Cpi : Pr Etté Hélène brise les espoirs de Bensouda

Par Le Temps - Cpi. Pr Etté Hélène brise les espoirs de Bensouda.

Professeur Hélène Yapo Etté lors de son audition le 17 janvier 2018 devant la cour pénale internationale, dans l'affaire Gbagbo et Blé Goudé contre Fatou Bensouda.

Le procès du Président Laurent Gbagbo et Blé Goudé a repris, ce mercredi 17 janvier 2018. Pr Yapo Etté Hélène, médecin légiste, est le dernier témoin de Fatou Bensouda.

Le témoin face à l’Accusation

« J’ai été réquisitionnée pour des acte médico-légaux sur toutes les victimes de la crise postélectorale. J’ai été réquisitionnée principalement quatre fois. La première réquisition émanait du gouvernement et ça concernait 789 victimes. Les rapports circonstanciés ont été rédigés mon équipe pour la prise en charge médico-légale des victimes de cette crise. Ledit rapport a été remis au procureur de la république, soutient le témoin. Son équipe a donc travaillé sur 789 corps. Pour la plupart de ces corps, ils ont été acheminés à l’institut de médecine légale. C’est le 20 janvier 2011 que j’ai été réquisitionnée par les autorités ivoiriennes. Mais la prise en charge des victimes a débuté le 27 janvier 2011 et s’est poursuivie jusqu’au 11 février 2011. Elle a été interrompue momentanément à partir du 12 février 2011 au 11 avril 2011 en raison du climat d’insécurité à Abidjan. Les cadavres étaient issus des forces de l’ordre et également de populations civiles essentiellement. Nous avons repris exactement le travail le 29 avril 2011 après réception d’une deuxième réquisition. Je l’ai fait après avoir reçu l’autorisation de le faire. Ce n’est pas moi qui ai indiqué les lieux de décès des corps autopsiés. Les lieux des décès ont été obtenus essentiellement à partir du dossier morgue. C’est à partir de ces informations que nous notions les lieux de décès. Le rapport a été rédigé le 21 avril 2012. C’est un peu délibérément que nous n’avons pas mis la date. Nous n’avons pas décidé qu’elles étaient issues de la crise. Nous avons pu le dire à partir des réquisitions reçues »

Question de Cuno Tarfusser : « Ce sont donc les autorités qui vous ont dit qu’il s’agit de cadavres de victimes de la crise ? »

« Cette information se trouvait dans les réquisitions qui ont été faites. Dans quel cadre, elles ont été tuées et où se trouvaient les corps, cela y était mentionné », répond le témoin avec une certaine prudence. La pause intervient après quelques questions sans importance de l’Accusation. Sur la fiche de l’examen externe du corps du dénommé Kouakou Koffi François, le professeur explique : «Nous avons parlé de plaies par armes à feu parce que cette hypothèse peut être étayé par une expertise balistique. C’est pourquoi, nous sommes restés prudents pour ne pas dire qu’il s’agissait d’une explosion d’éclats d’obus ».

Concernant le corps de Diakité Yaya,

« C’est la personne qui est venue réclamer son certificat de décès qui l’a informé de la cause de sa mort. Dr Etté a donc mentionné que ce dernier a été victime d’une mort violente provoquée par des projectiles d’armes à feu. Son corps était en putréfaction, souligne-t-elle.

Concernant le corps de Diakité Yaya,

« Il aurait été tué par un obus en compagnie de ses amis à Abobo-gare. Ce n’est pas moi qui le dis. Mais son ami qui est venu avec son corps », révèle le témoin de l’Accusation. Dans son rapport d’autopsie, elle mentionne ceci : « l’examen médico-légal externe permet de retenir la présence de deux orifices. Aucun projectile ou fragment métallique n’a été constaté sur son corps pendant l’autopsie ».

Que dire de Sidibé Brahima ?

« C’est le cousin du défunt qui m’informe que ce dernier aurait reçu un obus sur son domicile à Abobo-gare le 17 mars 2011. Cependant à l’autopsie effectuée le 20 mai 2011 : Aucun projectile d’armes à feu ou fragment métallique n’a été retrouvé à l’examen externe du corps. Cela est dû à l’absence de moyens pour les détecter »,

Le témoin face à la Défense

« Les corps acheminés à l’institut ne sont pas sous scellés. Après examen, les corps ne sont pas mis sous scellés. Car cela ne relève pas de notre fait »

La défense lui demande de savoir si sa mission a consisté à dire que la cause de la mort des victimes était due aux incidents de 2011.

« Aucun incident n’était rapporté dans lequel on nous demandait une relation de cause à effet de la mort des victimes. Il s’agissait d’identifier les victimes

Confronté à sa déclaration aux assises d’Abidjan en novembre 2016.

« Je n’ai pas dit que tous les corps sont issus de la crise postélectorale ou non. Cela ne fait pas partie de ma mission de dire si les corps sont issus de la crise. Nous avons reçu quelques réquisitions individuelles pour des cas bien particuliers ». Son audition prend fin ce vendredi 19 janvier 2018. Toujours avec la défense de Gbagbo qui l’interrogera.

Enise Kamagaté