Côte d’Ivoire : la réforme de la CEI divise l’opposition et le pouvoir à un an de la présidentielle (SYNTHESE)

Par Xinhua - Côte d’Ivoire. La réforme de la CEI divise l’opposition et le pouvoir à un an de la présidentielle (SYNTHESE).

Youssouf Bakayoko, le très controversé président de la CEI, dont l'opposition réclame sans cesse le départ.

A un an de la présidentielle, le projet de loi adopté en conseil des ministres par le gouvernement sur la nouvelle Commission électorale en Côte d’Ivoire ne passe pas dans l’opposition. Celle-ci continue de dénoncer un "déséquilibre" au profit du camp présidentiel et sa "mainmise" sur l’organe en charge de l’organisation des élections.

Le gouvernement vient en effet d’annoncer un projet de loi portant sur la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) qui doit être validé par l’Assemblée nationale.

La future CEI sera composée de 15 membres au lieu de 17 précédemment pour la Commission centrale. Parmi eux, trois représentants du parti au pouvoir, trois de l’opposition, six de la société civile, un du conseil supérieur de la magistrature, auxquels s’ajoutent un membre nommé par le président de la République, et un par le ministre de l’Intérieur.

Pour le gouvernement, ce projet de loi apporte "un meilleur équilibre" dans la composition des organes de la CEI.

Il a été finalisé après six mois de discussions entre le gouvernement, les partis politiques de l’opposition et la société civile, en application d’un arrêt de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples du 18 novembre 2016, ayant demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire la recomposition de la CEI en vue de la rendre plus équilibrée.

L’OPPOSITION INSATISFAITE

Pour l’Alliance des forces démocratiques (AFD), la coalition de partis politiques conduite par le Front populaire ivoirien (FPI) et menée par le président de ce dernier Pascal Affi N’Guessan, l’adoption du projet de loi est "une initiative parallèle, personnelle et solitaire du gouvernement" qui ne l’engage nullement.

Les discussions en cours depuis janvier ont révélé des "points d’accord mais également d’autres sur lesquels les discussions doivent se poursuivre", indique M. Affi N’Guessan, invitant le gouvernement à reprendre les négociations en vue d’"assainir totalement" le cadre juridique et institutionnel des élections afin que le scrutin de 2020 puisse se dérouler de façon démocratique et apaisée.

De même, la Ligue des mouvements pour le progrès (LMP, pro-Gbagbo) de Kabran Appia, fustige le déséquilibre entre la mouvance présidentielle au pouvoir et les partis politiques de l’opposition qui "s’est accentué par le renforcement de la présence des institutions et l’administration dans la Commission centrale".

Dans son ensemble, l’opposition réclame une réforme en profondeur et soutient que la future CEI ne sera pas plus indépendante que la précédente.

Une plateforme regroupant plusieurs partis d’opposition autour du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié du pouvoir), ainsi que des groupes parlementaires, se sont par conséquent réunis pour organiser la riposte politique.

Ils ont tenu un meeting samedi à Abidjan, prélude à une série de meetings sur l’ensemble du territoire national.

L’opposition insiste sur la nécessité d’élargir "sans tarder" les discussions aux conditions générales touchant notamment les questions relatives au code électoral, la sécurité, la tenue des élections et la possibilité de contester ces dernières.

La Commission électorale indépendante (CEI) était, avec le Conseil constitutionnel, au cœur de la crise post-électorale de 2010, qui a fait au moins 3.000 morts en Côte d’Ivoire.

Xinhua