3e mandat: Ouattara, votre entourage a un autre agenda, votre entourage ne veut pas de votre bien

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - 3e mandat. Ouattara, votre entourage a un autre agenda, votre entourage ne veut pas de votre bien.

Jeudi 05 mars 2020, à Yamoussoukro. Le Président Alassane Ouattara devant le Parlement réuni en Congrès, annonce officiellement qu'il ne briguera pas un 3e mandat en 2020.

LU POUR VOUS

Ouattara: votre entourage a un autre agenda

Votre entourage ne veut pas de votre bien. Ils défendent leur pitance. C’est leur ventre qui les intéresse. Demain quand ça va péter, ils vont retourner leur veste. Parce qu’ils sèchent leurs habits là où le soleil brille. Tous ceux qui sont autour de vous ont un autre agenda personnel, contraire à l’intérêt national. Heureux celui qui ne sait pas.

Vous ne le savez peut-être pas ou vous faites semblant de ne pas le savoir. Et pourtant, c’est la réalité. Ils ne vous aiment pas. Ils aiment la soupe. Leur jeu favori, c’est la mangecratie. Au lieu de vous donner de bons conseils, ils vous racontent des histoires à dormir débout.

Et dans le but de préserver leur poste ou de vous soutirer des billets de banque. Houphouët-Boigny disait que tout chef d’Etat a trois juges : « Dieu, sa conscience et son peuple ». Il n’y a rien de plus dévastateur que les courtisans de la cour. Il faut écouter la parole de Dieu.

C’est lui qui fait et défait. Il donne le pouvoir au peuple. Et le peuple le transmet à qui il veut. Dieu vous envoie, ces derniers temps, des images à travers certains chefs d’Etat africains. Mahamadou Issoufou, Président du Niger, à propos de sa décision de ne pas briguer un autre mandat : «J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable. Nous sommes 22 millions, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ».

Feu Beji Caid El Sebsi, l’ex-Président de la Tunisie : « Je vais dire franchement que je ne veux pas me présenter pour un second mandat parce que la Tunisie a de nombreux talents" et il faut ouvrir la porte aux jeunes ». «Je suis sensible à tous les appels. Il y en a aussi qui appellent à la limitation des mandats. Donc j’écoute tout le monde…

De toute façon, je suis là pour respecter et faire respecter la Constitution du pays. Non, je ne me représenterai pas dans la mesure où je vais respecter la Constitution et la Constitution dit que je ne peux pas me représenter au-delà de deux mandats. Je vais continuer à m’engager pour la Mauritanie, je reste en Mauritanie et je continuerai à faire de la politique. Je suis là et je ne quitte pas le pays. Je continuerai sur la même voie».

Pour la paix et la réconciliation nationale, si vous souhaitez cela réellement écoutez votre conscience. Et non les faux conseils des « mangeurs de la République ». Votre conscience doit vous guider dans le bon sens. Et non le contraire. Et Aimé César de dire : «Le plus court chemin vers l’avenir passe par le passé». Quand on l’oublie, on est en danger. Donc prenez conscience de la crise postélectorale de 2010.

Et écoutez le peuple. Même vos propres admirateurs vous applaudissent dans la douleur. Et dont les chants sont devenus mélancoliques et mélodramatiques. Ecoutez calmement les soupirs et les sanglots sans espoir du peuple. Et vous comprendrez que la paix ne tient qu’à un fil. Comme le dit Laurent Dona Fologo : «Ils n’ont pas la culture de l’opposition». Pis, ils vont dire : «On lui a parlé, il a refusé de nous écouter. Il n’écoute personne. Il en fait à sa tête».

Vous serez seul face à votre miroir. Dans la solitude. Ils vont vous tourner le dos. Et votre numéro de téléphone sera effacé de leur répertoire. Personne ne défilera à votre résidence. Lorsque vous aurez des pépins, vous ne les verrez pas. Votre appel va tomber dans les oreilles de sourd. Tous vont tomber en brousse.

Nous vous invitons également à lire cet extrait des Mémoires aux Editions Seuil de l’ancien Président sénégalais, Abdou Diouf. «C'est à partir du moment où je fus relevé de mes fonctions de gouverneur du Sine-Saloum que, pour la première fois, je fus véritablement confronté à l'ingratitude des hommes.

J'ai pu alors constater que, tant que vous êtes une autorité, les hommes vous sont fidèles et sont à vos pieds, mais dès que vous êtes en disgrâce, ou qu'ils vous y croient, certains d'entre eux n'ont plus de considération pour vous et vous tournent le dos. C'est le cas de ce grand chef religieux qui, lorsque j'étais encore gouverneur, m'avait demandé de lui installer une coopérative dans un village de la région.

Au moment de quitter mes fonctions, j'ai pensé qu'il valait mieux prendre l'arrêté avant de partir, afin que mon successeur puisse finaliser rapidement le projet. J'avais fait cela avec un zèle qui correspondait au respect que je vouais à ce guide. J'ai donc signé l'acte et je voulais lui dire au téléphone de ne pas s’inquiéter, puisque j'avais tout fait.

J'ai eu une grande surprise. Un de ses disciples m'a fait attendre longtemps et, à la fin, quelqu'un d'autre a pris l'appareil pour me dire : «Gouverneur, le marabout vous salue bien, il m'a chargé de vous dire qu'il est très occupé en ce moment, mais qu'il vous souhaite le meilleur».

Je lui ai répondu que c'était tout juste pour lui dire que j'avais signé l'arrêté pour la coopérative. Dans mon for intérieur, je me disais que ce n'était pas possible qu'il me traitât ainsi. Que dire également du comportement de cet homme qui était toujours dans nos cortèges à crier à tue - tête : « Maintenant nous avons le meilleur gouverneur du pays, un gouverneur qui nous porte du bonheur »?

Il le faisait avec tout ce qu'on pouvait imaginer comme obséquiosité, louanges, ovations et autres envolées dithyrambiques. Pourtant, quand j'ai quitté mes fonctions, il ne savait pas encore que j'étais affecté à un nouveau poste et un jour, en sortant du ministère des Affaires étrangères, je l'ai aperçu devant la pharmacie du Rond-Point et me suis dirigé vers lui. Il m'a aussitôt tourné le dos et j'ai compris que, s'il avait agi de la sorte, c'est qu'il ne voulait pas se compromettre avec quelqu'un qui était en disgrâce ou en tout cas qui était considéré comme tel.

Pour le jeune homme de 27 ans que j'étais, qui croyait à tant d'idéaux, voir les hommes se comporter cette façon fut un choc. Et me sont revenus en mémoire mes jeunes années de latinistes au lycée Faidherbe et les vers qu'Ovide, exilé par Auguste au bout du monde, à Tomis, sur les bords de la mer Noire, écrivait dans les Tristes : « Tant que la fortune te sourit, tu auras beaucoup d'amis, si les nuages se montrent, tu te retrouveras seul.

Il y a eu certes ce griot et ce grand chef religieux que j'admirais tant, mais il y a eu bien d'autres encore » soutient-il. La balle est dans votre camp. Ne dites pas : « Je m’en fout ». Sinon vous allez vous trouver dans le village de « Si je savais ».

Yacouba Gbané