Côte d'Ivoire: Chronique diplomatique pour comprendre les dessous la colère brusque de l'armée, Par Dapa Donacien

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Chronique diplomatique pour comprendre les dessous la colère brusque de l'armée, Par Dapa Donacien.

Dapa Donacien.

Le ministre Hamed Bakayoko, premier flic ivoirien "dégaine" deux fois en moins d'une semaine.

En riposte, l'armée soumet la Nation (population+ gouvernement) au chantage et obtient 12 millions F.CFA comme butin pour une catégorie particulière de soldats.

Loin de nous toute idée de trouver des boucs émissaires, auditons le contexte historique et l'ambiance événementielle ayant précédé le soulèvement de l'armée, pour essayer de cerner le fait déclencheur. Le but final de l'exercice, c'est d'éviter à l'avenir, les maladresses qui ont pu hériter "la grande muette".

L'on a souvenance de la démonstration des talents de négociateur dont a fait montre le Ministre d'Etat,Hamed Bakayoko, Ministre de l’intérieur et de la Sécurité, lors de la résolution des problèmes soulevés par les mutins en novembre 2014.

Sans que les ivoiriens ne sachent les termes de l'accord, les mutins, après avoir conquis presque toutes les casernes du pays, en moins de 24 h, ont regagné tous heureux leurs casernes, à la suite des négociations menées par le Ministre Hamed Bakayoko, avant de s'achever devant le Président de la République.

Curieusement, depuis l'éclatement de la récente deuxième mutinerie, oeuvre des mêmes acteurs pour le même sujet, à savoir le butin de guerre, qualifié dans leur jargon de "prime Ecomog", le ministre Hamed Bakayoko s'est fait moins visible.

Qu'est ce qui explique cette absence médiatique ? Un ressort s'est-il cassé entre le médiateur historique et les mutins entraînant une rupture de confiance ? Difficile de le savoir, sauf qu'en l'espace de moins d'une semaine avant la colère brusque des militaires, le Ministre de l’intérieur a fait deux déclarations au cours de deux cérémonies publiques dont la dernière a produit une onde de choc ressentie par ceux qui suivent l'actualité ivoirienne.Nombre de concitoyens qui ont eu échos de cette déclaration ont frissonné de frustration. Nous y reviendrons.

Mais commençons par analyser l'impact psychologique qu'a pu produire l'augmentation du budget d'intégration de la police, passé de 3 milliards à 13 milliards comme annoncé par le Ministre lui-même le 30 décembre 2016 à Abidjan.

Voir les liens suivants (audio + écrits)

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http://video-streaming.orange.fr/autres/baux-des-policiers-hamed-bakayok...

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http://www.afrikipresse.fr/societe/13-milliards-contre-3-pour-la-police-...

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http://news.abidjan.net/h/606996.html

A ce niveau, on pourrait convenir qu'il n’y a rien rien dans cette déclaration qui puisse effaroucher les militaires, d'autant plus que le premier flic affiche sa bonne intention vis-à-vis du corps de la police. Quoi de plus normal, sauf que l'homme qui s'exprime ainsi avait joué la médiation entre l'Etat et les les militaires deux années plus tôt. Avait-il étouffé l'aspiration légitime des militaires à de meilleures conditions de vie, et vouloir faire la part belle aux policiers maintenant ? Ce sont des questions, qui de notre point de vue ne sauraient objectivement , à elles seules, justifier la colère des militaires.

Toutefois, ne balayons pas précipitamment cette possible raison du révère de la main, sans rattacher cette déclaration (qui a pu aiguiser des appétits en face, c'est-à- dire dans l'armée) à l'étonnante déclaration attribuée par les médiats au Ministre de la Sécurité à l'occasion de la présentation des vœux, le 4 janvier 2017, devant le Président de la République, selon la quelle " les microbes sont des victimes de guerre"!. Voir lien suivant:

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http://www.connectionivoirienne.net/123123/les-jeunes-delinquants-appele...

Vu la gravité de ce dérapage relevé dans les propos attribués au Ministre d'Etat Hamed Bakayoko, ayant enflammé les réseaux sociaux, l'opinion publique, globalement choquée, s'attendait au moins à un démenti de la part du ministre.

Ces propos ont-ils résonné négativement dans les tympans des militaires, surtout que selon la presse, le ministre aurait prévu un plan financé par l'agent public de socialisation des membres de cette pègre qui assassine froidement à coups de machettes aiguisées et de gourdins d’honnêtes citoyens ? Le meilleur endroit de socialisation de ces tueurs crapuleux n'est-il pas la prison ?

Et si socialisation, il y'a, quelle forme pourrait-elle revêtir ? Un nouveau corps à intégrer à la police ou à l'armée ? Pourquoi a-t-on attendu que cette gangrène pousse des ails, sans jamais la sectionner au point de parler de son intégration à la société maintenant? Sommes-nous conscients? contrairement aux attentes et calculs du ministre que cette racaille n'a sa place nulle part qu'en prison? Qu'adviendra-t-il si ces microbes après avoir bénéficié du programme de resocialisation se constituait en force parallèle armée ? Elle serait plus dangereuse vis-à-vis de toutes les forces armées sans distinction (police conventionnelle, armée, douane...)

Et si l'Etat disposait suffisamment de capitaux au point de vouloir mettre à l'aise des assassins, sous le couvert du fameux programme de resocialisation, pourquoi rechignons-nous à faire droit aux revendications des militaires datant depuis 2011?

Et si c'était cette déclaration du 4 janvier qui avait mis le feu aux poudres dans les casernes, juste 48 heures après, indépendamment des ficelles qu'ont pu certainement tirer les politiciens rivaux aux Ministre de l’Intérieur ?

Simple interrogation d'un profane en questions militaires et sécuritaires, mais qui a failli perdre la vie dans un essaim de "microbes" entre Abobo et Adjamé au retour d'un voyage sur Bondoukou. Cette expérience acquise à la suite de ce frottement avec "les microbes", nous confère, nous population une autre appréhension des dangereux gangs de microbes diamétralement opposée à la conception du ministre concernant ce véritable danger qu'il faut éradiquer sans ménagement et sans faiblesse.

A la vérité, à part une opération volontariste armée de "nettoyage adéquat", je ne vois aucun autre programme efficace de ressocialisation de ces brigans qui tuent sans pitié ni remords.

Car, rappelons-nous que "Rien ne se perd, tout se transforme". Alors, cessons de caresser et d'aider des criminels à grandir en grades et échelons supérieurs.

Toujours est-il que, dans notre démarche d'audit des propos des acteurs, nous notons que, le Ministre de la Défense (en réponse sans doute à l'argumentaire des mutins qui laisserait supposer que les efforts de l'Etat seraient unilatéralement dirigés vers la police et l'apitoiement vis-à-vis des microbes), revenu de sa première mission de Bouaké, s'est empressé de rassurer les mutins en disant que leur part de cagnotte se trouve dans la loi de programmation militaire.

Trop tard, chat échaudé craint l'eau froide, et ventre affamé n'a plus d'oreille. Et la facture, très salée, malheureusement, ce sont nos poches qui auront à la supporter: 12 millions f.Cfa par individu ! (selon les indiscrétions). L'on nous dit que cette somme serait arrêtée à l'issue d'un prétendu accord entre le représentant de la puissance publique et les mutins.

Mais y'a-t-il vraiment libre consentement entre une délégation ministérielle apeurée et menacée par le crépitement des armes et des co-contractants armés, eux même sous la menace de 8500 éléments subitement excités, comme si ce butin de guerre datait de 2017, alors que c'était un vieux deal dont on ne sait rien des signataires ni le territoire qui a abrité les assises.

En tant que contribuable, je veux bien payer ma part de cette mystérieuse dette en fonction de ma faculté contributive.

Mais les bénéficiaires sont-ils capable de nous brandir au moins copie de ce mystérieux accord vieux de 7 ans ?

S'ils n'en sont pas capables, c'est alors une arnaque qui ne saurait prospérer,car la revendication est sans objet licite.

La conséquence d'absence de licéité de l'objet rend alors la dette inexistante.

Ah, j'oubliais. Combien de ceux qui ont soumis le Gouvernement à un véritable braquage ces jours ci sont lettrés pour comprendre notre logos, une logomachie à leurs yeux ? Très peu. Alors serons les dents pour payer la dette, comme nous contraignent ces mutins qui ne craignent plus personne, même pas le nouveau chef d'etat major, face auquel ils marchent pieds nus et parlent comme à un camarade avec lequel ils ont l'habitude de boire le thé dans un grin.

Une chronique de K. DAPA Donacien

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