Contribution / Gnamien Yao, conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo -‘’Le Secrétaire général de l’ONU et le personnel onusien en Côte d’Ivoire ont manqué de vigilance’’

Le 29 décembre 2010 par l'Intelligent d'Abidjan - Ancien ministre et ambassadeur, Gnamien Yao conseiller diplomatique du président Laurent Gbagbo, est inquiet de l’évolution de la crise postélectorale. En tant que diplomatique, il conseille aux Ivoiriens

la voix du régalement pacifique de la crise. Aussi s’insurge-t-il contre le règlement du conflit inter-ivoirien par voix armée, comme le souhaitent certains. Ci-dessous son appel.

Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU.

Le 29 décembre 2010 par l'Intelligent d'Abidjan - Ancien ministre et ambassadeur, Gnamien Yao conseiller diplomatique du président Laurent Gbagbo, est inquiet de l’évolution de la crise postélectorale. En tant que diplomatique, il conseille aux Ivoiriens

la voix du régalement pacifique de la crise. Aussi s’insurge-t-il contre le règlement du conflit inter-ivoirien par voix armée, comme le souhaitent certains. Ci-dessous son appel.

Le Continent Africain veut écrire sa propre histoire
Au moment où la communauté internationale menace la Côte d’Ivoire, notre pays, de représailles pour avoir légitimement choisi d’être un Etat de droit sur la longue route de la Liberté, il nous appartient de tout mettre en œuvre pour gagner la guerre de l’intelligence et des idées. Si hier au nom de «l’histoire », les africains ont favorisé la domination extérieure communément appelée la colonisation, par leurs guerres intestines, aujourd’hui, le début du 21ème siècle nous offre l’opportunité, de dire au monde que le moment est venu pour le continent africain d’écrire sa propre histoire, étant entendu qu’un « Africain », Barack Obama, est Président des Etats-Unis et qu’un autre « Africain », Kofi Annan, compte parmi ceux qui ont accédé au prestigieux poste de Secrétaire Général des Nations Unies. Dans ces conditions, prétendre que des africains, qu’ils vivent en Amérique ou en Afrique vont accepter de prendre les armes pour venir régler un contentieux électoral relevant strictement du droit dans un pays d’Afrique noire, est, à notre avis, suranné et simplement honteux. Si par instinct émotionnel une telle pratique devait avoir lieu, nous touchons du bois, elle condamnerait à jamais « tous les peuples noirs » du monde entier à la néoténie, à l’asservissement et à la vassalisation.

Notre soif de liberté est plus puissante que toutes les armées du monde
Au nom de ce que l’histoire repose sur la « Liberté » et la « Nécessité », au nom du droit inaliénable qu’à tout peuple de disposer de son propre destin, tous les fils et toutes les filles de la Côte d’Ivoire libre et indépendante, épris de paix et de justice ont choisi, dans cette période post-électorale, de rester fidèles à l’idéal qui a guidé et fondé la lutte des Martin Luther King, Joseph Ki-Zerbo, Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor, Léon Gontran Damas…, en un mot, la lutte des pionniers des indépendances des peuples noirs du monde, en rappelant à tous les autres peuples de la terre que selon Victor Hugo, « il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c’est une idée dont l’heure est venue. » L’heure est venue pour tous les peuples noirs du monde de réaffirmer, à partir de la Côte d’Ivoire, leur capacité à réinventer leur destin, « à se projeter en avant vers de nouvelles options, de nouvelles sommations et des découvertes », toutes choses qui marquent le point de départ de la renaissance du continent africain après tant de siècles d’humiliations et de frustrations. A quand l’Afrique ? se demandait Joseph Ki-Zerbo. Eh bien l’heure de l’Afrique libre est arrivée à partir de la Côte d’Ivoire. En vérité, notre peuple doit savoir « que si un peuple n’a pas de la liberté un amour suffisant pour être lui-même capable de l’arracher à ses oppresseurs, la liberté qui lui sera octroyée par des mains étrangères n’a rien de réel, ni de permanent. Aucun peuple, jamais, n’est devenu libre et l’est resté si ce n’est parce qu’il était déterminé à l’être. » Ceci étant, notre contribution se propose de convaincre nos compatriotes de ce que le recours à la force pour le règlement du contentieux électoral ivoirien est un déni du droit international et un mépris pour la capacité des Africains à être maîtres de leur destin. Dès lors, il nous appartient de nous mobiliser pour expliquer au monde pourquoi la guerre en Côte d’Ivoire est un complot contre la stabilité de l’Afrique de l’ouest, donc contre le développement de chacun des pays de la sous-région. Agir comme le recommande la France est suspect, quant on sait que dans le système international, la France s’est toujours présentée comme un régulateur hostile au recours à la force des armes pour régler les conflits internationaux. D’où vient donc que notre ancienne puissance colonisatrice soit devenue subitement adepte du recours à la force brutale des armes pour régler un contentieux électoral banal qui ne met en réalité pas en péril nos relations bilatérales ? A quoi obéit cet acharnement contre le Président Laurent Gbagbo tout en sachant que les hommes passent et que les peuples demeurent ? A mon avis le refus des autorités françaises d’accepter que la Côte d’Ivoire se démocratise davantage à son rythme, en fonction de son histoire, de sa géographie, de sa culture et de ses traditions pourrait se trouver dans cette phrase du Président François Mitterrand qui disait en 1957 ceci : « sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de France au XXIème siècle. » Pour réaliser ce rêve qui est un élément structurant de la politique extérieure de la France depuis au moins cinquante ans, a-t-on vraiment besoin de tant de mépris au point de conduire l’Organisation des Nations Unies à ce reniement qui montre qu’elle est un instrument au service des seuls grands de ce monde et que sa prétendue vocation de défenseur de l’égalité des Etats et de leur souveraineté n’a été que de la poudre aux yeux.

Il est inadmissible que
le Secrétaire Général de l’ONU soit sous influence
En agissant visiblement sous la dictée de la France et à un degré moindre des Etats-Unis, comme il nous est donné non sans peine de constater à la faveur de cette crise post-électorale interne à la Côte d’Ivoire, en violation flagrante de l’article 100 de la Charte des Nations Unies, qui stipule en partie que : « dans l’accomplissement de leurs devoirs, le Secrétaire Général et le personnel ne solliciteront ni n’accepteront d’instructions d’aucun gouvernement ni d’aucune autorité extérieure à l’Organisation… », le Secrétaire général de l’ONU et le personnel onusien en Côte d’Ivoire ont manqué de vigilance. Quel dommage ! Quels risques pour la paix en Afrique de l’ouest ! En vérité, après les échecs qui ont conduit à la partition de la Corée dans les années 1950 et à la guerre en Irak au début des années 2000, l’ONU vient de se tromper en Côte d’Ivoire. Que gagne l’ONU à ignorer la Constitution nationale ivoirienne qui consacre la souveraineté et l’indépendance politique d’un pays membre ? Pendant qu’il est encore temps, mobilisons-nous pour atténuer les effets collatéraux de ces manquements graves qui transforment l’ONU en une machine à broyer des libertés au lieu de demeurer un espace où se consolident « les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international. » J’affirme que l’ONU s’est trompée. En voici les raisons.

La guerre n’est pas
une fatalité
Il est de notoriété que les relations entre les hommes sont des rapports conflictuels. Il n’est même pas exagéré de dire que l’histoire de l’humanité tout entière se confond avec l’histoire de la guerre. Les relations internationales elles-mêmes sont « une suite ininterrompue de périodes de paix et de conflits . » De ce point de vue, il apparaît clairement que les conflits et les guerres ne sont pas une fatalité. Dès lors, « la recherche de moyens de résolution des conflits prend tout son sens ». C’est le lieu de noter que « quelles que soient leur ampleur et leur durée, les conflits ont des conséquences graves dont on aurait pu faire l’économie, d’autant plus que, même les conflits les plus meurtriers et les plus longs finissent par la réunion d’adversaires acharnés autour d’une table de négociation ». C’est la raison pour laquelle, depuis les deux grands conflits planétaires du XXème siècle, la préoccupation majeure de l’humanité est de débarrasser le monde « du fléau de la guerre et de ses cortèges d’horreurs. » Pour y parvenir, plusieurs mécanismes de plus en plus sophistiqués de prévention et de gestion de conflits ont été envisagés. Normalement, la démarche aurait pu être facile dans la mesure où, après chaque grand conflit, les hommes font toujours le serment de mettre fin à l’activité guerrière de l’humanité. Par exemple, la guerre 1914-1918 qui a fait 9 millions de morts a été perçue comme la « der des ders », c`est-à-dire la dernière aventure meurtrière dans laquelle l’humanité devrait s’engager. Malheureusement, l’histoire retiendra qu’elle n’aura été que la première guerre mondiale dans la mesure où malgré l’optimisme du constructeur automobile Henri Ford en 1928 et rapporté par Pascal Boniface selon lequel : « les hommes devenaient trop intelligents pour que puisse jamais se reproduire une grande guerre », l’humanité a connu la seconde guerre mondiale, cinq fois plus meurtrière et plus horrible que la première. Elle a fait autour de 50 millions de morts avec à la clé l’usage pour la première fois de l’arme atomique.(...)
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