3e mandat illégal: "Macron, avocat du diable de Ouattara", Par Gouverneur Philippe-Henri Dacoury Tabley

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Troisième mandat de Ouattara. Macron, mauvais avocat, Par Gouverneur Philippe-Henri Dacoury Tabley.

Gouverneur Philippe-Henri Dacoury Tabley. Image d'archives.

Dans une interview, du 20 novembre 2020, à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », le Président français, Emmanuel Macron, tente de justifier certaines de ses prises de position politiques personnelles, qui font l’objet de violentes critiques de par le monde et singulièrement en Afrique.

S’agissant de la situation en Côte d’Ivoire et de la crise pré-électorale, qui s’est poursuivie, comme il fallait s’y attendre, en crise post-électorale, le Président français, à propos du troisième mandat d’Alassane Ouattara dit ceci:

« Je peux vous dire, de manière sincère, qu’il (Alassane Ouattara) ne voulait pas se présenter à un troisième mandat, qu’il l’a fait par « devoir » après la mort de son dauphin. »

Manifestement, Macron tient mordicus à justifier l’attitude injustifiable de son poulain Ouattara. Il tente, par la même occasion, de se dédouaner et donner un semblant de crédibilité au soutien honteux, apporté au troisième mandat du dictateur ivoirien.

Pour venir au secours de Ouattara, Macron a donc parlé. Mais pour dire quoi? Rien du tout, sinon, rien de bon. Pour la cause qu’il veut défendre, il aurait mieux fait de se taire. En effet sa parole n’a fait qu’enfoncer davantage le despote des Lagunes et mettre en surbrillance l’ignominie de sa posture sur la question du troisième mandat.

En réalité, une cause juste recèle toujours en elle-même les arguments de sa justification, si bien que sa démonstration ne peut qu’être aisée. De même, une mauvaise cause, comme celle du troisième mandat, porte, incrusté en elle, son péché originel, qui sera toujours un obstacle à sa justification.

Dans le cas particulier du troisième mandat de Ouattara, le peuple ivoirien a clamé son opposition en évoquant le respect de la Constitution ivoirienne. Nul doute qu’en cette matière, c’est bien la Loi fondamentale du pays qui fait autorité.

Mais lorsque Macron, tel un piètre Avocat, se lance dans la défense de Ouattara et de son troisième mandat, il ignore royalement, mais surtout volontairement, les dispositions de la Constitution ivoirienne et s’engage dans une argumentation spécieuse, où mauvaise foi, malhonnêteté et fourberie se disputent la première place.

Le Président français commence par dire qu’il est sincère lorsqu’il affirme « qu’Alassane Ouattara ne voulait pas se présenter à un troisième mandat… » Si Macron proclame ainsi sa « sincérité », c’est parce qu’il sait parfaitement que ses propos ne sont pas crédibles. Mais bien plus, lui-même n’est pas non plus crédible: il ne tient pas parole et, comme son acolyte et complice, il dit et se dédit en permanence. Macron est surtout connu comme celui dont les actes jurent avec les paroles et promesses, il est l’homme de « deux poids deux mesures » qu’aucune sincérité ne peut habiter lorsqu’il s’agit de questions africaines. En réalité, Macron traite « à l’africaine » et non selon la logique de la loi, les questions et problèmes des pays francophones d’Afrique.

Ce faisant, Emmanuel Macron ne se rend même pas compte du ridicule dont il se couvre, lorsqu’il déclare que Ouattara a brigué ce troisième mandat par « devoir », du fait de la mort de Gon Coulibaly, son dauphin.

Le Chef d’Etat français, énarque de surcroît, ne fait aucunement référence à la Constitution ivoirienne, dans un débat où, de toute évidence, la Loi fondamentale est l’unique arbitre. Pour Macron, en Côte d’Ivoire, ce sont les désirs et la volonté de Ouattara qui doivent tout réglementer, y compris les élections.

En réalité, par ses propos, Macron confirme certaines vérités et réalités, pour ceux qui en douteraient encore:

Avec le régime Ouattara, la Côte d’Ivoire est devenue tout au long des dix dernières années une république bananière accomplie;
Par ses propos, le Président français montre à souhait, son mépris pour le peuple ivoirien, mais aussi pour Ouattara. L’un est rabaissé au rang d’une simple tribu africaine, dont l’autre est considéré comme le chef par procuration;
Enfin, l’argumentation de Macron montre et démontre bien que le troisième mandat de Ouattara est bel et bien anticonstitutionnel, puisque Macron ne trouve l’unique justification et argumentation que dans la mort du dauphin de Ouattara; ce qui est loin d’être une disposition pertinente de la Loi fondamentale de la République de Côte d’Ivoire.

En réalité cette interview du Roi Macron, loin de clore le débat et la question du refus du troisième mandat anticonstitutionnel de Ouattara par le peuple ivoirien, doit le conforter dans sa détermination sur cette voie. Cette interview du Chef d’Etat français, par sa vacuité, son ridicule et son impertinence démontre parfaitement que le camp de la forfaiture du troisième mandat est à court d’arguments constitutionnels.

En conséquence, le troisième mandat demeure illégal, et le peuple est fondé à se battre, y compris par la désobéissance civile et tous les autres moyens légaux, pour rétablir la légalité constitutionnelle.

L’avenir de ce pays et de ses enfants est à ce prix.

Par Gouverneur Dacoury-Tabley Philippe-Henri