Avec Twitter, la présidentielle est plus folle !

Le 05 novembre 2010 par JA - Le long décompte des résultats de l’élection présidentielle ivoirienne a donné lieu à deux nuits palpitantes sur Internet, et sur

les réseaux sociaux comme Twitter en particulier.

Plus impatient, tu meures. La plupart des jeunes Ivoiriens n'ont qu'un vague souvenir de l’élection présidentielle de 2000. Mais peut-être plus que le reste de la population, ils attendaient avec fébrilité le résultats du scrutin de 2010.

De Autre presse.

Le 05 novembre 2010 par JA - Le long décompte des résultats de l’élection présidentielle ivoirienne a donné lieu à deux nuits palpitantes sur Internet, et sur

les réseaux sociaux comme Twitter en particulier.

Plus impatient, tu meures. La plupart des jeunes Ivoiriens n'ont qu'un vague souvenir de l’élection présidentielle de 2000. Mais peut-être plus que le reste de la population, ils attendaient avec fébrilité le résultats du scrutin de 2010.

L’excitation n’était pas sensible que dans la rue ou devant la télévision. Pour la partager, de nombreux Ivoiriens passionnés de nouvelles technologies se sont retrouvés sur le réseau social Twitter. Et avant même la tenue du scrutin, tous les outils pour suivre l'élection en direct étaient prêts.

Sur Twitter, chaque utilisateur disposant d'un compte peut publier son message concernant la présidentielle en lui ajoutant les mot-clés #civ2010, #wonzomai (« sentinelle en langue bété ») ou encore #peacevote. Libre ensuite à n'importe qui de suivre le fil d'actualité participatif ainsi créé.

La pression monte

C’est le mardi 2 novembre, dans l'après-midi, que la pression monte d’un cran. On connaît déjà certains chiffres de la diaspora, mais tout le monde attend de passer aux choses sérieuses avec le décompte des voix de l'intérieur du pays.

Sur la première chaîne de télévision ivoirienne, un bandeau annonce les résultats pour 15 heures. Puis change mystérieusement pour « dans l'après-midi », ce qui déclenche des vagues de protestation. Deux jours sont déjà passés depuis le vote, et l'absence de chiffres officiels favorise toutes les spéculations et les rumeurs les plus folles.

La Commission électorale indépendante (CEI) n'a encore rien publié, mais sur Twitter des chiffres commencent déjà à circuler. Appâtés, plusieurs utilisateurs les reprennent. D'autres appellent à la prudence, comme Diaby Mohamed : « Patience, attendons les résultats de la CEI », écrit-il sagement.

La nuit est déjà tombée sur Abidjan quand Bamba Yacouba, le porte-parole de la CEI, apparaît enfin à la télévision. Surprise, les résultats seront annoncés département par département, puis région par région, dans une litanie qui promet d'être longue.

Béoumi, Dabakala, Katiola, Bouaké... A mesure qu'ils sortent de la bouche de Bamba Yacouba, les scores des principaux candidats sont envoyés sur le réseau. À ce petit jeu, c'est Nnenna Nwakanma qui est la plus rapide et la plus régulière. Elle devient rapidement une référence. Une petite star du twitt…

Sans estimation officielle de la CEI, les utilisateurs entreprennent de monter leurs propres compilations. Pour cela il faut tout noter, rectifier, et faire des pourcentages... Il manque un chiffre ? Il n'y a qu'a demander : la plupart du temps, la réponse d'un utilisateur plus attentif arrive dans les cinq minutes.

Très vite, les premières compilations globales sont envoyées sur le réseau, ce qui pallie l'absence de la CEI dans ce domaine ou le retard des grandes agences d'information (l'AFP, par exemple, ne donnera sa compilation que le lendemain, vers 6 heures du matin).

Une tendance se dessine

Après les résultats des cinq premières régions (principalement en pays baoulé), Henri Konan Bédié est en tête. Certains exultent (« Bédié tuage ! », lâche Marie-Ange B. depuis la France). La soirée électorale électronique bât son plein. « Je n'ai jamais vu autant d'Ivoiriens ouvrir des comptes sur Twitter », s'étonne Diaby Mohamed.

Tard dans la soirée et plusieurs salves de la CEI plus tard, une tendance commence à se dessiner : Laurent Gbagbo est repassé en tête suivi d'Alassane Ouattara. Mais tous les retournements sont encore possible, y compris une victoire d’un des candidats au premier tour : il faudra attendre le lendemain pour connaître la suite.

Mercredi 3 novembre. Encore une journée de patience et tout le monde sera fixé sur un éventuel second tour. Entre deux blagues sur le retard technologique de la RTI, on n'en finit pas de s'étonner du très important taux de votes blancs ou nuls (plus de 4 %), ce qui est, là encore, matière à tous les soupçons.

À 16h, la CEI reprend l'antenne et livre des chiffres... pour des régions dont les résultats sont déjà partiellement connus. Certains d'entre eux ne changent pas, d'autres ont été révisés, ce qui sème la confusion. La « twittosphère » s'agace de ce « cafouillage ».

Ainsi, le premier chiffre donné pour Abengourou surestimait le vote Gbagbo de 11 000 voix, soit une différence d'environ 15 % pour le total de la région Moyen-Comoé. Le problème est décelé et immédiatement corrigé dans les compilations des internautes. Celles de certains sites d'actualités vont en revanche mettre de très longues heures à rectifier le tir...
« Le pays est sur ses calculettes », s'amuse Nnenna. « La CEI donne une bonne leçon de mathématiques aux ivoriens dêh ! » Il est maintenant, 19h et « la CEI n'a plus que cinq heures pour donner les résultats provisoires », remarque un utilisateur. D'après plusieurs calculs, il faudrait à ce stade que Laurent Gbagbo remporte 65 % de toutes les voix restantes pour l'emporter dès le premier tour. Peu probable. Quand à Henri Konan Bédié, une remontée à la deuxième place paraît hors de portée.
On se dirige donc tout droit vers un second tour Gbagbo - Ouattara. Mais la « twittosphère » demeure prudente. Elle attendra la fin de la soirée électorale pour l'annoncer. Il est maintenant deux heures du matin. Le web ivoirien peut se rendormir...