Condamnation à 10 ans de prison/La Défense d’Abéhi réagit : « C’est méchant»

Par Le Temps - La Défense d’Abéhi réagit. « C’est méchant».

Le Commandant Abehi condamné à 10 ans de prison aux assises d'Abidjan.

Maître Gohi Bi. Il soutient devant la Cour qu’il n’existe pas de réquisitoire permettant aux juridictions correctionnelles d’être valablement saisies. «L’autorité de la chose jugée n’a lieu qu’à l’égard de ce qui a fait l’objet du jugement. La procédure est nulle et de nullité absolue», explique Maître Gohi Bi qui relève qu’on ne peut juger une affaire dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Kadidja Touré, avocate de la Défense, abonde dans le même sens. En soulève elle aussi l’exception de la nullité de la procédure. Par conséquent, argumente-t-elle, le dossier Abéhi doit être disjoint des autres dans la mesure où le juge d’instruction n’a pas été saisi par un réquisitoire introductif, tel que prévu par l’article 78 du Code de procédure pénale. Mais après délibération, toutes ces exceptions soulevées sont rejetées par le président de la Cour qui estime que la procédure est légale et régulière et que le dossier Abéhi ne saurait être dissocié des autres. Dans la mesure où le Commandant Abéhi aurait reconnu avoir contacté, depuis le Ghana, l’accusé Kla Guiraud. «Par ces motifs, la Cour déclare les requêtes de la Défense non fondées», tranche le juge. S’ensuit alors les réquisitions de la Patrie civile qui demande au juge de porter et de reconnaître à charge les faits de complot contre l’autorité de l‘Etat, contre Abéhi, de le condamner conformément à l’article 155 du Code pénal et de le maintenir dans les liens de la détention. Réquisitions idem formulées pour les onze (11) autres accusés. C’est ainsi qu’à la suite de la Partie civile, par la voix de l’Avocat général, le Parquet général procède à la réquisition des peines, après un exposé des faits à charge contre les accusés. Avant de requérir la peine à vie pour tous les accusés. « En répression, condamner à vie les accusés Abéhi Jean-Noël, Kla Guiraud, Lorougnon Grabo Cyprien , Gnamien Oprah Pierre, Adohi Otokpa Samson, Talo Patrick Hervé, Blé Marius, Péhé Lorougnon Toussaint, Tra Bi Modeste, Guépié Marius, Bléka Gnoléba Claude. Ordonner la déchéance militaire des accusés en service dans les forces armées nationales>>, requiert Koné Souleymane. Mais le réquisitoire du Parquet général est vite attaqué par la Défense des accusés. <>, réplique Maître Gohi Bi Irié Raoul qui soutient qu’il faut juger les faits et non les personnes. <>, s’intrigue Maître Gohi Bi qui en déduit que le réquisitoire du Parquet général est le plus arbitraire qu’il soit. En conclusion, Maître Gohi Bi Irié Raoul en appelle à la conscience du président de la Cour et de ses jurés, dans le rendu du verdict. « Celui qui juge sera jugé. Son jugement dépendra de celui prononcé contre celui qui est jugé. Vu l’accélération l’histoire, ce jugement est proche», fait savoir sans autre commentaire, Maître Gohi Bi à la Cour. Il est succédé au pupitre par Maître Ajavon Élise qui plaide pour un acquittement pur et simple de ses clients, après avoir mis à nu les failles de l’Arrêt de renvoi. «Qu’on nous prenne au sérieux», martèle-t-elle. Quant à Maître Touré Kadidja, elle dénonce le fait que le Parquet veuille coûte que coûte rattacher Abéhi et les autres à un complot qui n’a jamais existé. Au sens juridique du terme, souligne-t-elle. «On ne peut pas juger quelqu’un dans le mensonge. Je suis écœurée parce que tout le monde sait de quoi il s’agit. Dieu est justice et vérité», déclare-t-elle à la Cour qui estime qu’il y a une espèce de rancœur vis-à-vis du Commandant Abéhi. «Quels sont les preuves que l’Accusation apporte qui établissent un complot», s’interroge-t-elle. Sur cette lancée, Maître Touré fait savoir une réflexion. «Même si nous ne sommes pas des croyants, nos actes nous juge», prévient-elle.

1. D.