Côte d'Ivoire / Fête Nationale de l’Indépendance 2017: La déclaration du Président Anaky Kobena Innocent

Par IvoireBusiness - Côte d'Ivoire. Fête Nationale de l’Indépendance 2017. La déclaration du Président du MFA, Anaky Kobena Innocent.

Anaky Kobena Innocent, président du MFA.

Ivoiriennes et Ivoiriens,

A l’occasion du 57° anniversaire de l’Indépendance de notre pays, le MFA et moi-même nous permettons de souhaiter à vous tous, chers compatriotes, et à tous ceux qui vivent auprès de nous en ce pays, une bonne fête nationale.
La fête nationale, qui est un grand moment de rappel des fondamentaux qui scellent l’avènement de notre pays dans le concert des nations, n’a pas vocation à être ludique ou, à privilégier le repos par rapport à nos occupations quotidiennes ; bien au contraire, elle nous invite à nous asseoir tous, et à nous interroger sur ce qui compte le plus pour notre pays et ses populations, et partant à la réflexion sur la recherche de voies et solutions pour un mieux vivre individuel et collectif chez nous.
La vie d’un pays se déroule sur des avancées ou reculs, dans tous les domaines de l’activité de ses populations, et l’on Aspire à approcher un niveau de performance qui pourra signifier que l’optimum est à notre portée ; soit en agriculture, soit dans le développement industriel, ou dans la réalisation des routes et infrastructures ; idem pour les transports en général, pour la construction de logements, et surtout pour le minimum en soins de santé décents pour tous.
L’éducation, la formation et la créativité intellectuelle et artistique, qui sont désormais les valeurs les plus élevées et les plus nobles devant toujours luire au firmament.
Nous sommes en 2017, sept longues et lourdes années après 2010, et le contexte ne se prête désormais plus à une évaluation des actions et échecs de ceux qui dirigent le pays.
En effet, les nombreux événements, intolérables et inimaginables dans un pays géré avec responsabilité, qui ont émaillé l’année 2017, ont valu comme une signature, aux yeux du monde entier, de l’échec, sinon même du recul de la qualité de la gouvernance en Côte d’Ivoire.
Les quelques rares féaux du pouvoir en place qui, face aux regards de populations blasées et désormais résignées, s’essayent à proclamer les succès imaginaires du régime, se lancent avec si peu de conviction dans cette aventure, que le silence de la vérité s’installe de plus en plus.
Ivoiriennes et Ivoiriens, en cette année 2017, pour la célébration de la fête nationale, faisons le sacrifice de laisser le politique, l’économique et le social poursuivre leur lent cours sans relief, et acceptons de nous concentrer tous au moins sur un pan de notre vie commune qui n’obéit pas aux lois de la physique ou de l’économie, et qui ne dépend que de la collective bonne volonté de tout un chacun.
Ivoiriennes, Ivoiriens, pourquoi est ce que, sept années après notre crise politique, nous n’arrivons pas à nous réconcilier ?
Comment comprendre que nous ayons encore près de deux cent Ivoiriens en détention qualifiée de politique car jetés en prison par rapport à un lien avec l’ancien pouvoir ? Et trêve d’hypocrisie et de lâcheté, reconnaissons qu’ils sont enfermés dans des conditions infâmes et infamantes pour nous tous ?
Est il encore besoin d’expliquer que tant que ce premier obstacle ne sera pas levé, des milliers de compatriotes en exil , surtout au Liberia , au Ghana et au Togo, ne se décideront pas à revenir au pays, dans la crainte d’être arrêtés et détenus dans les mêmes conditions ?
Que gagne aujourd’hui le Président Ouattara à laisser perdurer une telle situation qui révolte tout être doté du sens de l’humain ?
Où réside la menace à l’ordre public ou à la sécurité de l’état si ces compatriotes, aujourd’hui pour la plupart très éprouvés et diminués aussi bien physiquement que dans le tonus, retournaient à la maison pour réapprendre à vivre ?
A l’occasion de notre fête nationale, pourquoi est ce que nous ne nous diluerons tous pas dans les eaux du fleuve Ivoire, pour crier, tous, au Président Ouattara, que la Côte d’Ivoire a mal à cette ignominie et attend que leur libération immédiate, cette étape préliminaire à la vraie réconciliation nationale, soit enfin franchie ?
Une pétition nationale est en cours de préparation, et nous la souhaitons d’une orientation particulière, tellement l’enjeu est important, vu que tant d’Ivoiriens sont en péril.
Puisque nous savons déjà toutes les populations Ivoiriennes acquises à la libération des prisonniers politiques et au retour des milliers d’exilés. Nous allons commencer par l’autre bout, et cette pétition va d’abord d’adresser à tous les élus, notables et notabilités, et leaders d’opinion.
Il leur sera individuellement demandé, en tant qu’humain, femme ou homme, et surtout en tant que national Ivoirien, fille ou fils de cette terre, de marquer publiquement leur solidarité vis-à-vis des compatriotes dans la souffrance, en signant la pétition invitant le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à libérer les prisonniers politiques.
Le message s’adressera à tous, Président de la République, Vice Président, Responsables et membres de toutes les Institutions, du gouvernement, aux chefs des confessions Religieuses, aux Rois et Chefs traditionnels, aux Syndicats et organisations de la société civile, etc.…
Les présidents, secrétariats généraux ou exécutifs, bureaux politiques et Hautes Instances de tous les partis politiques, sans exception, auront droit à une adresse particulière. Et signer cette pétition signifiera que, toute appartenance ou ligne politique confondues, l’on insiste sur le fait qu’un pouvoir politique ne doit pas s’installer et vivre sur le bannissement de milliers de citoyens d’un pays.
La constitution de 2015 ouvrant désormais toutes les possibilités à tous et sans limites, ceux qui sont au pouvoir depuis 2010 ont la faculté d’y demeurer jusqu’en 2020, 2025, 2030, 2035 ,2040 etc.…
Si les choses devaient demeurer en leur état actuel, ce serait une véritable apocalypse pour nos pauvres frères prisonniers ou exilés. Leur détresse est si poignante que, envisager de leur chercher une terre définitive d’exil, dans un pays à grande superficie d’Afrique ou d’Amérique, risque bientôt de ne plus paraitre comme une boutade.
Ivoiriennes, Ivoiriens, retroussons les manches armons nous de compassion et de solidarité pour ces nombreux compatriotes, et agissons ! Bonne Fête nationale à tous.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et apaise les cœurs !

ABIDJAN, LE 09-08-2017
INNOCENT KOBENA ANAKY
PRESIDENT DU MFA