Côte d'Ivoire: Que veut réellement M. Ouattara ?

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. Que veut réellement M. Ouattara ?

Le Président ivoirien Alassane Ouattara. Image d'archives. ©

Avec le renoncement forcé de M. Ouattara à la course de la présidence de
la République pour un troisième bail, c'est la marche vers une nouvelle
crise qui se trouve considérablement retardée.

En effet, à quelques mois
de la fin de son second mandat, se résoudre à partir du pouvoir en imposant
celui qu'il considère le plus apte à lui succéder, donne à voir quelque
chose d'autoritaire et de sournois dans cet acte de M. Ouattara.

Son projet
de changer les règles du jeu sans l'assentiment des Ivoiriens via un
référendum, son obstination à pourchasser Guillaume Soro aujourd'hui
maintenu en exil, l'arrestation de quelques personnes de l'entourage de
celui-ci parmi lesquelles des députés de la République, voilà quelques
réalités qui donnent l'impression d'un homme atteint d'une schizophrénie
aigüe.

Comme si cela ne suffisait pas, il continu à traquer les leaders de
l'opposition et à harceler des journalistes sans compter les hommes et les
femmes en exil avec des enfants dont il a brisé la vie.

Maintenant, il fait
de son mieux pour ne pas que les Ivoiriens obtiennent leur carte nationale
d'identité alors qu'il l'a accordée à M. Blaise Compaoré après lui avoir
attribué la nationalité ivoirienne en un rien de temps.

Celui-ci vit
aujourd'hui comme un pacha dans une luxueuse propriété aux frais de l'Etat
pendant que des Ivoiriens chassés des bidonvilles démolis, dorment à la
belle étoile. Ils sont socialement déclassés dans une Côte d'Ivoire qui
saigne encore intérieurement.

Pendant ce temps, Ouattara plus que jamais
cynique, se met désormais en scène en insultant les Ivoiriens qu'il traite
de " sauvages, animaux, barbares, incivils ". Cela bien entendu, au contraire
de ses rebelles que le sociologue Francis Akindes qualifie de " civilisés ".

Je précise au passage que ces propos sont consignés dans un documentaire
intitulé " 69 jours ou le temps des assassins ". C'est un documentaire de
Jérôme PIN, fils de son ami Dominique PIN diplomate à l'ambassade de
France en Côte d'Ivoire.

On y voit un Ouattara tout fier parler de lui-même
en se voyant comme une élite qui a tout réussi dans sa vie. Il pousse même
l'orgueil jusqu'à l'arrogance en traitant la présidence de M. Bédié de
médiocre et celle de M. Gbagbo de haineuse et violente. En arrière plan,
c'est une façon de présenter son passage à la présidence de la
République comme un chef d'œuvre jamais réalisé en Côte d'Ivoire voire
même en Afrique.

Pour finir, il exprime son incompréhension que de tels
gens aient pu être à la tête de notre pays. Autant dire qu'il se
considère comme le plus prestigieux, le plus doué, le plus intelligent de
nos présidents ! Pourtant, en se demandant à un moment donné du
documentaire pourquoi la plupart des Ivoiriens lui en veulent tant, il donne
la preuve que sorti du monde de la finance ou de l'économie, il a un savoir
très réduit, une mémoire de moineau.

Autrement, il se serait aisément
souvenu de ses paroles belliqueuses telles que : " Je frapperai ce pouvoir
moribond jusqu'à ce qu'il tombe " ; " Ce pays n'aura pas la paix tant que je
ne serai pas président ".

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a fait ce
qu'il a dit. C'est même ce que nous confirme le principal quotidien qui le
soutien, c'est à dire le Patriote du 05 août 2019 avec à sa une (écrit en
couleur rouge) : " Quand Addo dit, Ado fait ! ". C'est donc une question de
perception de sa personne que les gens voient comme quelqu'un qui a renié la
Patrie qui l'a encadré en l'accompagnant jusqu'à réussir sa vie ;

quelqu'un capable de tout pour arriver à ses fins dans le pays qui l'a
accueilli à bras ouverts sous Houphouët Boigny. A cette époque, Ouattara
était un illustre inconnu malgré son statut de haut cadre du FMI qui a
finalement réussi à se rendre célèbre par les malheurs de la Côte
d'Ivoire qu'il transforme en fonds de commerce pour la France.

Traduits dans
leur vérité humaine telle que l'ont vécue les Ivoiriens, cela signifie que
tout ceux qui sont morts ou qui continuent de vivre cette vérité dans leur
chair, sont les instruments utilisés par lui pour parvenir au pouvoir.
Guillaume Soro qui a partagé cette fureur de M. Ouattara en tant que chef
rebelle ne dit pas autre chose : " Nous avons fait le coup d'Etat de
septembre 2002 pour le compte de M. Ouattara ".

Cet aveu, nous le savions
déjà grâce à Zakaria Koné en désignant son mentor M. Ouattara comme le
commanditaire de cette même tentative de coup d'Etat qui a éclaboussé la
Côte d'Ivoire de sang. Visiblement, son pèlerinage à la Mecque ne lui a
pas donné la grandeur d'esprit. Aujourd'hui encore M. Ouattara continue de
mener une politique de persécution, intéressée, sans noblesse :

Une
politique qui sacrifie la dignité et la cause générale du plus grand
nombre à de petits privilèges de quelques uns qui acceptent de se soumettre
à sa personne. C'est tout le sens de son statut de président du RHDP, parti
politique dans lequel M. Ouattara est président d'une petite partie des
Ivoiriens malgré qu'il soit président de la République.

Une fonction où
il est sensé être le mandataire de tout le peuple, donc au dessus des
partis politiques. Il n'y a qu'en Côte d'Ivoire qu'on peut voir pareil
paradoxe ! Alors aussi grande que soit la volonté des bras médiatiques de

M. Ouattara de le porter en majesté ou de le magnifier en prétendant que
c'est " leur Mandela ", cette défaillance du président par rapport à ses
obligations ne peut être effacée d'un coup de tipex : Elle le fera toujours
tomber de la hauteur de ses illusions tant qu'en dessous de lui demeurera la
misère, la souffrance et une majorité du peuple qui désespère. Je suis
conscient de ne rien apprendre à personne en disant que Dieu a placé
l'homme au centre de la création en faisant de lui, l'épicentre entre le
monde végétal, le monde animal et le monde minéral.

Mais je reste
convaincu que c'est une des raisons pour lesquelles M. Ouattara, pendant
toute sa gouvernance de gestion du "Fric " et de harcèlement des autres,
n'ait pas été capable de ramener la paix et la réconciliation en Côte
d'Ivoire : Il n'a fait que parler de croissance, bilan, chiffre. Et ce n'est
certainement pas avec ce documentaire qui implique une fois de plus la France
dans cette crise ivoirienne que Ouattara gagnera le combat de l'opinion. S'il
en était lui-même convaincu, il y a bien longtemps qu'il aurait remis à la
CPI, les preuves dont il parle dans ce documentaire.

En somme, Ouattara
essaye de nous faire manger ce qu'il a déjà digéré en se donnant des
libertés avec la vérité. Ainsi, lorsqu'il parle de se battre pour la
démocratie, on pense au duel qui l'oppose en ce moment à Guillaume SORO, à
ces députés en prison, à ces journalistes harcelés. Et quand un de ses
compagnons parle de Ouattara comme quelqu'un qui était prêt à se livrer
aux militaires pendant l'encerclement de sa maison pour " sauver " la vie des
autres, on ne peut se retenir de pouffer de rire !

Lui qui aux premières
heures des problèmes de Coronavirus en Côte d'Ivoire s'est " tiré " avec
toute sa cour à Assinie où ils vivent une vie seigneuriale dans des hôtels
de grand luxe en laissant le peuple à son triste sort !.

Il fait d'ailleurs
penser à ce Paquebot de croisière nommé " Concordia " dont le capitaine
était l'un des premiers à quitter le navire en difficulté pour sauver sa
peau en laissant l'équipage se débrouiller avec les passagers. Nous vivons
ici le même scénario et il est bien connu dans ce pays que M. Ouattara n'a
jamais eu l'âme d'un martyr.

En niant sa part de responsabilité pourtant
bien connue de tous dans cette crise, Ouattara ne fait que nous apprendre la
mesure de la monstruosité dont est capable un homme pour supprimer de notre
mémoire, les abominations de ses actes : Malheureusement pour lui, elles
font désormais partie de notre histoire.

Et celle-ci sera bien entendu,
accessible à nos enfants pour être connue afin de prévenir avant tout
contre de telles actions destructrices. Ensuite, cette histoire bien connue
aura pour objectif d'unir le peuple de Côte d'Ivoire pour lui permettre de
bâtir ensemble l'avenir en gardant cet art du " vivre ensemble " propre à
la Côte d'Ivoire ainsi que ses coutumes, sa culture et sa terre ( qui ne lui
appartient presque déjà plus ).

Alors, si la parenthèse de la guerre
civile est fermée depuis que Ouattara a été installé au pouvoir, c'est
tout simplement parce que la Côte d'ivoire est rassasiée de malheurs. Mais
ne nous y trompons pas !.. Le peuple a encore soif de liberté pour se
satisfaire et est prêt à tout pour cela.

Une contribution de Jean KIPRE
Militant écologiste
France