Duel avec Ouattara au second tour de la présidentielle - Gbagbo: “Je suis prêt”

Le 10 novembre 2010 par Soir Info - A propos de Wade: « N’importe qui ne peut pas venir jouer dans notre maison »

Laurent Gbagbo le 09 novembre 2010 à Abidjan lors d'une conférence de presse.

Le 10 novembre 2010 par Soir Info - A propos de Wade: « N’importe qui ne peut pas venir jouer dans notre maison »

Il est lui-même monté au créneau. Le candidat de La majorité présidentielle (Lmp) était face à la presse, mardi 8 novembre 2010, à son Quartier général (Qg) de campagne sis à Cocody-Attoban. Laurent Gbagbo a dit être prêt à affronter Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle prévu le 28 novembre 2010. « Il faut se remobiliser. On est en campagne, on n’a pas terminé. On a fini une partie de la campagne, il y a 12 de nos concurrents qui nous ont laissé tomber. Il nous reste deux. Et c’est une grâce de faire ce duel face à face. C’est une grâce. Je voudrais vous dire que personnellement, je suis prêt physiquement, je suis prêt moralement, je suis prêt intellectuellement pour ce combat », a-t-il martelé. « J’ai eu toujours confiance. On va au deuxième tour. Même si j’ai deux voix de plus, je gagne. C’est l’autre qui a des voix à rattraper. Moi, je suis devant », a fait savoir le
président-candidat, demandant à ses partisans d’être prêts aussi. « Et vous aussi soyez prêts. On n’a rien sans lutte, sans combat. Nous aurons tout avec le combat. La Côte d’Ivoire aura tout avec notre victoire », a-t-il estimé. « Il y a en qui disent que les Ivoiriens sont devenus pauvres. Mais, ils sont devenus pauvres parce que vous avez fait la guerre. Il faut leur dire ça. Je ne comprends pas la timidité de mes partisans sur la question. Allez-y voir les régions qu’ils ont occupées. C’est une catastrophe. Ces régions, aujourd’hui, elles sont dans la misère à cause de la guerre », a expliqué Laurent Gbagbo. « Je suis venu inviter les miens à reprendre le bâton de la bataille. Nous avons tout pour rendre la Côte d’Ivoire prospère », a souligné M. Gbagbo. « Aujourd’hui, je suis le président de toute la Côte d’Ivoire. Je veux demain, être le président de toute la Côte d’Ivoire. Je pense avoir
acquis beaucoup d’expérience et de sagesse pendant cette guerre », a affirmé le « président 100%, candidat 100% », indiquant n’avoir jamais dit qu’il allait gagner au premier tour de la présidentielle. « Je ne vous ai jamais dit qu’on va gagner au premier tour. Ma conviction est que nous allons gagner », a-t-il déclaré. « Nous sommes largement en tête. Je suis venu dire au peuple ivoirien que la fin est proche. La victoire est proche et nous allons gagner », s’est convaincu l’ex-président du Front populaire ivoirien (Fpi).
Il a démenti l’information selon laquelle, un groupe ethnique subit des représailles après le premier tour de la présidentielle. Laurent Gbagbo a toutefois reconnu qu’il y a eu des « heurts », qui ont vite été circonscrits. Il a invité tous ceux qui veulent créer des incidents d’arrêter. « Dès demain, je donnerai des instructions à la gendarmerie de rechercher tous ceux qui ont fait distiller ces rumeurs », a menacé le chef de l’Etat. « Nous avons fait une campagne digne d’un pays développé. Celui qui veut créer des palabres, il sera pourchassé, jugé », a averti le numéro 1 ivoirien.

Des piques à Wade
Interrogé sur « l’affaire Ouattara chez Wade », Laurent Gbagbo s’est montré incisif. « Je n’ai pas de grosse colère. J’ai voulu seulement dire que la Côte d’Ivoire est la Côte d’Ivoire et qu’il faut qu’on nous respecte. Et que n’importe qui ne peut pas venir jouer dans notre maison. Ça suffit sur ce point », a-t-il réagi sans plus.
Relativement à l’appel de Bédié recommandant aux militants et sympathisants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) à voter pour Ouattara au second tour, Laurent Gbagbo a affirmé n’avoir pas été surpris. « Le Rhdp a été créé, il y a cinq ans. Et depuis cinq ans, je dis que je vais gagner. Ce n’est pas nouveau », a soutenu le locataire du Palais présidentiel. Aux 25% d’électeurs qui ont porté leur choix sur le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), le conférencier a eu ces mots. « Bédié vous appelle à voter Ouattara. Regardez bien le coup d’Etat de 1999 qui a chassé Bédié (du pouvoir). Si vous aimez Bédié, vous devez voter pour celui qui l’a fait revenir d’exil que pour celui qui l’a fait partir en exil ».
Selon Laurent Gbagbo, la guerre a fait perdre à la Côte d’Ivoire plus de 3 000 milliards de F cfa. Quant aux morts, il s’est appuyé sur le chiffre de 5000 donné par le journaliste Philippe Duval dans son livre « Fantômes d’Ivoire ».
Le candidat de Lmp a commenté le premier tour de la présidentielle. Il s’est félicité, dans l’ensemble, de la bonne tenue du scrutin, regrettant toutefois, le retard pris dans la proclamation des résultats provisoires. Laurent Gbagbo a donc félicité les Ivoiriens, les candidats, le premier ministre, la Commission électorale indépendante (Cei), les Forces de défense et de sécurité (Fds), les Forces nouvelles (Fn), l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), le Centre de commandement intégré (Cci). Pour le second tour, il a révélé avoir pris l’article 48 de la constitution pour permettre qu’il se tienne le 28 novembre 2010 et non le 21 novembre comme annoncé par le Conseil constitutionnel. Selon lui, la Cei et l’Onuci ont dit qu’elles n’étaient pas prêtes pour tenir le délai du 21 novembre 2010. Pour cette phase, il a exhorté ses partisans à continuer à parler à tout le monde. « La satisfaction,
c’est que je suis le seul candidat à avoir un électorat véritablement national (…). Nous avons confiné les autres dans ce qu’ils sont, c’est-à-dire le tribalisme », s’est réjoui Laurent Gbagbo. « Nous allons nous lever et nous battre. Il s’agit pour la Côte d’Ivoire de choisir celui qui va panser les plaies. On ne peut pas panser la plaie quand on a été celui là-même qui a été à la base de cette plaie », a estimé M. Gbagbo à la grande joie de ses partisans qui ont pris d’assaut son Qg de campagne. A l’entendre, sa Conseillère juridique avait élaboré des réclamations après le premier tour. Mais, il a révélé lui avoir demandé de laisser tomber parce que cette requête ne pouvait pas lui assurer une victoire au premier tour. Au second tour, des décisions ont été prises pour que les conditions de sécurité soient meilleures, a-t-il soutenu. « Nous allons avoir des scores normaux (au second tour). Il y a
beaucoup de coins où j’ai gagné au nord » pendant la phase précédente, s’est-il enorgueilli.
Pour le reste, Laurent Gbagbo a dressé quelques pans de son bilan à la tête de l’Etat, rappelant ce qu’il compte faire s’il était réélu.

SYLLA Arouna