Côte d'Ivoire: L’OCCIDENT AVOUE SON COUP D’ETAT ELECTORAL CONTRE GBAGBO

Le 10 janvier 2011 par IvoireBusiness - La ministre française des Affaires étrangères a accordé une interview au journal gratuit 20 Minutes du 5 janvier 2011. Dans cette interview, elle est intervenue sur la crise politique ivoirienne.

Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d'Ivoire.

Le 10 janvier 2011 par IvoireBusiness - La ministre française des Affaires étrangères a accordé une interview au journal gratuit 20 Minutes du 5 janvier 2011. Dans cette interview, elle est intervenue sur la crise politique ivoirienne.

Tout comme les Etats-Unis, elle fait une proposition d’exil au président Gbagbo, au cas où il accepte de quitter « normalement » le pouvoir. Voici ce que dit la Ministre dans cet extrait : « Les Etats-Unis ont proposé à Gbagbo de l’accueillir. La France serait-elle prête à lui faire la même proposition ? M.A.M : S’il partait normalement, pourquoi pas ? Je crois qu’il possède des propriétés en France… En revanche, s’il s’enferme dans un déni de démocratie, si des actes susceptibles d’être poursuivis devant les tribunaux et notamment des atteintes aux personnes interviennent, à ce moment-là, il est évident que la situation devient beaucoup plus difficile pour lui. »
Deux choses sont très évocatrices dans cette interview : les propositions d’exil et l’éventualité des poursuites devant les tribunaux. Les propositions d’exil au Président Gbagbo sont bien curieuses et incongrues. Elles le sont en ce sens que d’ordinaire ce sont les chefs d’Etats victimes d’un coud d’Etat qui sont contraints de s’exiler pour leur sécurité ou pour préserver leur vie. Pourquoi fait-on des propositions d’exil à un chef d’Etat considéré comme perdant d’une élection présidentielle, s’il quitte « normalement » le pouvoir ? Combien de Présidents dans ce monde sont allés en exil après avoir perdu une élection présidentielle?
Au fond, ces propositions d’exil confirment bien la thèse du complot contre le Président Gbagbo. Elles révèlent une réalité profonde, celle du coup d’Etat électoral dont Gbagbo a failli être victime. Pour une fois, l’on demande à la victime d’une tentative de coup d’Etat électoral son consentement pour son départ du pouvoir. L’on démarche pour achever un coup d’Etat électoral par la négociation, après l’échec des sanctions et autres formes d’intimidations et de chantages. Tout cela est bien extraordinaire, atypique ! Ces propositions d’exil montrent bien que ceux qui la font avouent subrepticement être dans une logique de coup d’Etat contre le Président Gbagbo. Etant inscrits dans cette logique, ils ne veulent pas déroger à la règle, à la coutume. Selon cette règle ou cette coutume, tout Président victime d’un coup d’Etat ne doit sa sécurité et sa survie qu’à l’exil. Konan Bédié n’a pas dérogé à la règle après avoir été victime d’un coup d’Etat en décembre 1999. Que dire des Khouame Nkruma, Issa Nabré, Charles Taylor etc.. ? La liste des chefs d’Etat exilés à la suite d’un coup d’Etat est longue, et confirme bien la règle. Le rapport entre coup d’Etat et exil est irréfutable.
Mais il faut noter que cette proposition d’exil contient également un piège, comme le cadeau d’Héphaïstos offert à la déesse Héra. L’exil n’est pas forcément un moment de repos, de liberté et de souvenirs des beaux moments et des sales temps passés au pouvoir. Le pays d’exil est aussi l’antichambre de la prison : Charles Taylor, l’ex-président libérien, chassé du pouvoir puis exilé au Nigéria, en sait quelque chose. Ainsi, l’on propose l’exil à Gbagbo pour le cueillir et le remettre à la Cour pénale internationale. Heureusement qu’il n’est pas dupe pour tomber dans un tel piège.
Dans ce complot diabolique, l’on va, par l’intermédiaire de l’Union africaine, proposer au Président Gbagbo une Amnistie. L’on veut fait croire qu’il refuse de quitter le pouvoir par crainte de la prison. Mais cela est bien loin de la vérité, étant donné qu’il refuse de quitter le pouvoir, parce qu’il est le Président élu et légitime des ivoiriens. Au fond, cette fallacieuse proposition d’amnistie, montre bien qu’un tribunal invisible l’a déjà arbitrairement jugé et condamné et n’attend que son départ du pouvoir pour le mettre au cachot. Une amnistie a effet d’annulation d’une condamnation et de ses conséquences pénales. La proposition d’amnistie montre que la condamnation par un tribunal invisible a déjà été prononcée. Ainsi va le monde des loups où les agneaux ne doivent leur survie qu’à une intervention divine, comme David face à Goliath.
ZEKA TOGUI, COPACI_INFOMAIL