Alassane Ouattara sur RFI et France 24: Si le ridicule pouvait tuer ! Par Dagbo Raphaël

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Alassane Ouattara sur RFI et France 24. Si le ridicule pouvait tuer ! Par Dagbo Raphaël.

Ce 27octobre 2020 M. Alassane Ouattara a accordé un entretien en mondovision
sur Radio France internationale et France 24 sur la situation préélectorale
en Côte d’Ivoire.

Pour ceux qui s’y connaissent en matière de communication politique, ce genre d’événement à ce moment de l’histoire politique du pays ressemblait à une adresse du chef de l’Etat à l’opinion internationale.

Se situant à quelques heures de la date qu’il s’est fixée comme devant être celle de son scrutin présidentiel, cet événement peut être lu comme venant clôturer quelques déplacements dans des localités trillées sur le volet à l’intérieur du pays.

Pour son équipe de campagne, ce moment devait certainement revêtir une
importance particulière. Il devait s’agir pour lui de dire à ceux qui
l’on installé envers et contre tout au pouvoir en Côte d’Ivoire que,
s’appuyant sur la même méthode meurtrière, il comptait toujours s’y
maintenir.

Il s’agissait de leur confirmer qu’il avait bien la situation
en main et que tout, de son point de vue, était prêt pour son auto
proclamation. Ce n’était nullement le moment de s’émouvoir du bain de
sang organisé et que ses partisans ont commencé cyniquement et
méthodiquement à mettre en œuvre partout dans le pays.

Faisant d’ailleurs son propre bilan de ces expéditions meurtrières, il
s’est évertué à minorer désespérément le nombre de morts en le
chiffrant à 30 comme si 30 morts étaient plus acceptables que les 70
personnes tombées sous les machettes dont les bandes de désœuvrés
recrutés pour cette sale besogne ont été les sinistres auteurs.

Dans un monde que les réseaux sociaux passent au scanner en permanence et qui, de ce
fait est devenu un globe de verre et d’instantanéité, M. Ouattara n’a
pas hésité à se ridiculiser en attribuant ces assassinats opérés en
direct sur les réseaux sociaux à l’opposition politique.

Celle-ci a eu droit à des menaces d’être traduite en justice aussitôt qu’il se sera
fait introniser. En réalité, M. Ouattara pense qu’il rééditera sa
forfaiture d’après la crise postélectorale où, après avoir organisé et
entretenu une rébellion qui a commis des crimes atroces, il en a fait porter
la responsabilité à M. Laurent Gbagbo avec la caution honteuse d’une
certaine communauté internationale.

L’opposition politique a simplement appelé ici à la désobéissance civile en réponse au non-respect de la
constitution par celui-là même qui en est institutionnellement le gardien
et qui se trouve être M. Alassane Ouattara. Là comme ailleurs, il se
ridiculise également dans la mesure où l’argument qu’il utilise pour
s’exonérer du respect de la loi fondamentale est totalement spécieux et
puéril : son dauphin désigné est décédé à quelque mois de
l’élection présidentiel et il n’a pas le temps d’en préparer un
autre.

Dans la bouche d’un chef d’Etat en mondovision, cette allégation
n’est pas seulement stupéfiant, elle est terrifiante parce qu’elle
signifie que dans son pays, l’application de la loi est fonction du rang
que l’on tient dans la hiérarchie sociale ou politique.

Ainsi le respect de la loi peut être tantôt rigoureusement strict pour certains et tantôt
permissif pour d’autres. C’est à cela que l’opposition et la société
civile dans sa grande majorité dit non et c’est ce qui lui vaut des
assassinats et des enlèvements nocturnes sans que l’on connaisse la
destination des victimes.

Lorsque le parjure qui consiste à se présenter coûte que coûte à un troisième mandat qu’interdit la constitution est
mis en miroir avec son argument selon lequel il refuse d’être parjure en
ne respectant pas la date du scrutin présidentiel telle que fixée dans la
même constitution, le ridicule est à son comble. M. Alassane Dramane
Ouattara montre qu’il a non seulement une lecture sélective de la
constitution mais sans le savoir, il porte cette constitution comme le pendu
le fait de la corde au bout de laquelle il se balance.

Dans cette interview M. Alassane Ouattara qui est jusque là à la peine se
réjouit de ce que les journalistes abordent enfin les questions
économiques. Alors il s’empresse de les orienter pour ne considérer que
les chiffres de la banque mondiale. Mais là encore ses interlocuteurs lui
réservent une véritable douche froide.

Là où Il espérait égrainer la croissance continue de son économie et son impact sur les populations qui,
grâce à lui sortiraient progressivement de la misère, les journalistes en
face de lui soulignent au contraire que dans le même temps la population
ivoirienne s’est accru de 5000000 de personnes-ce qui soit dit en passant
est exceptionnel dans l’histoire démographique des Nations- et que
précisément cette croissance économique n’avait quasiment aucun impact
positif sur la lutte contre la misère des individus.

Un expert en économie qui n’est pas capable de faire ce ratio, cela devient pathétique. En
réalité la Côte d’ivoire n’a pas avancé, elle a reculé puisque qui
n’avance pas recule. Beaucoup d’argent a circulé dans le pays, mais il
semble qu’il n’y a fait que transité. Du bâti a été exécuté en
certains points, mais il semble que c’est au prix d’une dette immense
laissé aux générations futures pour le remboursement de laquelle dette les
jeunes actuels ne sont nullement préparés.

Il suffit de voir l’état très décadent de l’école ivoirienne actuelle et le niveau
d’industrialisation du pays ; mais cela mériterait un livre en soi. Le roi
a donc été mis nu dans cette interview pourtant sollicitée pour tenter de
redresser l’image d’un homme seul face à un pays qui ne veut plus guère
de ses fameuses solutions de sang et de larmes depuis quasiment dix ans. Les
menaces qu’il profère vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme lui ou
qui ne sont pas de son petit clan autiste et aveugle, la propension qu’il a
à annoncer qu’il changerait la constitution du pays à nouveau…, tout
cela procède d’une arrogance et d’une mégalomanie qui caractérisent à
minima les autocrates et en général les dictateurs.

Mais notre inquiétude porte surtout sur les institutions africaines. Elles
auraient décidé d’envoyer des observateurs à des élections pour
lesquelles elles savent que les conditions minimales ne sont guère réunies.
Elles ont pourtant délégué des missions de médiation auxquelles le Chef
de l’Etat est resté sourd.

Il a même choisi de dénoncer l’engagement du pays auprès de l’institution judiciaire qui relève de l’Union
africaine pour ne pas appliquer les décisions de justice prononcées à son
encontre. L’Onu aurait choisi de ne pas envoyer d’observateurs en Côte
d’Ivoire pour l’élection que M. Alassane Dramane Ouattara a voulu sur
mesure. La question que nous nous posons, c’est précisément à quoi sert
la CEDEAO et plus généralement les organisations africaines dans la
promotion et l’exercice de la démocratie sur le continent ?

Espérons que l’adresse de M. Thabo Mbeki (commissaire aux affaires
politiques de l’Union africaine) au secrétaire général de cette
institution continentale pour arrêter le processus électoral en Côte
d’voire sera entendu avant que l’irréparable ne se produise et qu’il
ne reste plus qu’à jouer hypocritement les médecins après la mort comme
bien souvent.

Il reste encore quelques heures pour que M. Alassane Dramane
Ouattara et ses partisans se rendent à l’évidence parce que ce qui
caractérise en propre l’Humain, c’est qu’il a une conscience qui fait
en principe que le pire n’est jamais certain. Mais en sont-ils capables ?

Par Raphaël DAGBO
Président de l’Association des Amis de Laurent Gbagbo