Côte d’Ivoire: 2020 sera une année différente si nous prenons un autre chemin, Par Jean-Claude DJEREKE

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - “Sic transit gloria mundi” (Ainsi passe la gloire du monde).

Jean-Claude DJEREKE.

Cette phrase latine était prononcée lors du couronnement du pape pour lui rappeler qu'il n'était qu'un mortel et, donc, qu'il devait se garder de tout orgueil. Et l’on pourrait ajouter ceci : pour que le successeur de Pierre s'abstienne de faire souffrir ses semblables, de leur nuire ou de les tuer.

Issiaka Ouattara, alias Wattao, aurait tué Émile Boga Doudou dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Grâce à cet “exploit”, il a eu beaucoup d’argent, obtenu des galons et des médailles dans une armée de tueurs, est devenu propriétaire de voitures, de maisons et d’immeubles.

À l’âge de 52 ans, il a quitté ce monde pour l’autre monde où on n’emporte ni titres, ni chéquiers, ni villas, ni pistolets en or mais où il est uniquement posé à ceux qui croient en Dieu cette question : cela valait-il la peine de faire ce que tu as fait à X ou à Y quand tu savais que tout était vanité et que tu mourrais un jour ?

Ce n’est pas seulement la gloire du monde qui est éphémère. Ce sont toutes les choses de la terre (biens matériels, honneurs, positions, etc.) qui passent. Pour avoir ces choses, nous n’hésitons pas quelquefois à piétiner, à trahir, à persécuter ou à détruire nos frères.

Or le commandement divin est formel : pour devenir riche ou puissant, tu n’as pas besoin d'ôter la vie à autrui car je suis le Dieu de la vie et non le Dieu de la mort. Plus tard, Jésus ajoutera qu’Il est venu dans le monde pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10).

L’année 2019 nous a- t-elle apporté un peu de cette vie abondante ? De mon point de vue, elle marque plutôt un grand recul pour l’Afrique francophone en général parce qu’elle n’a pas mis fin au terrorisme qui frappe et endeuille le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ;

parce que les élections n’ont pas permis aux peuples de se débarrasser des dictateurs qui sont aux affaires depuis 40 ans (Denis Sassou Nguesso), 37 ans (Paul Biya) ou 29 ans (Idriss Déby) et qui sont responsables de la faillite économique, sociale et morale de leurs pays respectifs ;

parce que certains de nos frères, fuyant la misère, le chômage et le désespoir dans nos pays, sont maltraités et vendus aux enchères au Maroc, au Liban, au Koweit, en Libye, en Tunisie, en Algérie et dans d’autres pays arabes.

2019 a été une année difficile parce que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été séquestrés en Europe malgré leur acquittement par les juges de la Cour pénale internationale ; parce que la pauvreté des populations et la dégradation des infrastructures sanitaires, scolaires et routières de notre pays ne cessent de gagner du terrain en dépit des creux et faux discours de Ouattara et de ses vils griots sur la croissance à deux chiffres ; parce que le RHDP,
qui confisque les médias publics, a interdit ou réprimé les meetings et marches pacifiques des partis de l’opposition qui préfèrent obéir aux lubies du tyran plutôt qu’aux légitimes attentes du peuple qui souffre et pleure ; parce que la vie en prison ou en exil s’est prolongée pour des milliers de compatriotes ;
parce que critiquer le travail du prince a coûté la vie à des libres penseurs ; parce que, partout, le pouvoir d’achat des populations s’est réduit comme peau de chagrin pendant que des cancres, des médiocres et des voleurs dont le seul mérite est d’être des complexés soumis à la France ont été promus et enrichis ;
parce que des familles et individus ont été spoliés de leur terre.

Pour que la nouvelle année soit différente de celle qui vient de s’achever, chacun de nous doit y mettre du sien, c’est-à-dire accepter de payer de sa personne, allier indignation et action, sortir de son petit confort pour rejoindre ceux et celles qui se battent pacifiquement pour l’avènement d’un monde plus juste, plus libre, plus humain. Formuler des vœux les uns pour les autres ne sera donc pas une chose suffisante.

Il nous faudra aussi agir, collectivement et avec détermination, car “accepter passivement un système injuste, c’est en fait collaborer avec ce système. L’opprimé devient par là aussi pécheur que l’oppresseur”, disait Martin Luther King.

Le pasteur noir ajoutait : “L’opprimé ne doit jamais laisser en repos la conscience de l’oppresseur... L’acceptation, si elle est souvent la solution de facilité, n'est pas une solution morale : c'est la solution des lâches.”

Refusons la lâcheté, la compromission et les faux compromis ; essayons de troubler au maximum la conscience de ceux qui nous oppriment et affament ; disons ensemble et partout “non” à l’ECO (de Macron et Ouattara), nouveau nom du franc CFA qui est un des piliers de la criminelle Françafrique ;

soyons impitoyables avec les traîtres et autres équilibristes. Bref, comme les mages d’Orient après leur rencontre avec l’enfant Jésus, prenons un autre chemin, quittons les sentiers battus, mettons en œuvre de nouvelles stratégies, explorons de nouvelles voies.

Comme eux, mettons-nous en route au lieu de contempler nos malheurs, au lieu de pleurer sur notre sort ou de nous en prendre à un Dieu qui nous aurait abandonnés parce que nous aurions transgressé ses lois. Alors, 2020 sera vraiment une nouvelle année ; alors, l’Afrique aura un nouveau visage ; alors, les Africains auront des raisons d’espérer.

Une contribution de Jean-Claude DJEREKE