitre des réformes, le Premier ministre a confirmé "une concertation nationale" de six mois consacrée à la dépendance, mais qui sera élargie à la maîtrise des dépenses de santé.
Il s'est aussi à nouveau engagé sur "une réforme profonde de la fiscalité du patrimoine" avant l'été, pouvant aboutir à une suppression du très décrié bouclier fiscal et de l'impôt sur la fortune. Mais il a prévenu qu'elle se ferait "à produit constant" pour "stabiliser" la dette publique dans deux ans.
Car, fidèle à son image de gestionnaire pointilleux qui a fait son succès, il a affirmé que "la rigueur budgétaire" sous-tendrait tous les nouveaux projets. "Il n'y aura plus de dépenses publiques supplémentaires pour relancer la croissance", a-t-il dit tout en promettant l'absence "de hausse d'impôt".
A l'adresse des centristes, qui s'estiment lésés par le remaniement, il a souligné ne pas opposer "l’efficacité économique, la rigueur budgétaire à la cohésion sociale". "Le rassemblement passe par la reconnaissance de la diversité", a plaidé François Sauvadet (Nouveau centre).
Autres priorités jusqu'à la présidentielle: l'emploi, avec notamment le doublement du nombre de jeunes en alternance, mais aussi la justice avec la réforme de la garde à vue, la lutte contre l'insécurité et l'immigration clandestine.
En appelant au poète catholique Charles Péguy -"le triomphe de la démagogie est passager mais les ruines sont éternelles"-, il s'en est pris à l'opposition qui "multiplie les promesses" mais sera "condamnée à les renier".
Sur la sécurité, M. Fillon a moqué "la mue" dont "se targue" le PS, aujourd'hui porté par les sondages face à Nicolas Sarkozy. Un chef de l'Etat qu'il a défendu: "Quand on sert l'intérêt général, l'impopularité d'un jour peut devenir l'estime du lendemain".