Beta Simon, artiste reggaeman, créateur du Baïssadé: « Tiken Jah soutient le régime d’Alassane Ouattara. C’est son choix, choix que je n’approuve pas »

Le 15 août 2011 par IVOIREBUSINESS - A l’occasion de la sortie de son cinquième album, « Soupe de pierres », actuellement disponible sur

internet, à la Fnac et dans différents réseaux de distribution, l’artiste Beta Simon créateur du « Baïssadé » s’est prêté à nos questions autour d’un verre dans un restaurant parisien. Avant de s’envoler pour la province et Londres où il doit donner une série de concerts pour le bonheur de milliers de mélomanes.
Très prolixe, le reggaeman Beta Simon n’a occulté aucune de nos questions.

Beta Simon, artiste reggaeman ivoirien vivant en France. Créateur du "Baïssadé".

Le 15 août 2011 par IVOIREBUSINESS - A l’occasion de la sortie de son cinquième album, « Soupe de pierres », actuellement disponible sur

internet, à la Fnac et dans différents réseaux de distribution, l’artiste Beta Simon créateur du « Baïssadé » s’est prêté à nos questions autour d’un verre dans un restaurant parisien. Avant de s’envoler pour la province et Londres où il doit donner une série de concerts pour le bonheur de milliers de mélomanes.
Très prolixe, le reggaeman Beta Simon n’a occulté aucune de nos questions.

Salut Beta Simon, vous venez de sortir un album, comment s’appelle-t-il ?

BS : Soupe de pierres !

Pourquoi Soupe de pierres ?

C’est l’histoire de quelqu’un qui prend plaisir à se retrouver autour d’une table, en famille avec ses frères et ses amis. Mais de temps en temps pour le faire, il faut sortir quelque chose en poche pour faire à manger, pour qu’il y ait du plaisir, et pour être autour d’une table avec des amis.
Mais il est arrivé un jour que cette personne n’ait plus rien. Mais quand même il a eu le courage de prendre une pierre et de l’eau qu’il a mis sur le feu et a invité ses amis à manger. Il a envoyé quelqu’un aller voir qu’est ce qu’il y avait dans la sauce. Cette dernière goutta à la sauce et demanda qu’est ce qu’il y avait au feu ? « Ta sauce ne ressemble à rien, il n’y a même pas de sel » dira-t-elle.
Il enjoignit à la personne d’aller chercher du sel. Bref, chacun participa à la réalisation de cette soupe de pierres.
Soupe de pierres, ça veut dire, chaque personne qui envoie ses ingrédients.
C’est comme ça qu’on a enregistré l’album. Chaque musicien a contribué à faire des arrangements. Pablo Uwa qui a mis le studio d’enregistrement à notre disposition. C’est de rien. Donc je me suis dit la débrouillardise, quand on a rien, le rien est une matière première. De rien on peut toujours faire quelque chose si on a le souci ardent de partager, d’être autour d’une table avec ses amis.
L’idée générale, quand on n’a rien, on ne doit pas baisser les bras.

Quels sont les autres thèmes abordés dans cet album ?

Je touche beaucoup d’aspects de la vie courante, du village, et je parle aussi de l’économie, du nazisme monétaire. J’aborde également le nouvel ordre mondial et parfois des petites histoires d’oiseaux. Voilà, je touche un peu à tout dans cet album.

C’est votre quel-ième album et où a-t-il été enregistré ?

C’est mon 5ième album et il a été enregistré à Paris dans le studio de Pablo Uwa.
C’est lui qui a été le technicien du son, également arrangeur de quelques titres comme les autres musiciens avec lesquels je joue.
Et moi aussi j’ai enregistré d’autres titres.

Combien de titres il y a sur cet album ?

Il ya douze titres. 11 chantés et un Dub.

Vous avez un moment donné collaboré avec Tiken Jah Fakoly. Pourquoi n’est-il pas sur cet album ?

Ce que j’ai fait avant, Tiken n’était pas là-dessus, et ce que Tiken a fait avant, je n’étais pas non plus là-dessus, jusqu’à ce que nos routes se croisent parce qu’on avait un objectif à atteindre, qui était de chanter pour la paix en Côte d’Ivoire. Et on a chanté une chanson dans laquelle j’ai dit quelque soit nos manières, il faut s’interpeller sur la raison. Tiken lui aussi a dit « anbedèkeleman » qui veut dire soyons unis, soyons ensemble. Donc on a chanté une chanson pour interpeller tout le monde sur ce qui se passait en Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui j’ai enregistré parce que j’ai eu non pas les moyens de le faire, mais surtout la disponibilité de mon entourage.

On raconte que Tiken et toi seriez brouillés ?

On ne s’est pas mis là pour parler à vive voix, donc je ne sais pas si on s’est brouillés par rapport à ce qui se passe en Côte d’Ivoire ou par rapport au travail.
Non, mais chaque individu à le droit de faire un choix. Et des fois, l’incompatibilité de choix peut vous donner plusieurs directions. Tiken en ce moment soutient le régime d’Alassane Ouattara. Son soutien, c’est son choix, choix que ne n’approuve pas. Et ce n’est pas une raison valable pour qu’on ne fasse pas un travail. Ce qu’on devrait faire est fait. Lui dans les chansons a dit que Gbagbo devait quitter le pouvoir. Moi j’ai dit que c’est Alassane qui devait quitter le pouvoir. Mais mon propos dépasse la personne d’Alassane, car je parle de souveraineté nationale, de respect des institutions de la République de Côte d’Ivoire. Je crois que la Constitution de chaque pays devrait être respectée. Donc je suis contre l’ingérence de la France dans nos affaires.
Si je vois mes amis Alpha Blondy et Tiken Jah chanter les louanges de l’armée française parce qu’elle a enlevé Laurent Gbagbo du pouvoir, c’est un point de vue que je désapprouve.

Tiken et Blondy réconciliés font une caravane de tous les artistes de Côte d’Ivoire pour les réconcilier les ivoiriens. Qu’en pensez-vous ?

Quand on parle de réconciliation, tu ne peux pas être contre. Mais il faut d’abord comprendre le sens du mot réconciliation. C’est mettre les choses en place. Qui a besoin de mettre qui en place et qui les avait déplacées ?
Donc pour moi, je suis pleinement d’accord avec la réconciliation et quiconque veut mettre les choses en place. La réconciliation ne doit pas être de la poudre aux yeux de l’opinion internationale pour faire comprendre à tout le monde que tout se passe bien en Côte d’Ivoire. Je ne doute pas un seul instant de la nébuleuse conspirationniste derrière Alassane Ouattara, qui a programmé de déposséder la Côte d’Ivoire aux ivoiriens. Sous Alassane Ouattara, le pays ne connaîtra aucune avancée technique et industrielle. Cette conspiration a pour objectif de détruire toutes les souverainetés des pays africains.

La tournée de réconciliation m’intéresse, mais à condition que ça ne soit pas de la poudre aux yeux. Réconciliation veut dire « Reconcilare », c'est-à-dire remettre les choses en place. Donc qu’ils mettent ceux qui étaient là à leurs places. Que Laurent Gbagbo soit libéré pour commencer. Tu ne peux pas avoir des gens en prison et puis parler de réconciliation. Et nous les artistes qu’on prenne nos cachets pour aller aider ceux qui doivent être aidés. Mais on ne peut pas se mettre là pour fêter une victoire du coup d’Etat et faire semblant comme si on fêtait une réconciliation.

Avez-vous été contactés par les organisateurs de cette caravane de la paix ?

Alpha Blondy a dit il a contacté Beta Simon ! Mais en réalité, je n’ai jamais été contacté par lui, je n’ai pas encore eu son coup de fil et j’attends. Pour moi, ce serait une aubaine pour que je pose mes conditions de la réconciliation.

Des dates, des concerts par rapport à l’album qui vient de sortir dans les bacs et qui s’arrache comme de petits pains ?

Oui des festivals sont programmés et nous sommes dans l’attente de la confirmation de notre participation.
Le 13 août, j’ai joué au sud de la France. Le 20 je suis à Londres et le 27 je joue à Paris.
Bon, il y a beaucoup de dates. Une dédicace est aussi prévue pour présenter « soupe de pierres » à nos mélomanes.

Où l’album est-il en ce moment disponible ?

L’album est disponible sur internet qui est aujourd’hui le plus grand outil de communication au monde.
Ceux qui ont besoin du CD peuvent le commander par internet. On a aussi un site internet sur lequel il y a une adresse où on peut passer la commande directement.
C’est nous qui faisons la production et la distribution en même temps. On est chargé de déposer l’album dans plusieurs FNAC (Fnac de Rennes, Fnac de place d’Italie à Paris ont déjà l’album).

Et Abidjan c’est pour quand ?

Je n’ai pas encore prévu une date pour aller à Abidjan, ni mandaté quelqu’un pour distribuer l’album là-bas. Je privilégie d’abord l’Europe parce que si le message doit passer, c’est d’abord ici. Mais l’idéal serait de faire une licence de distribution avec une maison qui est sur place. Bientôt je serai en pourparlers avec certaines maisons de distribution à Abidjan.

Un message à lancer ?

Je dis à tous mes frères africains qu’aujourd’hui, nous sommes dans un monde où tout est mûr pour tout le monde. Ce n’est pas le moment de conquérir, mais plutôt de cueillir.
On doit prendre conscience de nos esclavagistes qui changent de forme. Et les africains doivent prendre conscience que nous sommes à la base de l’évolution du monde. Le complexe d’infériorité, on doit l’enlever maintenant et on doit arrêter d’être parasite pour donner l’occasion à nos esclavagistes de nous avoir tout le temps. Et puis un peu de grain de spiritualité pour avancer dans le chemin que Dieu a tracé pour nous.

Merci l’artiste.

Propos recueillis à Paris par Christian Vabé