Esclavage en Libye/ Électrochoc mondial après la forte mobilisation de la Diaspora: Le SG de l’ONU annonce des poursuites. Macron saisit le Conseil de sécurité. Le sommet des chefs d’Etats UA-UE d’Abidjan saisi

Par IvoireBusiness - Esclavage en Libye/ Électrochoc mondial après la forte mobilisation de la Diaspora. Le SG de l’ONU annonce des poursuites. Macron saisit le Conseil de sécurité. Le sommet des chefs d’Etats UA-UE d’Abidjan saisi.

Kemi Seba et Christian Vabé le samedi 18 novembre 2017 devant l'Ambassade de Libye en France lors de la grande mobilisation de la Diaspora contre l'esclavage en Libye.

La très forte mobilisation de la diaspora samedi 18 novembre dernier à Paris (30.000 personnes dans les rues) et les affrontements sur les Champs Elysées ont été un électrochoc pour les dirigeants du monde entier, jusque-là inertes après le reportage de la chaîne de télévision américaine CNN sur l’esclavage et la vente de migrants africains en Libye.
Au lendemain de cette manifestation monstre, on a assisté à une avalanche de réaction à travers le monde et de la part des plus hautes autorités africaines et de la planète, et des institutions internationales comme l’ONU et l’Union africaine.
La grande colère de la diaspora contre l’esclavage de leurs frères en Libye a été reçue 5 sur 5 par les chefs d’Etats africains et leurs homologues du monde entier.
Il faut dire que Paris a tremblé samedi dernier, la diaspora tenait à faire sentir sa colère dans la rue. On a même frôlé le pire avec les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants sur les Champs Elysées. La célèbre artère parisienne a été fermée à la circulation plusieurs heures suites à ces affrontements.
Paris réussi pour la diaspora et pour les organisateurs avec en tête le journaliste de RFI Claudy Siar dont l’appel à la mobilisation a été vivement soutenu par Christian Vabé qui a lancé sur Ivoirebusiness un appel à la diaspora à sortir massivement, et par le leader panafricaniste Kemi Seba venu tout droit du Benin, de même que par des stars comme Koffi Olomidé, Rost, Omar Sy, Didier Drogba, Asal’fo, Tiken Jah, Alpha Blondy, etc…
Les réactions à travers le monde ont été immédiates après la marche.
La Libye dès le lundi 20 novembre 2017 a annoncé l’ouverture d'une enquête sur la vente des migrants sur son sol.
La Côte d’Ivoire par la voix de son Ministre des Affaires Etrangères a exigé l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et rapatrié le lundi 20 novembre au soir, 155 migrants ivoiriens en Libye.
Le Niger a convoqué l’ambassadeur libyen à Niamey le lundi 20 novembre pour explication.
Le chef de l'Etat nigérien a personnellement demandé à son homologue ivoirien Alassane Ouattara que la question soit évoquée au cours de la prochaine rencontre Union Africaine-Union Européenne les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan.
Selon un communiqué de la présidence guinéenne, Alpha Condé, président en exercice de l'Union Africaine a également exprimé son indignation et a invité les autorités libyennes à ouvrir une enquête, afin de situer les responsabilités et traduire devant la justice, les personnes impliquées dans ce commerce scandaleux.
Le président guinéen a par ailleurs demandé aux responsables libyens de revoir les conditions de détention des migrants en Libye.

Le 20 novembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « horrifié » par les révélations récentes de marché aux esclaves en Libye, jugeant que ceux qui en sont à l’origine pourraient être traduits en justice pour de possibles crimes contre l’humanité.
« L’esclavage n’a pas sa place dans notre monde et ces actes figurent parmi les abus les plus flagrants des droits de l’Homme », a-t-il déclaré.
António Guterres

@antonioguterres
Slavery has no place in our world. http://bit.ly/2hNuatc
23:35 - 20 nov. 2017

Le Burkina Faso a rappelé son ambassadeur à Tripoli pour consultation le 21 novembre.
Le président du Burkina Faso a décidé du rappel de l’ambassadeur à Tripoli, le général Abraham Traoré, pour consultation « après le choc d’images de traite négrière en Libye », a déclaré le 20 novembre le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a évoqué la possibilité de poursuivre les auteurs pour « crimes contre l'humanité ».
Le Niger, le Burkina Faso, la Guinée, ont demandé que le scandale de l’esclavage des migrants en Libye soit inscrit à l’ordre du jour du sommet Union africaine (UA) – Union européenne (UE), les 29 et 30 novembre prochain à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Le Président français Emmanuel Macron a qualifié la vente de migrants africains comme esclaves en Libye, révélée par la chaîne américaine CNN, de « crimes contre l’humanité », mercredi 22 novembre.
« La dénonciation par la France est sans appel » et il faut que « nous puissions aller beaucoup plus loin pour démanteler les réseaux » de trafiquants, a ajouté le président après une rencontre à l’Elysée avec le président de la Guinée et de l’Union africaine, Alpha Condé.
Le même jour, la France a demandé une réunion « expresse » du Conseil de sécurité des Nations unies pour débattre de la vente de ces migrants en Libye.
« La France a décidé ce matin de demander la réunion expresse du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder cette question. Elle le fait comme membre permanent du Conseil de sécurité, elle a la capacité de le faire et nous le faisons », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, devant l’Assemblée nationale.

La République Démocratique du Congo a annoncé le mardi 21 novembre qu'elle rappelait son ambassadeur en Libye pour consultation.
Kinshasa, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères Léonard She Okitundu, veut connaître "la situation réelle" en Libye et conduire au besoin "une mission de rapatriement" si des Congolais sont concernés.
La RDC souhaite "que la question migratoire soit prioritairement inscrite à l'ordre du jour du prochain sommet Afrique-Europe qui se tiendra à Abidjan".

Mardi 21 novembre, 250 migrants camerounais en provenance d’Algérie sont arrivés à l'aéroport de Yaoundé. Selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), 1700 camerounais ont été recensés en Libye d’où ils tentent de rejoindre l'Europe.

Dernière réaction en date : Le Rwanda qui s’est dit prêt à accueillir jusqu'à 30.000 migrants africains vivant dans des conditions inhumaines en Libye, a annoncé le mercredi 22 novembre la chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo.
Nous y reviendrons.

Mireille (Mimi) Kouamé