Côte d'Ivoire: Jubilé préélectoral, Par Shlomit Abel

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. Jubilé préélectoral, Par Shlomit Abel.

Sur la photo de famille, le gouvernement bienheureux pose avec assurance et confiance aux côtés du nonce apostolique.

Nous sommes dans une année de Jubilé, si, si, je vous l’apprends. Alors que Laurent Gbgabo avait fêté en 2010 le jubilé des 50 ans d’ "Indépendance" de la CIV, voilà que notre Matamore de la Constitution aux mandats à rallonges nous sort un jubilé encore plus excellent.

Qu'ont pesé les chrétiens évangéliques du temps Gbagbo qui avaient transformé les cinémas en églises face à la ''déferlante'' Papo-Ado actuelle ?

Tout est calé, réglé, le RDR voit loin : s'il lui est difficile de se mettre D.ieu dans la poche, il se croit autorisé de s'approprier son représentant diplomatique, le nonce Paolo Borgia, descendant probable de la dynastie des Borgia qui ont donné à l'Italie et au monde catholique deux papes et des cardinaux aux mœurs plus qu'étranges dans ce monde chargé d'encens et de sainteté apparente.

Apparemment l'épisode du ministre Adjoumani profanant la Cathédrale d’Abidjan-Plateau en réponse au Cardinal Kutwa qui suggérait à Ouattara de renoncer à un 3 eme mandat a été rapidement oublié. La politique reprend ses droits, tant pis pour les croyants blessés et humiliés.

Voilà 50 ans que le Vatican a son ambassade en CIV, grâce au président Houphouët Boigny qui a bâti une basilique à Yamoussoukro ; voilà aujourd'hui le prétexte de ces 50 ans, utilisé à des fins électorales par notre président caméléon, tantôt musulman, tantôt anglican ( son premier mariage avait été célébré en Angleterre avec une anglicane), tantôt catholique, comme aujourd’hui.

Ouattara ne vieillit pas, celui qu'on a vu récemment boitillant, obligé de marcher 500 mètres pour accéder jusqu’au perron de l’Élysée - afin de dejeuner rapidement avec Emmanuel Macron, tandis que son équipe se faisait remonter les bretelles par les émissaires du Président francais -, n’a pas daigné changer sa photo officielle de 2011, déjà retouchée à l’époque, où son sourire et ses yeux au même niveau semblaient vouloir nous séduire et parler à notre cœur : « Je ne veux que votre bien, en envoyant Laurent Gbagbo à La Haye! ».

La virginité de notre héros s’étale ainsi au grand jour, Il est fin prêt pour un 3 ème mandat, content de lui et de ses œuvres. Avec en prime, non plus le titre de "Préfet'' donné par la grande Chancelière, mais de "Parent du Pape", le représentant terrestre du Christ !

Adoubé par l’Église, non pas locale, mais venue de Rome, via un Paolo Borgia, éponyme des autres qui ont empoisonné, tué les leurs, se baignant dans la fange et la luxure, copulant sans gêne, laissant le petit clergé se dépatouiller avec les règles de la chasteté et de l’abstinence, tandis qu’eux passaient leurs nuits loin du missel, dans les bras de leurs galantes.

Sur ce timbre commémoratif d'un Jubilé scellant d'excellentes relations, sa Sainteté et son Excellence se côtoient sur fond de Basilique. Ouattara qui avait promis en 2010 de déplacer sa capitale à Yamoussoukro semble avoir oublié cette promesse, 10 ans plus tard.

Monseigneur Kutwah qui essayait il y a quelques semaines, avec tact et diplomatie de rappeler au Président Ouattara que Paix et Réconciliation auraient plus de chance de germer et croître sans un 3 ème mandat, est balayé d’un revers de main avec ce timbre commémoratif.

L’Eglise de Côte d’Ivoire qui se vit dans le peuple et au quotidien, doit s’effacer devant l’Etat du Vatican qui, à quelques semaines des élections, -ironie du calendrier-, cire les pompes de Ouattara, lui conférant une légitimité qu’il ne mérite pas.

Qu’est-ce qu’un timbre à l’ère du virtuel ? Pas grand chose certes, mais Ouattara a su frapper fort en se servant de cette coïncidence : ces 50 années de relations diplomatiques entre le Vatican et la Côte d’Ivoire. Entre Houphouet Boigny et Ouattara, c’est la continuité. Deux président aimés, deux timbres, deux bénédictions.

Les états ont toujours aimé se mettre la religion de leur côté. Ainsi, Mamadou Sanogo, ministre de l’Economie numérique et de la Poste, autre catholique de circonstance a rappelé que ces 50 ans de relations diplomatiques ont été « marquées par une bonne dose de culture et de civilisation multiséculaires avec un partenariat dynamique et fructueux ».

Pour ce qui est de la culture et de la civilisation avec l’arrivée des Dozo et autres milices étrangères au service de la rébellion, puis de la terreur avec les agissements des microbes, et autres coupeurs de route, depuis l’avènement de l’Ère Ouattara, ne craignons pas le ridicule !

Sur la photo de famille, le gouvernement bienheureux pose avec assurance et confiance aux côtés du nonce apostolique.

Les fidèles et dévots Alassane Dramane Ouattara et Hamed Bakoyoko sont à la droite et la gauche du représentant de l’Eglise de Rome, tandis que Raymonde Goudou Coffie, belle fille du Grand maitre de La Grande Loge de Côte d’Ivoire Clotaire Magloire Coffie, se trouve derrière lui.

Mais n’est ce pas également notre ministre de la Défense tout puissant et grand remplaçant du défunt Amadou Gon Coulibaly qui se tient à la droite du représentant du Vatican ? Simple ministre ou représentant de cette autre puissance qui a pignon sur rue, j’ai nommé les Francs-maçons, puisqu’il a remplacé Clothaire Magloire Coffie. L’homme aux deux casquettes en coiffe une troisième !

Bienvenue donc au pays des timbrés Francs-Maçons et autres au service de leur retour aux affaires, bien avant d’être là au service du peuple qu’ils prétendent honorer et faire avancer vers la paix et la réconciliation.

Shlomit Abel, 22 septembre 2020