Depuis Paris / François Guina (Pro-Gbagbo) : ‘’Nous viendrons à Abidjan pour Ouattara, Banny, Gbagbo et Simone’’

Publié le mercredi 31 aout 2011 | L'intelligent d'Abidjan - L’Union des mouvements et associations de la diaspora en France (UMAD) qui avait soutenu la campagne de Laurent Gbagbo, et participe

encore aux manifestations
parisiennes et européennes de résistance aux nouvelles autorités ivoiriennes, annonce par la voix de son président qu’elle sera présente pour les prochaines législatives en Côte d’Ivoire. Entretien avec un homme qui ne renie pas son « gbagboïsme », et donne des
ambitions nouvelles à son organisation.

Simone et Laurent Gbagbo.

Publié le mercredi 31 aout 2011 | L'intelligent d'Abidjan - L’Union des mouvements et associations de la diaspora en France (UMAD) qui avait soutenu la campagne de Laurent Gbagbo, et participe

encore aux manifestations
parisiennes et européennes de résistance aux nouvelles autorités ivoiriennes, annonce par la voix de son président qu’elle sera présente pour les prochaines législatives en Côte d’Ivoire. Entretien avec un homme qui ne renie pas son « gbagboïsme », et donne des
ambitions nouvelles à son organisation.

M. Guina, l’on annonçait que vous nourrissiez le désir de transformer l’UMAD en formation politique, qu’en est-il ?

Beaucoup d’interprétations ont été faites sur une phrase que j’ai énoncée il y a quelque temps. Vous me donnez donc l’occasion de repréciser ma pensée. Je disais, au cours d’un échange, que j’ai eu avec un ami que dans le passé, nous passions le temps au niveau de
la diaspora, à apporter uniquement notre soutien à nos leaders. Il est temps de prendre nos responsabilités. Ce qui veut dire que notre contribution au débat politique ne s’arrêtera pas uniquement au soutien. Nous ferons en sorte que des femmes et des hommes de la diaspora prennent une part active dans la campagne des législatives, cantonales et municipales. En clair, nous pourrons briguer des mandats locaux. Vous savez, les associations qui composent l’UMAD pour la plupart sont des associations qui partagent des valeurs de gauche à savoir le partage, la solidarité et la justice sociale ; ce que nous avons souhaité et ce sur quoi nous travaillons, c’est que la diaspora qui participe déjà au développement économique du pays, puisse prendre part au débat politique dans notre pays pour y apporter son expérience. Nous aurons l’occasion de revenir là-dessus.

Vous êtes également de toutes les manifestations parisiennes de résistance aux nouvelles autorités ; est-ce à dire que l’UMAD ne reconnaîtrait-il pas le Président Ouattara ?

La question aujourd’hui n’est pas de savoir qui reconnaît qui, c’est au Conseil constitutionnel de le faire. L’a-t-il fait ? Si oui, maintenant la question qui se pose est, que faut-il faire pour que la Côte d’Ivoire retrouve ses fils afin qu’elle se mette au travail. Notre préoccupation à l’UMAD est à la vraie réconciliation entre les ivoiriens. Vous savez, nous nous rappelons tous SOWETO, et pis des 27 années de prison de Nelson Mandela. Quand Mandela a recouvré la liberté en 1991, il a dit pour que les autres changent, il faut que moi aussi je change ma façon de les regarder ce qui l’a amené à mettre en place la Commission Vérité et Réconciliation qui a fait ses preuves en Afrique du Sud. Face à ses propres partisans, la tâche n’a pas été facile pour le Président Mandela, mais aujourd’hui l’histoire lui donne raison. Les noirs Sud-africains ont pardonné les blancs Sud-africains et forment ensemble une nation arc-en-ciel et c’est ce que nous voulons pour la Côte d’Ivoire. Nous demandons donc aux nouvelles autorités de donner tout son sens à la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation comme cela a fonctionné en Afrique du Sud.

Mais voilà que l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo et son épouse viennent d’être inculpés pour crimes économiques. Qu’en dites-vous ?

Nous revenons toujours sur la réconciliation des enfants de la Côte d’Ivoire. Vous savez, dans cette crise, chacun a sa part de responsabilité et c’est pourquoi nous interpellons ici les nouvelles autorités pour que s’il doit y avoir justice, il faudrait que ce soit une justice équitable où les droits des uns et des autres sont respectés et non une justice des vainqueurs. Dans cette Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, il ne doit y avoir, en mon sens, ni vainqueur ni vaincu, seuls la Côte d’Ivoire et son peuple doivent gagner.

Et les mandats d’arrêt lancés contre certains dirigeants de l’ancien régime, notamment Charles Blé Goudé ?

Au risque de nous répéter, à l’UMAD nous pensons que ce qu’il faut à la Côte d’Ivoire, ce ne sont pas pour l’instant les mandats d’arrêt mais plutôt une réconciliation sincère non politisée. Car rappelez vous qu’au lendemain de la prise du pouvoir du président Gbagbo, il y a eu aussi une commission de réconciliation qui n’a pas conduit aux résultats escomptés ; alors faisons donc attention cette fois-ci.

Nous ne disons pas qu’il faut l’impunité en Côte d’Ivoire. Celui qui est contrevenant, délinquant ou criminel sera présenté devant le tribunal une fois que la justice aura fait son travail dans une transparence totale, en dehors de toute ingérence politique. Mais
pour l’heure que les nouvelles autorités tournent le dos à la vengeance pour s’orienter vers la vrai réconciliation. Concernant le ministre Charles Blé Goudé, il s’agit d’un monsieur qui a œuvré pour le rapprochement des antagonistes d’hier : les Forces nouvelles et le camp Gbagbo à travers « la caravane de la paix » qu’il a organisée à travers toute la Côte
d’Ivoire et intitulé « prends ma main mon frère, prend ma main ma sœur ». Voyez-vous, il y a aussi bien entendu d’autres actes posé par ce monsieur qui est profondément démocrate. En clair, pour l’UMAD, il ne faut pas biaiser avec cette réconciliation. Créer les conditions pour que tous les fils et filles de la Côte d’Ivoire rentrent au pays pour que les gouvernants gouvernent, que les opposants s’opposent et les syndicats puissent revendiquer l’amélioration de leurs conditions de travail. En un mot, un retour rapide à l’état de droit.

Comment la diaspora ivoirienne vit cette crise ?

La diaspora aujourd’hui apparaît comme l’Etat en second dans cette crise. Vous savez, depuis le début de cette crise(2002), la diaspora a été avec la défaillance momentanée de l’Etat, celle qui a été aux côtés des populations. D’une part individuellement avec les soutiens financiers que nous apportons à nos familles nourriture, soins, scolarisation, et j’en passe et d’autre part, par le biais des organisations non gouvernementales qui collectent des vivres, des médicaments, etc pour les apporter aux différentes collectivités en Côte d’Ivoire.

Vous vous préparez à venir à Abidjan ? Peut-on savoir pourquoi ?

C’est vrai nous l’avons annoncé et en ce moment nous y travaillons, cela fait partie de notre programme immédiat. Il s’agit pour nous de jouer notre partition dans le cadre de la réconciliation. Nous avons un agenda et nous y travaillons. Vous aurez le programme en temps opportun. Pour l’heure, retenez que c’est tout un programme dont la mise en œuvre nous conduira successivement à rencontrer d’abord le président Ouattara, ensuite le président Gbagbo, le président de la commission Dialogue vérité et réconciliation, Mme Gbagbo et enfin tous les autres détenus avant de livrer notre message aux Ivoiriens dans le cadre de la réconciliation. Mais vous aurez les dates en temps opportun.

De l’extérieur, comment percevez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire ?

L’avenir du pays passe nécessairement par la vraie réconciliation. Et c’est en cela que nous demandons aux nouvelles autorités de ne pas tomber dans les erreurs du passé. En réalité, ce qu’il faut à la Côte d’Ivoire, c’est une vraie réconciliation avec le camp Gbagbo. Laquelle réconciliation doit commencer par la libération des prisonniers politiques, le désarmement des discours et des esprits des partisans des uns et des autres afin d’aller à la vraie réconciliation.

Jean-Paul Oro