Egypte: L'ancien Président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

Par Le Monde - Hosni Moubarak, raïs déchu d’Egypte chassé par son peuple, est mort.

Le président égyptien Hosni Mubarak au palais présidentiel du Caire. Image d'archives. .

Contrairement à ses deux prédécesseurs, Gamal Abdel Nasser et Anouar El-Sadate, Hosni Moubarak n’est pas mort au pouvoir, mais dans un hôpital, à 91 ans.

Par Christophe Ayad et Mouna Naïm

Il fut le dernier pharaon d’Egypte. Hosni Moubarak est mort mardi 25 février à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) son beau-frère, le général Mounir Thabet.

Hosni Moubarak était un raïs déchu, chassé du pouvoir par les foules de la place Tahrir, lâché par l’armée dont il était issu, condamné à l’issue d’un procès infamant à la prison à perpétuité pour sa responsabilité dans l’assassinat de quelque 850 manifestants lors du soulèvement qui conduisit à sa chute, du 25 janvier au 11 février 2011.

Depuis sa condamnation à la prison à perpétuité, le 2 juin 2012, entre les deux tours de la première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Egypte, et son incarcération dans l’aile médicalisée de la prison de Tora, à 84 ans, Hosni Moubarak avait multiplié les accidents cardio-vasculaires. Comme s’il n’avait pas supporté la perspective de finir ses jours derrière les barreaux et de voir sa succession réglée de son vivant.

Contrairement à ses deux prestigieux prédécesseurs, Gamal Abdel Nasser et Anouar El-Sadate, Hosni Moubarak n’est pas mort au pouvoir. Mais il a régné bien plus longtemps qu’eux. Il n’en revenait pas, lui, le pharaon de transition, qui se présentait volontiers en père débonnaire de la nation, d’avoir dû assister à son propre procès, allongé sur un brancard dans la cage des accusés, les yeux cachés par des lunettes de soleil. Jusqu’au bout, il a nié ses responsabilités. Il n’a sans doute pas mesuré combien son pays avait changé durant ses trois décennies de règne. Chez cet homme adepte du juste milieu, la prudence s’est muée en raideur, la sagesse en entêtement, la lenteur en immobilisme.

Un héros de la guerre de 1973 contre Israël

Lorsqu’il hérite du pouvoir, en octobre 1981, l’Egypte est au bord du gouffre. Anouar El-Sadate, qui l’avait nommé vice-président en 1975 en raison de son aura de héros de la guerre d’octobre 1973 contre Israël à la tête des forces aériennes, mais surtout pour sa loyauté et son effacement, avait engagé l’Egypte dans un tête-à-queue dangereux. Visionnaire, mégalomaniaque, disent ses détracteurs, Sadate avait en une décennie rompu avec l’URSS pour se tourner vers Washington, décrété l’ouverture (infitah) d’un système économique collectiviste et bureaucratique, et surtout fait la paix avec Israël, l’ennemi de toujours.

La bonhomie souriante d’Hosni Moubarak et ses goûts modestes suscitent initialement la sympathie des Egyptiens, qui le surnomment « la Vache qui rit »

Le 6 octobre 1981, Hosni Moubarak est légèrement blessé à la main dans l’attentat du Jihad islamique qui tue Sadate et plusieurs hauts responsables lors d’un défilé militaire. Les tâches, relativement obscures, qu’il a effectuées jusque-là ne l’ont pas vraiment préparé à un exercice du pouvoir qui s’annonce délicat. Plébiscité par le Parlement le 13 octobre, il promet de sévir contre les extrémistes islamistes et s’engage à respecter le traité de paix signé avec Israël en 1979.

Malgré l’état d’urgence, qu’il ne lèvera jamais, la bonhomie souriante d’Hosni Moubarak et ses goûts modestes suscitent initialement la sympathie des Egyptiens, qui le surnomment « la Vache qui rit ». Son autre surnom, « Hosni Kabari » (« Hosni les Ponts »), témoigne de son ardeur à doter Le Caire, la tentaculaire capitale du pays, d’auto-ponts et d’infrastructures. Il n’a ni le charisme de Nasser ni la vision géopolitique de Sadate, mais l’Egypte a besoin de souffler. Et les dirigeants occidentaux apprécient cet homme aux manières simples et à la blague facile.

Issu de la classe moyenne provinciale conservatrice

Né le 4 mai 1928 dans le village de Kafr Al-Mousalha dans le gouvernorat de Menoufia, Hosni Moubarak est un fils de la classe moyenne provinciale, conservatrice et travailleuse. Son père est un petit fonctionnaire du ministère de la justice. En 1947, il entre à l’Académie militaire, puis deux ans plus tard à l’Académie de l’air, où il deviendra instructeur au bout de trois ans. Suivent deux stages en Union soviétique, puis le commandement de plusieurs bases aériennes avec le grade de colonel, et enfin la direction de l’Académie de l’air, avant la promotion, en 1969, au grade de chef d’état-major de l’armée de l’air. Avant de devenir vice-président, en 1975, il occupe les fonctions de vice-ministre de la guerre puis de commandant de l’armée de l’air.

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NB: Le titre est de la rédaction.