Côte d'Ivoire: Dans l’enfer de l’arrestation du président Gbagbo . Un sachant témoigne

Le 22 juin 2011 par Notre voie - Il a rejoint la résidence de Laurent Gbagbo à Cocody le 3 avril dernier. L’arrivée de cet inconditionnel de Gbagbo dans ce lieu objet

Le Président Gbagbo;

Le 22 juin 2011 par Notre voie - Il a rejoint la résidence de Laurent Gbagbo à Cocody le 3 avril dernier. L’arrivée de cet inconditionnel de Gbagbo dans ce lieu objet

de toutes les attentions et de toutes les brimades a coïncidé avec les bombardements français et onusiens. Mais de cette date jusqu’à ce 11 avril 2011, date fatidique, il n’est plus ressorti de cette résidence tant convoitée par les Français et les hommes de Ouattara. Il a donc tout suivi ou presque. Il nous livre son témoignage. Ames sensibles, s’abstenir !
Le Président français Nicolas Sarkozy ayant pris partie pour la rébellion dans la crise post électorale en Côte d’Ivoire, a décidé de mépriser la procédure de recomptage des voix au profit de l’utilisation abusive de la force militaire contre le Président Laurent Gbagbo. Pour faciliter le renversement de ce «félin politique», Sarkozy et son gouvernement ont, sous le parapluie de l’ONU, pris l’option de déclencher une tempête de feu meurtrière contre notre peuple et notamment la résidence du chef de l’Etat ivoirien, le palais présidentiel et certains sites stratégiques d’Abidjan.
A l’effet de fragiliser la garde républicaine en se tenant hors d’atteinte de ses frappes, l’armée française a eu recours aux avions de guerre français, pour accomplir sa forfaiture, au détriment des contribuables français. Oui, cette attaque virulente était motivée par la volonté débridée de M. Sarkozy de rétablir l’hégémonie de la France sur la Côte d’Ivoire et l’Afrique, comme au temps colonial. L’optimisation de ses intérêts l’a conduite à agir en déployant des capacités de nuisance absurdes, pour refuser l’instant d’après d’assumer son coup d’Etat qui a remis le pouvoir à M. Alassane Dramane Ouattara, son ami. Mais que s’est-il passé dans cet exécrable enfer créé par la Force Licorne et l’ONUCI, dans le processus de l’arrestation du chef de l’Etat ivoirien ? Voici, à ce sujet, le témoignage d’un compagnon des instants d’enfer du président Laurent Gbagbo.
«Je me suis joint à l’équipe qui entoure le Président Gbagbo le 1er avril 2011. Ma venue a pratiquement coïncidé avec des frappes en provenance d’hélicoptères français contre la résidence du chef de l’Etat et la destruction de ses portails. Les bombardements s’étendent à la garde républicaine et détruisent toutes les entrées. Ces frappes destructrices se sont poursuivies le 03 avril 2011, avec rage.
Dès le 04 avril à 18heures, l’on constate à l’entrée principale de la résidence, un rassemblement massif de la jeunesse patriotique qui exprime son soutien au chef de l’Etat. Contre toute attente, cette jeunesse aux mains nues subit des frappes d’hélicoptères français, faisant plusieurs centaines de morts et de blessés. Ce même jour, vers 20heures, trois hélicoptères de l’armée française s’engagent dans un nouveau processus de frappes à répétition contre la résidence. Mais ces appareils ont comme par enchantement cessé leur action destructrice dès 21heures. Ce calme plat inattendu se prolongera jusqu’au lendemain matin, autorisant ainsi un semblant de repos aux otages politiques de Sarkozy et de ses rebelles ivoiriens.
Les 05 et 06 avril 2011, la détermination de Sarkozy à poursuivre sa barbarie contre le Président Gbagbo et la Côte d’Ivoire s’exprime par la venue de six (06) hélicoptères de guerre français. Ceux-ci vont pilonner différents sites de la ville d’Abidjan au moyen de rafales et de missiles, à partir de positions qui leur sont avantageuses. La résidence est à cette occasion assidûment pilonnée, à l’effet d’activer la reddition du chef de l’Etat. Dommage !! À cette violence démentielle provenant des hélicoptères français, s’ajoutent des tirs nourris en provenance de la résidence de l’ambassadeur français, juste à quelques pas du domicile du président ivoirien. Cette violence s’est exercée de jour comme de nuit, les bourreaux tirant sur tout ce qui bouge.
Décidément, la volonté meurtrière de Sarkozy gagne en ampleur les 07 et 08 avril 2011. Ici, l’armée française procède au bombardement systématique des chars et véhicules stationnés à l’intérieur de la résidence présidentielle. Elle tire également sur la Garde Républicaine jouxtant la résidence, y fait d’énormes dégâts. En fait, en anéantissant le dispensaire de la résidence qui abrite des malades et des blessés, l’on a compris que l’armée française célébrait son insensibilité, affirmait qu’à la place des cœurs, il n’y avait que des pierres et que les militaires qu’ils sont n’ont vocation qu’à obéir servilement. C’est à l’occasion de ces nombreux tirs et bombardements que le colonel-major Hilaire Babri Gohourou a été grièvement atteint pour ensuite rendre l’âme, car il était impossible de le soigner.
Le samedi 09 avril 2011, les bombardements sur la résidence s’intensifient davantage, et se veulent plus meurtriers et destructeurs, traduisant l’obsession de Sarkozy à se débarrasser d’une personnalité dont le crime est de s’être engagé politiquement à promouvoir la démocratie, défendre la souveraineté des institutions de son pays, et rêver à la dignité africaine. Oui, Sarkozy veut rapidement mettre un terme à cet idéal politique qui rame certainement à contre courant des valeurs que sont : Liberté, Egalité, Fraternité. Il est guidé par cette volonté coloniale et ce rêve hégémonique débridé au point d’agir rapidement pour mettre un pays sous le contrôle de la France, par personnes interposées.
A cet effet, le 10 avril 2011 à 17heures, des missiles sont tirés d’un hélicoptère français sur la résidence. Le Président était alors à table, s’efforçant de manger un peu. C’est alors qu’une détonation assourdissante frappe une des vitres arrières blindées de la résidence. La violence du bombardement contraint alors le Chef et son entourage à descendre au sous-sol jusqu’au lendemain matin. Le lundi 11 avril 2011 jour fatidique, dès 8 heures, les bombardements s’enclenchent à nouveau sur la résidence, sans aucun répit. On aurait dit que l’on traque un fauve intrépide et criminel dont la prise apportera quiétude et apaisement aux chasseurs. Ce fauve humain n’est nul autre que Laurent Gbagbo, un iconoclaste qui ose se dresser dignement contre le maître de l’empire colonial françafricain, Nicolas Sarkozy, homme pétri de culture hongroise et française, mais à la profondeur personnelle assez approximative. Face à ce déferlement de violence inouïe, Laurent Gbagbo s’interroge sur la raison profonde de ces actes absurdes de l’armée française, étant donné qu’il n’y a jamais eu de déclaration de guerre de la France. Cette violence sans nom était-elle vraiment motivée par un banal contentieux électoral, ou était-ce un acte prémédité de Nicolas Sarkozy pour laver un affront et ainsi évacuer un complexe ? Chose singulière, malgré la tempête de feu ininterrompue déclenchée par la force Licorne, le Président Gbagbo n’esquissait aucun signe de panique. Il gardait son calme habituel, arborait un sourire constant et détendait l’atmosphère grâce à son humour légendaire. Il rappelait assez souvent à son entourage sa philosophie du pouvoir et sa vision de la démocratie. Il parlait aussi du processus de construction d’une Afrique digne.
Pendant que ces interrogations se bousculaient dans la tête du Président, l’on signale le déclenchement d’un feu au dehors. Aussitôt après, la fumée passant par les commissures des portes provient de l’une des salles et envahit le sous sol où nous nous trouvons. Dans un habile réflexe, Michel Gbagbo met en marche le grand ventilateur à portée de main, dans l’intention d’évacuer cette fumée. Il déroule en outre la lance à l’effet d’éteindre l’incendie déclarée au dehors. Je réalise alors, fort de l’expérience acquise sous d’autres cieux, qu’il ne s’agit pas d’une fumée banale, mais d’un gaz, pour sa nuisance respiratoire et les picotements qu’elle génère. En effet, la présence persistante du gaz amplifie les difficultés respiratoires à tel point que le chef de l’Etat conseille à tous d’emprunter le tunnel qui conduit à la petite bibliothèque. Mais la porte qui donne accès audit tunnel est fermée et l’on ne dispose pas de la clef pour l’ouvrir. C’est alors que le ministre Désiré Tagro, aidé par d’autres personnes assez fortes, défonce la porte, pour faciliter la montée de tous vers le haut. Alors que nous faisons mouvement vers la petite bibliothèque, le Président Gbagbo instruit Tagro d’annoncer la fin de la guerre aux ennemis, par le moyen d’un drapeau blanc.
En remontant vers la surface, on voit dans les escaliers des militaires français. Le ministre Tagro fait alors mouvement pour leur parler, mais très vite, il retourne, car il essuie des rafales de leur part. Il n’est heureusement pas atteint. L’homme s’écrie alors : «On m’a tiré dessus, peut-être qu’ils vont le tuer ! ». Mais les circonstances l’obligent à surmonter ses angoisses pour s’adresser aux militaires et ainsi mettre fin aux belligérances, par les moyens conventionnels. La première dame met à profit ce temps pour ouvrir la porte de la petite bibliothèque, où toutes les autorités de premier ordre se retrouvent. On y trouvait entre autres personnalités : le Président Laurent Gbagbo et son épouse, M. Yanon Yapo, ministre de la Justice, M. Dakouri Tabley, ex- gouverneur de la Bceao, le ministre Jean Jacques Béchio, madame la ministre Christine Adjobi, madame Géneviève Bro Grébé, Présidente des femmes patriotes. On y trouvait également MM. Abou Drahamane Sangaré, Kuyo Téa Narcisse, Mme Obodou Marceline, secrétaire particulière du chef de l’Etat etc. En fait, il se trouvait dans cette résidence que l’armée française a décidé de pilonner sur ordre de Sarkozy et avec la honteuse complicité de l’ONU, au moins 250 personnes, toutes des morts virtuels.
En effet, après s’être assurés qu’il n’y avait plus de résistance armée à l’intérieur de la cour et dans le bâtiment, l’armée française cède la place à des militaires des forces africaines Ecomog qui font mouvement vers nous, tout excités. Ils nous interrogent alors sur un ton sévère : «Où est le Président Gbagbo ? ». Dans leur élan de colère, ils exécutent deux personnes conduites dans le sous-sol. Cela oblige plusieurs autres personnes à remonter dans le hall. Et dans un sang froid total, la Première Dame ouvre la porte de la petite bibliothèque. Elle sort alors, suivie du ministre Tagro et du Président Laurent Gbagbo qui dit d’une voix calme aux soldats en face : «Ne me tuez pas, allons-y ! ». Ces soldats ordonnent à tout le monde de se déshabiller. L’exécution de cette injonction leur fait pousser des clameurs du vainqueur en disant : «On a arrêté le Président Gbagbo, il s’est rendu».
Malheureusement, l’arrestation du Président va être suivie dans l’espace de la résidence, d’une violence inouïe. En effet, les soldats des FRCI sur les lieux, utiliseront les crosses de leurs fusils pour molester avec rage les cuisses, les genoux et mollets des «ennemis» en présence. Ils utiliseront aussi des armes blanches, des faucilles et bien d’autres objets tranchants pour agresser l’entourage du Président au point où certaines des victimes se meuvent aujourd’hui difficilement. Ainsi, l’on pouvait voir le sang couler des têtes, des fesses, des corps de la plupart des personnes présentes. C’était une vraie orgie meurtrière. Mais nous étions aussi soumis à d’autres actes dégradants, car il nous était exigé de nous mettre nu comme à la naissance d’une part et d’autre part de répéter mécaniquement et avec joie cet hymne à Alassane Ouattara : «Gbagbo est arrêté, Alassane est président ! ». Dans cette grisaille humiliante savamment orchestrée par l’armée française, pour livrer des intelligences respectées à des soldats, la Croix Rouge jouait habilement sa partition en donnant les premiers soins aux blessés graves, pour ensuite les conduire au CHU de Cocody, sous le regard froid des soldats français. Dans le même temps, le Président Gbagbo et certains de ses collaborateurs sont manu militari conduits au Golf Hôtel, Quartier Général de M. Ouattara, pour les exhiber comme des trophées de guerre. Oui, l’ancienne ministre de la Culture du Mali a raison de s’écrier que «l’art de vaincre sans avoir raison est le propre de l’occident», surtout que le profil de Laurent Gbagbo ne répond pas aux critères des gouvernants français».
Au total, l’arrestation du Président Laurent Gbagbo a été orchestrée et exécutée par l’armée française sur ordre de M. Sarkozy et avec la complicité active de l’ONU. Elle a exécuté l’acte en usant à fond sa capacité de nuisance, pour favoriser la reddition du chef de l’Etat ivoirien et sa remise entre les mains des forces rebelles de M. Ouattara. En le faisant, Sarkozy tente de ruiner le charisme mythique de Laurent Gbagbo, acteur politique majeur en Afrique du fait de sa vision dynamique pour son pays et le continent tout entier. Le néocolonialiste Nicolas Sarkozy lance ainsi un ultimatum vibrant à tous ceux qui couvent des velléités indépendantistes et souverainistes au sein de la Françafrique. Il les appelle à une discipline absolue vis-à-vis du gendarme de l’Afrique qu’est la France. Sarkozy montre aussi que cette France, pour assurer sa survie par la forfaiture, monte des rébellions et les utilise contre ceux qu’elle redoute. Cette entreprise honteuse contre le continent se réalise avec la complicité d’acteurs politiques nationaux, et des organisations régionales et sous régionales passives, pour retarder l’essor de l’Afrique. En Côte d’Ivoire, le Président français et son armée ont défriché le champ de la terreur par l’intermédiaire d’une opposition rebelle. Ils ont ainsi favorisé une rupture de grande ampleur politique et sociale au nom de leurs intérêts, en faisant la guerre contre un Etat souverain sous l’excellent prétexte de protéger des civils. Ce voile pudique de protection des civils pour commettre les forfaitures, Sarkozy et son équipe l’utilisent également en Lybie. En agissant ainsi, le supposé réalisme politique de Sarkozy profite-t-il vraiment à la France, ou prépare-t-il cette nation à vivre en temps opportun les lugubres réalités de la transposition de la terreur sur le théâtre français ?
Zabril Koukougnon