Côte d`Ivoire : Ouattara lance l`épreuve de force

Le 15 décembre 2010 par le Figaro - La population est appelée à marcher jeudi sur la télévision d'État.

Ouattara discutant avec Choi de l'Onuci et Me Ahoussou Kouadio.

Le 15 décembre 2010 par le Figaro - La population est appelée à marcher jeudi sur la télévision d'État.

Plus de deux semaines après le second tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, alors que le pays demeure grotesquement partagé entre deux chefs d'État, le camp d'Alassane Ouattara a appelé, mardi, ses militants à descendre jeudi dans les rues «en masse et pacifiquement» dans «tout le pays». La marche, sans cesse évoquée depuis dix jours mais jusqu'à maintenant toujours repoussée par peur de violences, doit soutenir une autre initiative. Lundi, le premier ministre, Guillaume Soro, avait affirmé qu'il se rendrait jeudi, avec tout son gouvernement, au siège de Radio Télévision ivoirienne, puis, vendredi, à la Primature, pour tenir un Conseil des ministres.

Les deux bâtiments étant placés sous haute protection de l'armée ivoirienne, fidèle à Laurent Gbagbo, la double annonce a tout d'un défi pour les militaires. «L'armée est le véritable pilier qui a permis à Laurent Gbagbo de jouer son coup de force électoral puis de se maintenir au pouvoir. Si les militaires le lâchent, le régime s'effondre », analyse un observateur. La loyauté à Laurent Gbagbo d'une partie des 18.000 hommes des Forces de défense et de sécurité ne fait a priori aucun doute.

Une armée loyaliste
Au cours de ses dix années à la tête du pays, Laurent Gbagbo, tirant les leçons de la tentative de coup d'État contre lui le septembre 2002, s'est attaché les troupes d'élite. Ces quelque 4000 soldats sont répartis entre la garde présidentielle, sous les ordres d'un homme sûr, le général Brunot Dogbo Blé, et le centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) du général Guiai Bi Poin, ainsi que dans des unités de commando de marine. Les troupes, bien payées, sont très régulièrement promues et ne manquent de rien. En dépit de l'embargo officiel sur les armes imposé par les Nations unies, toutes sont bien équipées. En échange de ces bonnes grâces, Laurent Gbagbo exige une obéissance aveugle. «Si je tombe, vous tomberez avec moi », a-t-il lancé en août, lors d'un discours aux militaires. Le message est, pour l'instant, passé. Laurent Gbagbo a reçu, devant les caméras de télévision, l'acte d'allégeance de tous les hauts officiers.

Séduire les galonnés
Alassane Ouattara n'ignore pas non plus l'importance des «corps habillés». Le président élu veut, lui aussi, séduire les galonnés, se gardant bien de se livrer à des accusations globales, et appelant l'armée «à un comportement républicain». «Nous avons eu des contacts avec des officiers. Certains nous soutiennent», soulignait, mardi, un proche de Ouattara. Mais aucune défection officielle n'avait été enregistrée. Une certaine nervosité gagne néanmoins, ces derniers jours, les rangs du clan Gbagbo en dépit de l'annonce par l'un de ses membres d'une nouvelle médiation africaine. Le général Philippe Mangou, le chef d'état-major, a ainsi mis en garde les Casques bleus de l'ONU et les forces françaises, leur demandant d'être «véritablement impartiales».