Côte d’Ivoire : KKS dénonce le maintien en détention de Laurent Gbagbo et Blé Goudé

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. KKS dénonce le maintien en détention de Laurent Gbagbo et Blé Goudé.

Le Président Gbagbo et le Ministre Blé Goudé saluant leurs partisans dans la galerie, après l'annonce de leur acquittement par la CPI.

Déclaration relative au maintien en détention de Laurent Gbagbo et Ble Goude

Le 15 Janvier 2019, La chambre de première instance de la cour pénale internationale, au bout de sept année de détention pour l’un et quatre pour l’autre et après un procès qui aura duré trois bonnes années, a décidé, à la majorité des juges, l’acquittement total des charges pesant sur Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé et ordonné en conséquence, leur libération immédiate.

La nouvelle a été naturellement accueillie favorablement par la grande majorité des ivoiriens et unanimement saluée par tous les acteurs politiques y compris ceux au pouvoir dont un, le ministre Bacongo, a eu cette déclaration si fraternelle : « En tant qu’ivoirien, je suis content de la Libération de GBAGBO et BLÉ GOUDÉ (…) je pense que ce sont des frères qui reviennent chez eux pour reprendre leur place dans le jeu politique.

Tant mieux pour la réconciliation » Le Gouvernement a même souhaité « que cette décision aille dans le sens de la décrispation dans notre pays, telle qu’engagée par le Président de la République, S.EM. Alassane Ouattara, à travers les actes forts qu’il a initiés dans le sens de la paix et de la réconciliation ».

En effet, même si ce double acquittement ne signifie guère qu’il n y a pas eu de crimes en Côte d’Ivoire, même s’il relance la question des responsabilités dans les crimes et donc des victimes qui du coup, s’interrogent sur leur sort, cette décision est une bonne nouvelle pour ceux, comme moi, qui ont toujours fait valoir que la libération de Laurent Gbagbo est une nécessité pour la réconciliation nationale. Elle est une bonne nouvelle pour au moins trois bonnes raisons :

1. La libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé est une condition nécessaire pour la réconcilation nationale ;
2. La libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé est le rétablissement d’une justice au regard de l’injustice a eu faite en les poursuivant seuls dans une affaire ou les enquêtes ont clairement situé les responsabilités dans les deux camps ;
3. L’acquittement et La libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé offrent la divine occasion à la Côte d’Ivoire de mettre un terme à ce procès honteux pour son image et surtout, de fermer définitivement la porte de cette CPI, cette boite de pandore qui n’aurait jamais dû être ouverte, cette porte de la Cour Pénale Internationale qui, si elle n’était pas sagement fermée ici et maintenant, pourrait bien voir passer bien d’autres.

Curieusement, depuis, malgré le rejet en appel de l’opposition du procureur, cette décision, à la surprise générale et même des plus grands experts du droit, n’a pu produire ses effets et nos deux compatriotes, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, pourtant dûment acquittés, demeurent en détention dans l’attente d’une décision de la Cour d’appel.

Dans cet imbroglio juridico politique où même les initiés les plus gradés perdent leur latin, je m’interroge sur la position du Président Ouattara. C’est vrai que le gouvernement a produit un communiqué pour prendre note à la fois de l’acquittement et de la décision du procureur d’interjeter appel mais quelle est la position du Président sur cet appel qui maintient ses compatriotes en détention ?

À en juger par les propos de Me Jean-Paul Benoît, les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire, quoi que n’étant pas partie officielle de l’audience, semblent manœuvrer pour le maintien des acquittés en détention.
Serait-ce vraiment là la volonté de Monsieur Ouattara de voir se poursuivre ce procès ?

Le serait-il dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire ? Une telle option serait-elle en cohérence avec le souhait exprimé plus haut, celui de voir cette décision « aller dans le sens de la décrispation dans notre pays » ? Et que deviendrait alors la décision du Président de ne plus extrader un ivoirien à la CPI si d’aventure, ne sait-on jamais, du fait de la poursuite du procès, la présence de son propre camp était requise aux cotés de Laurent Gbagbo et Blé Goudé ? Serait-il prêt à s’y soumettre ? Ne serait-il pas plus cohérent et plus conforme avec cette volonté, d’œuvrer, plutôt de profiter de cette ‘’aubaine’’ pour fermer la page à ce stade (le temps n’appartenant à personne et la roue tournant) ?

Voilà à mon sens, au-delà des raisons évoquées plus haut, autant de questions embarrassantes que la décision de l’acquittement et de la libération de Laurent Gbagbo et de Ble Goudé résout.
C’est pourquoi, en ma qualité du neutre réconciliateur, militant exclusivement pour la réconciliation, pour la vérité et pour la Côte d’Ivoire (je ne milite ni n’émarge ni au pdci ni au fpi ni au rdr), je me permets, au nom justement de la réconciliation nationale et de l’intérêt supérieur de la nation, de demander humblement au Président de la république de bien vouloir engager le poids de l’Etat de Côte d’ivoire en sa qualité de partie demanderesse ou d’Etat partie, pour la libération et le retour de nos deux compatriotes au pays.

Et ce, Bien entendu, sans préjudice de la recherche de la vérité due aux victimes et à leurs familles.
Il y a un temps pour faire la guerre, il y a un temps pour faire la paix. Le temps de la paix est là, il faut savoir le saisir.
Vive la réconciliation nationale pour que vive la paix dans une Côte d’Ivoire stable, fraternelle et prospère pour chacun et pour tous.
AMOUR, PAIX ET JOIE !

Fait à Abidjan, le 25 janvier 2019
Konan Kouadio Siméon (KKS)
Président d’Initiatives Pour la Paix (IPP)