Procès de Gbagbo et Blé/ Un journal pro-Ouattara avoue: « On a frôlé le pire ».« Le volte-face de Kassaraté, un tournant qui va peser lourd ».« Le RHDP jette l’éponge »

Par Le Nouveau réveil - Procès de Gbagbo et Blé. Un journal pro-Ouattara avoue « On a frôlé le pire ».« Le volte-face de Kassaraté, un tournant qui va peser lourd ».« Le RHDP perd la bataille médiatique et jette l’éponge ».

Laurent Gbagbo, Blé Goudé, et Fatou Bensouda. Photomontage.

On est passé à côté d’un tremblement de terre à la haye où Laurent Gbagbo et Blé Goudé ont failli bénéficier d’une libération provisoire suite à la 11e requête de mise en liberté formulée par l’avocat principal, Me Altit. N’eût été l’opposition des deux juges assesseurs, celui que l’on présente comme le prisonnier le plus célèbre de Scheveningen aurait respire à nouveau l’air de la liberté. En effet, le juge principal, celui-là même qui dirige le procès, s’était déclaré favorable à cette libération parce que certainement l’évolution des débats l’a presque forcé à regarder l’accusé autrement. Car comment comprendre que celui qui rejette dix demandes de mise en liberté provisoire s’est résolu à changer de cap ?
La réponse à cette question est à rechercher dans la tournure qu’on pris les débats depuis quelque temps mais particulièrement depuis la comparution du témoin clef qu’était le Général Kassaraté Tiapé Edouard, ancien commandant supérieur de la gendarmerie nationale.
Ce témoin à charge, essentiel dans le dispositif d’accusation de la procureure Fatou Bensouda a plutôt mélangé les cartes du parquet et présenté des faits qui créditent les thèses que les avocats de Gbagbo et Blé Goudé s’échinent à démontrer. Pour le Général Kassaraté, la guerre a été déclarée par les Forces nouvelles, cette guerre a commencé à l’intérieur du pays avant d’atteindre Abidjan, à l’ouest également la guerre aurait été atroce où le chef de guerre Sam Boukary aurait commis beaucoup de crimes beaucoup de crimes. Il ajoute que les rebelles ont été armés et entrainé à Pô au Burkina Faso voisin. Les dozos, le commando invisible d’Abobo, identifiés comme les vrais supplétifs. Il n’oublie pas qu’à Tabou chez lui, 30 jeunes ont été fusillés devant leurs parents par les rebelles. Bensouda vient de se faire couper par son propre couteau. A la grande satisfaction des avocats le Blé Goudé et Gbagbo qui n’ont pas manqué de lui dire merci.Un grand merci pour avoir faire leur boulot à leur place.
L’intervention du commandant supérieur de la gendarmerie était, en effet, très attendu et pour cause. Elle devrait permettre au parquet de démontrer enfin que les crimes et exactions qui ont été commis à Abobo comme ailleurs l’ont été à la suite d’instructions données par Laurent Gbagbo. En tant que premier responsable de la gendarmerie nationale, il ne pouvait pas ne pas être au courant de ces faits. Bensouda pensait tenir là une occasion pour confirmer ses charges. Echec et mat ! Kassaraté n’a rien dit qui puisse établir un lien entre Gbagbo, Blé Goudé et ces crimes.
Même lorsqu’il s’est rendu à des réunions nuitamment au palais et que cela est évoqué par le juge, Kassaraté ne se souvient de rien, il est pris de trous de mémoire. Quand on lui présente des documents qu’il a signés, il les conteste et parle de falsification de sa signature. La coupe est pleine. A la Haye, les choses sont en train de prendre une autre tournure. Parce que depuis le début de ce procès, l’on se rend compte que les témoins qui se succèdent ont du mal à prouver les faits dont ils parlent. Tout ressemble à du théâtre, une mise en scène. Or tous nous avons vécu ces faits. A Abidjan où se tient actuellement le procès des disparus du Novotel, des militaires passent aux aveux et reconstituent les scènes des crimes odieux dans lesquels sont impliqués le général Dogbo Blé et autres bras séculiers du régime de M.Gbagbo.
Le RHDP n’a cessé de clamer que cette crise postélectorale a fait 3000 morts. Pour la mémoire de ces victimes, qu’a-t-on vraiment fait pour restaurer la vérité et faire payer aux bourreaux le prix fort de leurs actes ?

Aujourd’hui, le RHDP s’est totalement déconnecté de ce procès en cours à la CPI, la bataille médiatique perdue. Oubliant que si Gbagbo sort blanchi de ce procès, les conséquences politiques risquent d’être très lourdes pour le pouvoir en place.
La déposition que vient de faire le Général Kassaraté marque un tournant important dans ce procès. Et va peser lourd pour la suite.

Source : Le Journal le Nouveau Réveil du Samedi et Dimanche du 19 mars 2017- N°4530