Après la mobilisation exceptionnelle des démocrates, samedi : Koua Justin tire les leçons d’Anono

Par Lg Info - Après la mobilisation exceptionnelle des démocrates, samedi : Koua Justin tire les leçons d’Anono.

Koua Justin, président de la JEDS.

Après le succès du meeting d’Anono qui a été marqué par la mobilisation exceptionnelle des démocrates, le samedi 15 septembre 2018, Koua Justin, président de la jeunesse d’Ensemble pour la démocratie (Eds), tire les grandes leçons de ce rassemblement qui a tenu toute ses promesses. Interview.

Que peut-on tirer du meeting d’Anono ?

J’ai été séduit par la forte mobilisation des Ivoiriens. Ils ont pris d’assaut le stade du village d’Anono. J’ai vu des jeunes, des femmes et des hommes déterminés à aller au secours de la Patrie en danger. Les ivoiriens ont clairement démontré leur volonté de prendre leur destin en main et de conduire désormais eux-mêmes le destin de la Côte d’Ivoire. Face à la politique désastreuse du régime de monsieur Alassane, j’ai vu des ivoiriens manifester leur ferme volonté de fermer sa parenthèse.

Avez-vous atteint votre objectif de mobilisation ?

La mobilisation est allée au-delà de nos espérances. Nous avons largement dépassé la mobilisation de Yopougon qui se situait autours de 50 000 personnes pour atteindre 75 000 personnes à Anono. Nous sommes fiers des ivoiriens qui, de plus en plus désirent vivre en démocratie, sous la domination des lois et non sous la domination des humeurs d’un individu, d’un clan et d’une famille. Permettez-moi de saluer avec respect la chefferie d’Anono, qui s’est investi totalement dans le succès de notre meeting. Honneur à vous chefs !

Est-ce que vous vous attendiez à ce monde ?

Bien sûre que oui ! Nous savons ce que nos partis politiques membres de Eds représentent. Il ne vous échappe pas, par exemple, que le Front Populaire Ivoirien, membre de Eds est le plus grand parti de Côte d’Ivoire. Et que ce parti est fortement implanté au plan national. Il ne vous échappe pas également que Ung est un jeune parti qui est en train de se construire une assise plus considérable aujourd’hui que le Rdr de Monsieur Alassane. Au-dessus de tout, il ne vous échappe pas que notre leader le Président Laurent Gbagbo est l’homme politique le plus aimé, le plus mobilisateur de Côte d’Ivoire. Tout cela réuni, nous étions serein.

Quel est la prochaine étape ?

L’urgence aujourd’hui en Côte d’Ivoire c’est la Commission électorale indépendante. Nous attendons que le régime convie l’ensemble des acteurs politiques pour sa refonte en profondeur. Nos propositions sont prêtes, nous attendons le jour de la rencontre avec le régime pour les présenter aussi bien au régime qu’aux Ivoiriens. Et cela doit se faire, nous l’espérons, au plus vite, avant même d’envisager les élections locales. Les élections locales du 13 octobre doivent être reportées pour que nous, acteurs politiques ivoiriens, nous nous attendions sur la nouvelle Cei. Le régime ne peut pas nous inviter à des élections locales alors qu’avec leur Youssouf Bakayoko, le partage des communes et régions est déjà fait et sauvegardé dans son ordinateur. Non, on ne peut pas aller à des élections où les résultats sont connus d’avance. Nous exigeons donc la refonte de la Cei avant les élections locales, tout simplement parce que nous voulons que les élections soient crédibles et que les résultats soient acceptés de tous. Mieux, nous recherchons, par cette démarche la paix, la tranquillité et le renforcement de la cohésion sociale. Nous disons aux ivoiriens que, de tout temps, le combat entre la dictature et la démocratie, a été un combat rude, difficile. Le despotisme s’est, de tout temps, présenté comme le bourreau de la démocratie. Mais à force de détermination et de fermeté, la démocratie finit par triompher. Alors dans ce combat-là, nous gagnerons. Et les Ivoiriens vivront en liberté et en démocratie. Nous comptons sur leur engagement.

Les journaux proches du régime Ouattara vous accuse d’appeler au meurtre. Qu’en-est-il exactement ?

C’est la peur. Ils ont peurs du réveil des Ivoiriens. Ils ont peur de la prise de conscience des ivoiriens. Ils ont peur que les Ivoiriens soient en train de découvrir leur incompétence dans la gestion des choses de l’Etat. Ils ont peur et veulent nous faire peur. Ces journaux portent la voix de leurs maîtres, et il faut les comprendre, pour survivre, ils doivent défendre les intérêts de leurs maîtres. Hier ces mêmes journaux ont trouvé des moyens originaux pour inciter la mise à mort de certains autres ivoiriens. Sous leurs plumes, ils ont invité des ivoiriens à faires la guerre à d’autres ivoiriens. Nous avons encore en mémoire les déclarations de leurs maîtres en question, à commencer par Alassane Ouattara lui-même qui disait : «S’ils veulent que le pays se mélange, tout va se mélanger» et encore «On va rendre ce pays ingouvernable» puis par son fidèle lieutenant Amadou Soumahoro qui faisait mentionner sur le journal le Patriote que : «Si j’étais Ouattara, je tuerais Gbagbo». Et de dire : « Tous ceux qui s’attaquent à Ouattara vont au cimetière». Étaient-ce des phrases aux roses ? Alors que, contrairement à eux, j’invite les ivoiriens au patriotisme, à l’amour de la République et à s’attacher aux valeurs de la République.

Mais vous dites que vous ferez porter à « Alassane ses habits de deuils et que vous le conduirez à sa dernière demeure »…

Et quel est le problème ici ? Il n’échappe à personne, sauf peut-être aux esprits ignorants, que nous sommes sur un terrain politique. Et que pareil propos signifie simplement que nous allons le conduire à sa dernière demeure politique. Mais, attendons-nous bien, dans ce pays, on sait quels sont ceux qui ont pris les armes pour attaquer la patrie, on sait quels sont ceux qui ont pris les armes pour tuer des ivoiriens, on sait quels sont ceux qui ont les caches d’arme dans ce pays, alors qu’on ne veuille pas me faire de leçon de moral. Des bourreaux ne peuvent pas faire de leçon de moral aux victimes. Notre arme à nous, c’est la parole. La parole pour nous est un combat. Elle suppose notre volonté de fer, l’acceptation des risques de la répression en même temps que l’espoir bien concret de voir aboutir notre revendication posée, qui est celle d’une plus grande dignité et d’une vie meilleure en Côte d’Ivoire.

Est-ce que ce n’est pas parce que votre discours gène le régime ?

Evidemment que oui ! Le régime est aux abois. Il perd de partout ses soutiens. Il se désagrège au jour le jour. Il voit sa fin approcher à grand pas, et il est inquiet. Et pris de panique, désabusé, il veut m’entraîner dans sa chute certaine. Non, ce régime tombera, et les Ivoiriens retrouverons la joie de vivre. Jamais les ivoiriens n’ont été divisés que sous ce régime moribond dont on ne peut parler sans frémir ! Jamais on a vu la pauvreté, la misère, la galère ronger le quotidien des ivoiriens ! Jamais le tissu social ne s’était autant déchiré ! Regardez vous-même, la paupérisation a gagé presque toutes les familles. Les enfants des pauvres, bien que titulaires de diplômes, sont réduits à la mendicité. Pendant ce temps, eux leurs enfants, même sans diplômes, sont insérés dans le tissu économique. Trop c’est trop ! L’Ivoirien dit «Plus jamais ça», et si cela doit passer par le combat, nous combattrons démocratiquement pour redonner espoir aux ivoiriens.

Et les mêmes proches du régime soutiennent que l’amnistie ne signifie pas que les prisons sont fermées ?

C’est leur problème. Qu’ils fassent ce qu’ils savent faire ! C’est-à-dire arrêter les ivoiriens, emprisonner les ivoiriens, torturer les ivoiriens… Je vais être clair avec vous, aucune menace ne peut me réduire au silence. Aucune épreuve, aussi énorme soit-elle, ne peut me conduire à l’abandon de mon engagement au côté de la vérité. Je ne sais pas ce que je n’ai pas encore vu sous ce régime. Ils peuvent, s’ils le veulent, me reconduire en prison, mais qu’ils aient à l’idée que le pouvoir finit par passer un jour. Et ils passeront. Diantre ! Quel est ce pays où on voit les droits des citoyens et les libertés nationales s’éteindre peu à peu, et les réclamations des faibles et des opposants traitées de murmures séditieux ! Qu’ils me jettent en prison si l’envie leur vient, mais moi, en attendant, je prépare leur déchéance politique.

Interview réalisée par Yacouba Gbané