CPI/ Audience du 6 février 2020 : Une occasion pour redevenir crédible, Par Raphaël DAGBO

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - CPI, Audience du 6 février 2020. Une occasion pour redevenir crédible.

Le Président Laurent Gbagbo le 15 janvier 2019 à la CPI.

Le 6 février 2020 s’ouvre à la Haye, aux Pays-Bas, une nième audience du
procès contre le Président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé
Goudé.

Cette fois, à la suite d’une requête de sa Défense, il s’agit
de savoir si le Président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé,
acquittés mais paradoxalement maintenus en détention peuvent recouvrer tous
leurs droits civils et politiques qui furent restreints au terme de

l’incompréhensible appel interjeté par le procureur Bensouda. Rappelons
que, dans la plupart des systèmes juridiques, une décision d’acquittement
entraîne le recouvrement de la liberté.

Ces droits, tels qu’énumérés dans la Requête de la Défense de Laurent
Gbagbo le 7 octobre 2019, sont en substance les suivants : pouvoir «
s’exprimer en tant que militant ou responsable politique,
avoir le droit de
participer publiquement à la détermination du programme d’un parti
politique, participer à des meetings politiques, participer à des
émissions radio-télévisées dans lesquelles il serait fait mention de sa
carrière…,
pouvoir répondre aux questions de journalistes ou
d’historiens concernant sa carrière ou sa vision politique… ».

Bref, à
y regarder de près, Laurent Gbagbo devrait renoncer à ce qu’il est. Il
devrait renoncer à être libre, comme doit l’être toute personne
acquittée de charges qui, en 8 ans d’instruction et de procès, n’ont
jamais connu un début de commencement de preuves avérées.

Comme tout a été tenté et que rien n’a été efficace pour sortir
Laurent Gbagbo de la vie de son pays et surtout de celle des Ivoiriens, le
Gouvernement de M. Dramane Ouattara s’invitera lui-même à la curée, par
la participation effective de ses avocats à l’audience ;
l’objectif
étant de maintenir un statu quo que rien ne justifie dans la situation
actuelle.

Hier encore M. Ouattara, répondant à une question de journaliste,
disait : « c’est à Gbagbo de m’appeler… c’est lui le petit
frère… ».

Mais c’est bien le même Alassane Ouattara qui envoie ses
avocats défendre l’indéfendable avec ce cynisme qui a préparé et
exécuté froidement la déportation de Laurent Gbagbo et de Charles Blé
Goudé vers une détention totalement injustifiée et exceptionnellement
aussi longue qu’elle est haineuse.

Cette manœuvre, on le sait, a
essentiellement pour but d’habiller d’une démarche procédurale le
maintien en détention ou semi-détention de Laurent Gbagbo et Charles Blé
Goudé, le temps que le Procureur et la chambre d’appel trouvent le moyen
de transformer l’acquittement connu de tous en condamnation définitive.

Cela n’est naturellement pas acceptable, parce que la Justice est faite
dans la société humaine pour aboutir à la paix et non pour servir
d’instrument de haine et d’exclusion.

En effet, ce que l’on veut obtenir ici, c’est précisément
l’éloignement définitif d’adversaires politiques redoutés pour leurs
idées et leur popularité dans leur pays. Hélas, cela n’est mentionné
dans aucun article du traité de Rome qui a institué la CPI.

Dès lors la question est la suivante : la CPI acceptera-t-elle aux yeux du
monde entier de servir à éliminer des adversaires politiques du régime
d’Abidjan en privant des personnes acquittées de leurs droits
élémentaires ?

L’association des Amis de Laurent Gbagbo ne nie en rien
les 15000 morts et les innombrables victimes de la guerre civile imposée à
la Côte d’Ivoire en 2010-2011.

Nous nous inclinons encore une fois devant
leur mémoire et la douleur inextinguible de leurs proches. Nous demandons
simplement à la CPI d’arrêter cet acharnement judiciaire contre Laurent
Gbagbo et Charles Blé Goudé reconnus innocents et acquittés.

La CPI
devrait utiliser ces deux jours pour sortir d’une instruction conduite
uniquement à charge et qui l’a amenée à passer, volontairement ou non,
à côté des véritables bourreaux. Ces criminels existent et ne se cachent
pas. Ce sont eux qu’il faut trouver.

Ces deux jours d’audience ne seront
pas de trop pour que la CPI donne au monde entier une SEULE RAISON DE CROIRE
A NOUVEAU QU’ELLE PEUT ETRE CREDIBLE, parce qu’elle le doit pour RENDRE
VERITABLEMENT ESPOIR AUX VICTIMES des dérives dictatoriales de par le Monde.

Raphaël DAGBO
Président de l’Association des Amis de Laurent Gbagbo