CPI: Détenu à La Haye depuis décembre 2011, Laurent Gbagbo sera libéré

Le 12 septembre 2012 par NOTRE VOIE - Il ne s’agit nullement d’une prophétie, mais d’une révélation de source crédible. Laurent Gbagbo, le plus célèbre des détenus de La Haye pourrait retrouver l’air libre…très bientôt.

Le Président Laurent Gbagbo le 05 décembre 2011, lors de l'ouverture de son procès à la CPI.

Le 12 septembre 2012 par NOTRE VOIE - Il ne s’agit nullement d’une prophétie, mais d’une révélation de source crédible. Laurent Gbagbo, le plus célèbre des détenus de La Haye pourrait retrouver l’air libre…très bientôt.

Deux reports et puis, plus rien du tout. Initialement prévue le 18 juin 2012, l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges de Laurent Gbagbo à la cour pénale internationale (CPI) a été reportée une première fois au 13 août dernier. Raison avancée par la chambre préliminaire 1 de la Cpi, donner du temps à la défense de mieux utiliser les fonds additionnels qui venaient à peine de lui être accordé dans le cadre de l’aide judiciaire pour la défense de son client.
En effet, en décembre 2011, la Cpi avait décidé d’accorder à titre provisoire une aide financière à la défense de Laurent Gbagbo après l’avoir déclaré «indigent». Et cela en attendant que l’enquête diligentée pour déterminer la fortune du concerné ne donne ses résultats. Quelques mois plus tard, la défense avait introduit une demande de fonds additionnels estimant que l’aide initiale n’était pas suffisante pour couvrir ses besoins qui étaient immenses. C’est donc cette aide additionnelle qui a été accordée qui a justifié le report de l’audience au 13 août.
Pourtant, ce 13 août, l’audience n’aura pas lieu. La même chambre préliminaire ayant annoncé son report sine die afin de permettre au bureau du procureur et à la défense de déposer leurs observations sur le rapport des experts médicaux sur l’état de santé de Laurent Gbagbo.
Le bureau du procureur devait déposer ses observations le 13 août et la défense aux alentours du 20.
On peut croire que c’est chose faite depuis près de trois semaines. Malgré tout, c’est le calme plat du côté de la Cpi. Alors que l’on attendait la reprogrammation de l’audience de confirmation, la Cpi est devenue muette sur le dossier. Pourquoi ?
Une source proche du dossier qui a requis l’anonymat est formelle. «Gbagbo sera libéré, ils sont maintenant en train d’étudier les modalités de sa libération», affirme-t-elle avec assurance. Les tergiversations actuelles de la cour auraient-elles un lien avec cette éventualité ? Nul ne saurait le dire. «Mais le président Gbagbo veut toujours qu’on lui dise qui a gagné les élections», ajoute la source qui ne dit cependant pas quand cette libération pourrait intervenir.
Le 13 juillet dernier, la chambre préliminaire 1 avait refusé à Laurent Gbagbo la liberté provisoire dont la demande avait été faite le 1er mai par sa défense. Estimant que l’homme était encore trop populaire dans son pays et qu’il bénéficiait de nombreux réseaux de soutien qui pourraient lui permettre de se soustraire à la justice. Ses partisans, eux, voient dans ce refus une décision à caractère politique qui ne pouvait valablement justifier le maintien en détention de leur mentor. En tout état de cause, ils estiment que si Gbagbo est resté jusqu’au dernier jour à sa résidence sous les bombes de l’armée française et des nations unies, c’est bien la preuve qu’il n’a pas l’âme d’un fuyard. Puisque ce ne sont pas les propositions qui ont manqué d’aller se mettre à l’abri avec sa famille.
En tout état de cause, le porte-parole de la Cpi n’a eu de cesse de répéter qu’un refus n’est jamais définitif. Puisque la cour a obligation de réexaminer tous les 120 jours la question de mise en liberté provisoire. Selon lui, même si la défense ne le demande pas, la cour examine systématiquement à intervalles réguliers, la question pour voir si les raisons qui ont prévalu au refus n’ont pas évolué. D’ici novembre, donc, la cour devrait à nouveau décider s’il y a encore des motifs suffisants de garder Laurent Gbagbo en détention. La cour pourrait, pour cela, tenir compte du mépris royal affiché par les autorités ivoiriennes à l’encontre des procédures de la Cpi. Celles-ci ayant fait volte-face en décidant de ne pas déférer à la cour toutes les autres personnes suspectées d’avoir une responsabilité au plus haut niveau dans les crimes commis pendant la crise post-électorale. Elles s’étaient pourtant engagées à coopérer pleinement et entièrement avec la cour.
La question pourrait être désormais de savoir s’il faut ramener Laurent Gbagbo à la justice ivoirienne pour qu’elle joigne son cas à ceux qu’elle a désormais accepté de juger ou s’il faudrait le remettre en liberté mais dans un pays tiers qui accepterait de le recevoir. Selon des sources crédibles, la deuxième solution parait plus plausible. La justice ivoirienne ayant fini par convaincre les plus sceptiques de son incapacité à garantir un procès équitable à qui que ce soit.

Augustin Kouyo