Bédié, 3ème mandat, Gbagbo/ Guikahué fait le grand déballage: « Le 6 août, Ouattara doit annoncer qu'il ne sera pas candidat». « Le jugement par contumace n’agit pas sur le casier judiciaire »

Par Le Temps -Convention du Pdci, 3ème mandat, Gbagbo/ Guikahué se lâche et fait le grand déballage « Nous attendons d’Alassane Ouattara le 6 août qu'il annonce qu'il ne sera pas candidat».« Le jugement par contumace n’agit pas sur le casier judiciaire ».

UNE de Le Temps du 05 août 2020.

Pr Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda, dans cet entretien, se lâche et fait le grand déballage sur les sujets brûlants de l’actualité politique.

Quels bilans pouvez-vous faire après la convention de votre parti?

Le bilan de la convention est positif. D’abord l’organisation. 129 Présidents Délégués et leurs Adjoints ont présidé les conventions éclatées, en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Il y a eu 363 bureaux de vote ouverts au total. Les élections se sont déroulées dans le calme, sans incidents et les résultats ont été proclamés dans les délais exigés par le bureau politique.

Ensuite la participation qui a été massive (94, 83%).Par cette mobilisation exceptionnelle, les conventionnels ont démontré leur adhésion à la conduite du processus de désignation de leur candidat et à la candidature même du Président Henri Konan Bédié.

Enfin le plébiscite du Président Henri Konan Bédié qui a été élu candidat du Pdci-Rda avec 99,67% des suffrages exprimés. Sur 8716 suffrages exprimés, le Président Henri Konan Bédié a obtenu 8687 voix. Seuls 29 conventionnels (bulletins blancs) n’ont pas voté pour le Président Henri Konan Bédié.

Parce que nous avons considéré les bulletins blancs comme un vote contre. C’était un candidat unique. Et nous avons eu 29 bulletins blancs. Dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits de cette convention.

Vous dites que les élections se sont déroulées dans le calme, sans incidents. Et pourtant, il y a eu du grabuge à Samatiguila…

C’était un incident mineur. Il y a des jeunes du Rdr qui ont voulu empêcher la rencontre. Avec l’intervention des autorités administratives et coutumières, les choses sont entrées dans l’ordre. Et la réunion a été tenue.

Pensez-vous que votre parti est sorti soudé de cette convention?

Un parti politique avec des militants requinqués, déterminés, mobilisés et prêts pour des élections transparentes et apaisées.

Comment allez-vous gérer le cas KKB ?

Monsieur Kouadio Konan Bertin est un militant du Pdci-Rda-Rda. Il est membre du bureau politique. Il a exprimé sa position. Il n’a pas soutenu la candidature du Président Henri Konan Bédié. C’est son droit le plus absolu.

Maintenant que les élections internes sont terminées, il faut se rassembler autour de cette candidature pour la faire prospérer. Sinon, on ne peut pas lui en vouloir d’avoir exprimé ce qu’il avait à exprimer. Les élections sont terminées. Tout le monde doit se mobiliser, se rassembler autour de la candidature du Président Henri Konan Bédié, y compris KKB.

Selon lui pour sa candidature, les jeux n’ont pas été démocratiques…

Les jeux ont été très démocratiques. Il peut l’annoncer. Il n’a pas d’éléments précis. Qu’est-ce qui montre que les jeux n’ont pas été démocratiques ? Les jeux ont été tellement démocratiques qu’il a été recalé. L’élément majeur qu’il feint d’ignorer, c’est dans les statuts : «Nul ne peut être membre de plus d’une délégation ».

Demandez-lui quel est le nom de la délégation qui est sur sa carte de militant Pdci-Rda 2020. Lui-même, pour être candidat, il a payé sa carte de 2020. Et c’est marqué Port-Bouet.

Il a évoqué Bocanda…

Non. Je parle de la carte. Sur notre carte de militant, il y a la délégation où tu milites. Et même la section. Et il y a le code. C’est-à-dire, chacun a un numéro unique dans la délégation. S’il avait acheté une carte de Bocanda en 2020, on pouvait comprendre.

Mais la carte qu’il a achetée en 2020, c’est marqué Port-Bouet. Et il va prendre une fiche technique de Bocanda où il n’est pas militant. Il est né à Bocanda. Mais, il n’est pas militant à Bocanda. Il est militant à Port-Bouet. C’est une fraude.

Le comité de candidature ne pouvait pas l’accepter. C’est parce que les jeux ont été démocratiques que sa candidature a été rejetée. On fait les choses dans les règles de l’art. Le comité de candidature était plein de juristes. Il y avait des avocats, des juges. On n’a pas plaisanté.

Il déplore que tous les membres de ce comité ont été nommés par le Président Henri Konan Bédié qui était candidat comme lui…
Tous les membres de ce comité n’ont pas été nommés par un candidat. Ils ont été nommés par le président du parti.

Mais qui est candidat…

Est-ce que le président Ouattara qui était candidat en 2015 a dissout le Conseil constitutionnel ? Et quelqu’un d’autre a nommé les membres ? Ce sont ses prérogatives de Président. On n’a pas dit que le Président doit démissionner avant d’être candidat.

Il reste Président du parti. Nous, nous sommes des politiques. Ce qui allait se passer, on avait mis en place trois comités. A savoir : Le comité électoral qui pilote les élections. Le comité de candidature qui est neutre dont les décisions sont sans recours.

Et un comité de médiation au cas où il y avait des rapprochements à faire. Si sa candidature avait été retenue, on aurait été obligé de faire un comité électoral paritaire. C’est-à-dire, on allait mettre les gens de son staff dans le comité électoral pour qu’ils voient comment on prépare les élections. Mais, il n’est pas arrivé.

Il se raconte qu’il sera candidat à la présidentielle…

Nous attendons de voir.

Il pourra diviser les voix de votre parti…

Si d’aventure il était candidat comme vous le prétendez, les résultats nous situeront.

Si d’aventure, il est candidat y aura-t-il des sanctions contre lui ?

On n’est pas encore à ce stade. Il faut qu’il soit candidat d’abord.

Quels commentaires faites-vous de votre nomination comme Directeur de campagne du Président Bédié?

Je ressens un honneur de diriger la campagne d’un homme de valeur comme le Président Henri Konan Bédié, candidat d’un parti historique, le Pdci-Rda. Donc, c’est un honneur.

Est-ce que ce n’est pas un lourd fardeau pour vous?

En effet, c’est une grande charge, mais je ne serai pas seul à porter ce fardeau si on peut considérer cela comme un fardeau.

Comment comptez-vous mener cette campagne?

Je serai le chef d’une équipe d’hommes et de femmes d’expérience, compétents, anciens comme jeunes et tenant compte de la géopolitique. Une équipe de frères et de sœurs ayant un objectif commun, la victoire du Président Henri Konan Bédié et du Pdci-Rda, le 31 octobre 2020. Je n’ai pas de soucis.

Le Rhdp s’offusque que le président du Pdci-Rda soit encore candidat pour son âge ?

Nous sommes en démocratie et les choix sont libres. La frilosité manifeste des militants du Rhdp devant la candidature du Président Henri Konan Bédié est l’expression de leur appréhension d’une défaite inexorable du Rhdp, le 31 octobre 2020. Parce que hier, on disait qu’on a des dossiers sur lui. A la conférence, j’ai démontré que c’était faux. Ils disent encore : «ancien président doit être membre du conseil constitutionnel ».

Ils oublient qu’en 2003, le président a démissionné du Conseil constitutionnel pour être candidat en 2005, l’élection qui s’est passée en 2010. Il n’a plus jamais siégé. Et le Président Henri Konan Bédié a été régulièrement président d’un parti politique. Et qui est incompatible avec être membre du Conseil constitutionnel.

Est-ce que votre parti a les moyens de remporter la présidentielle du 31 octobre 2020 ?

Nous allons nous donner les moyens pour gagner cette élection. Et nous la gagnerons.

Quels sont ces moyens ?

Tous les moyens matériels, humains. Nous en avons. Nous allons nous donner les moyens. Et nous allons lutter pour que notre victoire ne nous soit pas volée.

L’opposition va à ces élections alors que la Commission électorale indépendante n’a pas encore été réformée comme l’a ordonné la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ?

L’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples du 15 juillet 2020, va être appliqué intégralement avant les élections, d’autant plus que cet arrêt dispose que les changements contenus dans cet arrêt doivent être opérés avant toute élection. Nous n’avons pas de crainte. Cet arrêt sera appliqué intégralement sinon, il n’y aura pas élection.

Ah bon!?

La Cour dit que ces changements qu’ils ont demandés doivent être fait avant toute élection. Cela veut dire que s’ils ne changent pas, selon la Cour, il n’y aura pas d’élection en Côte d’Ivoire.

Et pourtant, le Pdci-Rda vient de nommer son représentant au sein de la Commission électorale indépendante…

Nous avons décidé de respecter l’arrêt de la Cour. S’il y a, une décision de justice, ou on la respecte, ou on ne la respecte pas. La Cour a fait trois ordonnances. Premièrement l’arrêt reconnaît la composition de la Commission électorale indépendante à 16 personnes. Parce que pendant le jugement, le gouvernement a changé la loi. On est passé de15 à 16 personnes. La Cour reconnaît cela.

A partir du moment où la Cour reconnait qu’elle retient la composition à 16, et que nous voulons appliquer les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, nous sommes obligés de rentrer.

Parce que le Pdci-Rda a sa place en tant que le parti qui a plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Nous respectons cela. Raison pour laquelle, le Pdci-Rda rentre à la Cei. La deuxième ordonnance demande au gouvernement de laisser les partis de l’opposition et les représentants des organisations de la société civile de s’organiser pour choisir eux-mêmes leurs représentants.

Les partis sont en train de s’organiser pour envoyer leurs représentants à la Commission électorale indépendante. La troisième ordonnance indique que toutes les élections des Cei locales doivent être reprises. Nous, nous voulons respecter l’arrêt, on est rentré. Et maintenant, on va batailler pour que les deux autres choses soient changées. D’ailleurs, le gouvernement a donné son accord pour reprendre les Cei locales.

Le problème qui se pose au niveau de la Cei centrale, c’est comment remplacer les anciens qui étaient considérés comme soit disant membres de l’opposition par les vrais opposants. C’est ce qu’on va discuter.

L’opposition pense-t-elle toujours à une candidature unique ?

Nous y travaillons.

Pensez-vous qu’un candidat unique de l’opposition a la chance de remporter les élections que plusieurs candidats face au candidat du Rhdp ?

C’est évident. La voie royale pour l’opposition c’est le rassemblement autour d’un candidat après des discussions sérieuses. D’ailleurs cela transparaît dans le discours que le Président Henri Konan Bédié a prononcé lors de la cérémonie de proclamation des résultats officiels le 29 juillet 2020. C’est la voie royale.

Le Rhdp soutient qu’il remportera les élections présidentielles au premier tour ?

Allons aux élections et on verra

Les appels pour une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle se multiplient. Quelle est votre sentiment ?
Aucun.

Il a le droit de se présenter, explique-t-on du côté du Rhdp. Vous n’êtes pas d’accord ?

Le Président Henri Konan Bédié, a clairement exprimée lors de son interview sur France 24 que le 3ème mandat d’Alassane Ouattara est illégal et qu’il n’a pas le droit de se présenter. Nous étions ensemble au Rhdp. Avant d’aller en campagne pour le référendum pour la nouvelle Constitution de 2016, nous avons eu une séance de travail avec le ministre de la Justice qui nous a outillé pour aller proclamer partout que l’article 183 de la nouvelle constitution interdisait au Président Ouattara de briguer un 3ème mandat.

Et c’était la ligne de notre campagne pour le référendum. L’article 183 n’a pas été supprimée par la récente révision constitutionnelle de mars 2020. Il existe encore dans la constitution. Donc le Président Alassane Ouattara ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Ouattara avait prévenu, si l’ex-président Bédié y allait, il se réservait le droit d’en faire tout autant…

Cela n’est écrit nulle part dans la constitution ivoirienne or en matière d’élection c’est la constitution qui compte.

Adama Bictogo du Rhdp a déclaré : « Le président Ouattara est le mieux placé pour battre Henri Konan Bédié au premier tour ». Que dites-vous ?

Il est conscient du poids du candidat Henri Konan Bédié et il nous donne la victoire par cette déclaration.

Qu’allez-vous faire s’il est candidat?

Ça dépend du peuple de Côte d’Ivoire.

Pourquoi le peuple ?

Il veut être candidat. C’est le peuple qui est souverain. C’est le peuple qui donne le pouvoir.

Et vous en tant que parti politique ?

Je fais partie du peuple.

Que dites-vous des jeux d’alliance?

Ils font partie de la vie politique, les jeux d’alliance

Où en êtes-vous avec votre rapprochement avec le Fpi?

Nous travaillons étroitement avec l’équipe du Secrétaire général Assoa Adou
On parle d’une alliance politique, pas d’une alliance électorale
Il faut d’abord être ensemble avant de faire des projets communs. Et nous sommes ensemble.

Est-ce que si l’un d’entre vous arrive au second tour aura-t-il le soutien de l’autre?
Cela va de soi.

Le nom du Président Laurent Gbagbo a été retiré de la liste électorale. Qu’en dites-vous ?

Ce que j’ai appris en droit, quand quelqu’un est jugé par contumace, c’est quand il vient qu’on le juge que cela devient une peine. Le jugement par contumace n’enlève pas les droits civiques. Le casier est nul. Si le Président Gbagbo est candidat, il va venir en Côte d’Ivoire. Toute personne qui est jugée par contumace est absente. Il va venir en Côte d’Ivoire. Et peut-être qu’ils vont reprendre le procès. Le jugement par contumace n’agit pas sur le casier judiciaire.

Parce que ce n’est pas définitif. Je suis en train de me poser des questions. Parce que chaque jour on apprend. Est-ce que quelqu’un qui est condamné n’a pas droit à un passeport ordinaire? Où est la relation entre le passeport et la condamnation ? Ce n’est même pas un passeport diplomatique. Souvent on peut donner des passeports diplomatiques, de service par courtoisie.

Mais, pour un passeport ordinaire, il faut être ivoirien. On demande l’acte de naissance et le certificat de nationalité. Je lance un appel aux dirigeants du Rhdp. En politique et surtout que nous sommes dans un système démocratique et multipartisan, il faut avoir à l’esprit l’alternance démocratique. C’est comme un pendule. A un moment donné, vos idées ne sont plus en phase avec la population. La politique, c’est le domaine des intérêts.

C’est la confrontation de conflit d’intérêt. Mais, il faut être un homme de compromis si tu veux faire une bonne politique. Et ouvert au dialogue. Si tu vas à une table de négociation pendant que tu avances tes idées, il faut accepter aussi de recevoir les idées des autres. On va à un rendez-vous du donner et du recevoir. Tu gagnes un peu. Mais tu ne peux gagner sans perdre aussi. Et cela fait l’équilibre. Il ne faut pas être un radical et aussi être dans la compromission. Il faut être un homme de compromis. Je lance un appel au Rhdp que nous sommes dans le pays d’Houphouët-Boigny.

D’abord, le multipartisme est acté. Personne ne peut le ramener en arrière. Le parti unique est mort. La société évolue. C’est une émulation. C’est un jeu politique. Nous sommes des adversaires politiques dans les idées. Nous ne devrons pas être ennemis. Houphouët-Boigny a dit : « En politique, il faut prier pour tes adversaires pour qu’ils vivent pour se rendre compte de ce que tu es en train de faire ».

Les menaces et les intimidations sont révolues. Nous sommes dans un jeu politique. Que la classe politique soit assainie. Que ceux qui veulent vraiment faire la politique fassent la politique. Les partis politiques sont reconnus par la constitution. Ils sont constitutionnels. Ils doivent bénéficier de la protection de l’Etat. Allons-y. C’est une compétition.

Ouattara avait demandé 5 ans pour travailler. Afin de changer la Côte d’Ivoire. Quand il a fini ses 5 ans, le Président Bédié a demandé qu’on lui donne 5 ans encore. On lui a donné. Cela fait 10 ans. Nous qui avons été formés à la politique, nous sommes pour l’alternance. Il faut que beaucoup se forme en politique. La Côte d’Ivoire est un pays avec le multipartisme qui est ancré. Et, on ne peut faire marche-arrière.

Ouattara va s’adresser, ce jeudi 6 août 2020, à la Nation. Qu’attendez-vous de ce discours ?

J’attends qu’il dise de bonnes choses. Qu’il libère les prisonniers politiques. Qu’il fasse le retour des exilés. Qu’il fasse la décrispation. Qu’il dise qu’il ne sera pas candidat et que c’est une fausse alerte.
Qu’il tienne à ce qu’il y ait une nouvelle génération. Parce qu’il est parti devant le congrès le 5 mars 2020. Le congrès, c’est le regroupement des représentations nationales. C’est-à-dire les députés, les sénateurs. C’est devant le peuple qu’il a dit le 5 mars 2020 qu’il passait à une nouvelle génération et qu’il n’allait pas être candidat.

Il doit respecter le congrès. Parce que le congrès est constitutionnel. Il n’a pas fait cette déclaration dans un meeting. Il a parlé devant le congrès. Donc il ne peut pas changer. Et qu’il ne revient plus sur sa décision. Et qu’il va appliquer l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples du 15 juillet 2020.

Il est au terme de ses deux mandats. Et qu’il veut sortir grandi. J’attends le discours d’un ancien Directeur du Fonds monétaire international. Il dit qu’il a donné des instructions pour donner le passeport au Président Laurent Gbagbo pour qu’il revienne dans son pays. Car nul n’a le droit d’être en exil. Et c’est constitutionnel.

Interview réalisée par :
Yacouba Gbané