Assemblée nationale: une leçon de réconciliation du PDCI et du PPA-CI au RHDP

Par Linfodrome - Assemblée nationale. Une leçon de réconciliation du PDCI et du PPA-CI au RHDP.

Adama Bictogo, président de l'Assemblée nationale (PhDr).

L’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a eu un nouveau président, depuis le mardi 7 juin 2022.

Le député d'Agboville, Adama Bictogo, a été élu à la tête de l’institution avec 237 voix pour 248 votants succédant du coup à Amadou Soumahoro, décédé le samedi 7 mai 2022 à l’âge de 68 ans.

Le secrétaire exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), n’aurait été ainsi plébiscité par un tel score s’il n’avait pas obtenu le soutien des députés du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié, du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, deux formations politiques majeures en Côte d’Ivoire, de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) d’Albert Mabri Toikeusse et bien d’autres élus qui n’appartiennent pas au parti au pouvoir.

Le consensus pour la paix

En effet, avant les élections à la présidence de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, candidat du RHDP au pouvoir, avait fait le tour des états majors des partis politiques de l’opposition pour solliciter de leurs premiers responsables, le suffrage de leurs députés.

Sans condition aucune, ces responsables politiques ont fait fi de leurs intérêts personnels pour se mettre derrière le candidat du RHDP. Le PDCI a même désavoué son propre député, lui aussi candidat, pour soutenir l’adversaire politique.

Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Albert Mabri Toikeusse voudraient, par cette démarche, donner encore une fois de plus un signal fort allant dans le sens de la réconciliation nationale qui peine à déployer véritablement ses effets sous Alassane Ouattara, Faisant ainsi passer l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire avant les leurs.

Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo démontrent à suffisance leur disponibilité à aller à la paix et à la réconciliation vraie entre les filles et les fils de la Côte d’Ivoire. Pour eux, il y a un temps pour la belligérance et un temps pour la paix, le vivre-ensemble.

Ils ne cherchent pas le pouvoir pour le pouvoir au détriment du bien-être des populations ivoiriennes. Ces hommes d’Etat traduisent ainsi leurs paroles en actes sans considérer les humiliations à eux infligées par le pouvoir ni les nombreuses voltes-faces du régime quant au respect de ses engagements pris au sens de l’apaisement et de la décrispation.

Le double jeu du pouvoir

Alors que les responsables de l’opposition multiplient les actes forts pour aller à la réconciliation, l’on ne voit rien venir en face. Les dirigeants actuels travaillent plutôt à renforcer et à la conservation durable de leur pouvoir acquis en violation des dispositions constitutionnelles ivoiriennes.

Quand Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo proposent avec sagesse et objectivité que les prisonniers civils et militaires de la période de 2010 à 2020, soient libérés et qu’un retour sécurisé de tous les Ivoiriens exilés dans la sous-région et sur les autres parties de la terre soit organisé pour un nouveau départ de la Côte d’Ivoire réconciliée, ils font la sourde oreille.

Quand l’opposition a demandé l’élargissement du cadre du dialogue politique à l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, à l’ancien leader des ‘’Jeunes patriotes’’ Charles Blé Goudé, aujourd’hui encore retenu à La Haye malgré son acquittement définitif, le 31 mars 2021 et même à l’ancienne Première dame, Simone Ehivet Gbagbo, ils n’ont trouvé mieux que de les botter en touche.

En effet, toutes ces voix qui ont été parties prenantes dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire mais aussi qui ont été au cœur des crises qui ont secoué le pays, ces deux dernières décennies n’ont-elles pas quelque chose à apporter à ce dialogue politique et au processus de réconciliation en Côte d’Ivoire.

Une réconciliation au bout des lèvres

Sinon, comment peut-on se réconcilier si une partie des acteurs des différentes crises est en prison ou en exil ? Comment un régime peut-il être en paix avec lui-même, quand des compatriotes sont privés de leur liberté, constamment frustrés ou encore durablement contraints à l’exil au mépris des dispositions de la constitution ivoirienne qui l’interdit formellement ?

En dépit de tous ces manquements et la mauvaise foi du pouvoir, l’opposition continue à multiplier les gestes d’apaisement. Belle leçon de démocratie du PDCI et du PPA-CI au RHDP mais surtout, les Ivoiriens peuvent maintenant se convaincre de qui ne veut pas d’une paix durable en Côte d’Ivoire.

Alex Joe Menant