Côte d'Ivoire: faut-il débaptiser "la salle des pas perdus" au cœur du Palais Présidentiel ?

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire, faut-il débaptiser "la salle des pas perdus" au cœur du Palais Présidentiel ?, Par Dapa Donacien.

Dapa Donacien.

Existerait-il une cause immanente, sévissant contre la marche normale de la Nation ivoirienne ? C'est la question, qui a poussé nos méninges à contribution, pour investiguer sur les causes internes pouvant expliquer le drame ivoirien depuis son premier président au dernier président en date.

Après avoir passé les fondamentaux de l'Etat ivoirien à l'analyse critique, il est apparu une constante : Tout chef d'Etat s'installe en messie dans le Palais présidentiel du Plateau et en repart sur la pointe des pieds.

Qu'est-ce qui mélange tant les pas de nos présidents de cette république ivoirienne ?

C'est dans cette quête, que l'appellation de la plus importante salle de la présidence,a attiré notre attention : la fameuse "salles des pas perdus". Instituée par mimétisme ou par snobisme, a-t-on essayé d'évaluer son impact néfaste ?

Nous la soupçonnons de mélanger les pas des locataires qui se sont succédés.

Nous n'avons pas la prétention de la science infuse. Cependant, nous savons que, les noms ont une influence, sur les personnes qui les portent, en leur conférant une mission surnaturelle.

La bible est riche de cas où Dieu n'a pas jugé compatible des noms avec la mission qu'il entendait assigner à des personnes. La première attitude de Dieu, c'est de changer leur nom d'abord avant de leur assigner leur feuille de route.

Abram changé en Abraham (père d'une multitude), Sarai changé en Sarah (mère de plusieurs Nations),Jacob (voleur) changé en Israël ( élu de Dieu). Si donc, le créateur omnipotent et omniscient prend cette précaution pour écarter tout nom susceptible de contrecarrer ses plans, il va s'en dire que, la salle des pas perdus, influence négativement l'élan de notre Nation. Il est temps d’en prendre conscience.

Au soir de sa vie, Félix Houphouet Boigny a eu la trajectoire de l'envol de la Nation plombée et clouée au sol par les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Rappelons que le premier PAS signé entre le FMI et la Cote d'ivoire a débuté en 1981 pour se clôturer en 1988. D'autres PAS vont se succéder et s'accentuer sous le Président du Comité Interministériel nommé Premier Ministre Alassane Ouattara.

Les PAS ont perdu les pas de la Côte d'Ivoire sous Houphouet, pourrait-on dire, sans jeu de mots. Ce n'est pas tout. Houphouet va se fourvoyer en refusant de sanctionner les auteurs des brimades contre les étudiants et étudiantes, sans oublier l'organisation inachevée de son plan de succession. Sur ces deux faits, il s'est mélangés les pédales, pourrait-on dire.

Alors qu’il avait promis à la Nation de revenir sur ses pieds, de ce voyage médical, il a perdu la vie lors de son séjour médical.

Le président Bédié n'échappera pas non plus au signe indien. Il trébuche sur la résistance des forces sociales opposées au projet d'identité nationale à travers le concept d'ivoirité. Il perd le pouvoir, dans la droite ligne des "vibrations des pas perdus" sévissant à la présidence ivoirienne.

Le Général Robert Guei, qui fit un coup d'Etat, sans effusion de sang (dit-on), va une fois de plus mélanger les pieds dans un jeu de jambes entre les concepts de " Et/Où". Il perd totalement l'équilibre de ses pas lorsqu'il a quitté le sentier bitumé de non candidature au chemin rocailleux de candidat à l’élection présidentielle de 2000. Qu'est ce qui a bien pu pousser le général à changer de parole et se dédire ? C'est ignorer l'influence de la salle destinée à perdre les pas à nos honnêtes chefs d'Etat à priori.

Le Président Laurent Gbagbo arrive avec son concept de Refondation des piliers institutionnels de l'Etat. Après l'organisation d'un forum national de réconciliation nationale, suivi de la formation d'un Gouvernement de large ouverture, l'on pensait que les acteurs marcheraient désormais à pas alignés vers la cohésion sociale.

La rébellion qui éclata le 19 sept 2002, va mélanger totalement non seulement les pas des Refondateurs mais aussi et surtout perdre à ce pays deux décennies faites d'instabilité de la Nation dans sa marche dans le concert des Nations.

Malgré tout l'engagement de l'ONU, les nombreuses audiences, tenues invariablement dans la salle des pas perdus, n'ont pu éviter la guerre à ce pays. La Côte d'Ivoire a-t-elle progressé ou régressé ? Aux ivoiriens de faire le discernement pour se rendre compte que la Cote d’Ivoire ne fait que revenir à la case départ, dans cycle sans cesse de mélange de ses pas.

Avec le président Alassane Ouattara à la perche, l'on pouvait penser à tout sauf au débat actuel de sa candidature ou pas.

Après pratiquement 9 ans de réflexion, le 4 mars 2020 l'homme va se déplacer jusqu'à Yamoussoukro pour prendre à témoin Le Parlement ivoirien, devant les deux chambres réunies : Assemblée Nationale et le Sénat sous le regard de Félix Houphouet Boigny dans une Afrique où les morts ne sont jamais morts selon l’imagerie populaire.

L'homme refusa de mettre le moindre pas à la prochaine présidentielle à laquelle il n'est pas candidat, jure-t-il. Pressé de quitter vite la présidence afin d’aller se reposer.

Les félicitations fusent de partout, avec à la clé et en attaquant de pointe, un Emmanuel Macron publiant en boucle sur tous les canaux diplomatiques et médiatique les paroles enfin d'un président africain qui tient à son honneur par le respect de sa parole donnée avant, pendant et après la rédaction, le référendum, et la promulgation de la Constitution nouvelle.

L’ex Premier Ministre qui marchait allègrement vers la période de campagne, sera fauché dans son élan en plein Conseil des Ministres dans l’enceinte du Palais présidentiel, donc sur la table, sans avoir pu atteindre la PISAM. Bref, il a perdu les pas au Palais présidentiel.

Et patatra...la Constitution promulguée le 8 novembre 2016, tenez-vous bien, dans la Salle des Pas perdus, est en passe de replonger les citoyens de ce pays dans l'affrontement presque certain à l'occasion de la présidentielle pour laquelle visiblement aucune institution n'est prête, à moins que les acteurs politiques et ceux de la société civile de ce pays regardent l'équation en face pour convenir d'une période de TRANSITION afin de résorber les contradictions certes nombreuses, mais non insolubles.

Inutile de se donner bonne conscience avec les prestations dignes de cinéastes en cours dans ce pays. Pour notre génération victime directe d’une guerre récente, nous ne pouvons pas nous payer le luxe du silence complice de ce bucher.

Tous savent que, la transition devenue incontournable, est la voie du salut mais tous avancent à pas forcés vers l'autodestruction, parce que tous, envoutés et hypnotisés par les vibrations de la salle des pas perdus, ont choisi d'aller à l'apocalypse.

A voir le remake du malhonnête et détestable jeu "attrape nigaud" avec lequel des chefs traditionnels avaient séduit le Général Guei Robert au détour des réceptions à la salle des pas perdus, c'est à croire à l'aveu du juge constitutionnel Paul Yao Ndré. " Le diable nous a tous envoûtés".

Quoiqu'il en soit, si la Providence nous hissait un jour dans les fonctions de Premier Ministre de notre Nation, la première mesure que nous prendrions et qui nécessite zéro dépense financière, c'est de débaptiser la Salle des Pas perdus, à l'image de l'ex-carrefour de la Mort devenu le carrefour de la Vie.

Comme par enchantement, l'on constate une réduction extraordinaire de la fréquence des accidents à l'exception du drame consécutif au contenu de ce camion chargé de bitume chaud déversé atrocement sur un couple acteur politique très actif dans le Gontougo en 2017.

Ce résultat de réduction drastique des drames à ce carrefour après l'avoir rebaptisé, devrait nous amener à revoir le cas de la Salle des pas perdus au coeur du siège de l'Exécutif ivoirien.

Par Dapa Donacien de Bondoukou

Email:dapadonacien@gmail.com