Coup de théâtre aux assises d’Abidjan: Simone Gbagbo refuse de comparaître à son procès (procureur)

Par Ivoirebusiness- Coup de théâtre mardi aux assises d’Abidjan. Simone Gbagbo refuse de comparaître à son procès (procureur)

Aly Yéo, procureur général.© AFP.

Coup de théâtre mardi aux assises d’Abidjan – Madame Simone Gbagbo, ex-première dame de Côte d’Ivoire, a refusé de comparaître à son procès au palais de justice d’Abidjan, pour se conformer à la décision de ses avocats, selon le procureur général Aly Yéo.

"Ce matin quand j’ai envoyé les agents de sécurité la quérir, elle leur a fait dire qu’elle ne pouvait pas venir, en conformité avec la décision de ses avocats de suspendre leur participation" a déclaré le procureur général Aly Yéo.

Les avocats de Simone Gbagbo avaient en effet annoncé la veille qu’ils suspendaient leur participation en raison de l’impossibilité de faire témoigner certaines personnalités importantes à leurs yeux comme Guillaume Soro, les généraux Mangou, Kassaraté, et Brindou, et le Ministre Charles Diby Koffi, actuel président du Conseil économique et social.
"Nous déciderons en fonction des événements. On continue à demander la comparution des témoins, c’est le principe même d’un procès! On n’a pas entendu les acteurs. C’est une honte", a affirmé à l’AFP Me Ange Rodrigue Dadje.

"Techniquement, je ne sais pas s’ils peuvent continuer le procès sans nous. C’est à eux (les juges) de prendre leurs responsabilités", a-t-il expliqué ironisant : "S’il veulent, ils peuvent même rendre le jugement" le 3 novembre.
Suite à ce faux bond de l’ex-première dame, le juge a pris la décision de suspendre le procès pour le reporter au 3 novembre prochain.
Selon une source proche du dossier, rien ne dit que la situation aura changé d’ici là. Le procureur en est lui-même conscient.

Lundi, alors que devait commencer la première audience consacrée aux témoins de la défense, les avocats de Mme Gbagbo avaient demandé à entendre l’actuel président de l’Assemblée nationale, l’ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre Jeannot Kouadio Ahoussou, l’ex-ministre Charles Koffi Diby et l’ex-patron de l’armée, le général Philippe Mangou, et le directeur général de la police nationale Brindou M’Bia.

"Nous suspendons notre participation jusqu’à nouvel ordre. Le procès est biaisé, la Cour n’a pas envie d’un procès équitable. Nous constatons que nos témoins ne sont pas présents", avait annoncé Dohora Blédé, un des avocats de Mme Gbagbo, estimant que "ces personnes (étaient) indispensables à la manifestation de la vérité".

La Cour d’assises d’Abidjan juge Mme Gbagbo depuis le 31 mai. Elle est citée, selon l’accusation, pour son implication dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier favorable à Alassane Ouattara. Accusations qu’elle réfute en bloc et qui n’ont jamais pu être prouvées par l’accusation.
Les avocats de Simone Gbagbo ont toujours dit que les vrais coupables, qui sont connus de tous, courent toujours et sont même promus par le Président Alassane Ouattara à de hauts postes civils et militaires.

Les faits reprochés à Mme Gbagbo ont été commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3.000 morts officiels en cinq mois dans le pays.
Crise due au refus d’Alassane Ouattara et de la communauté internationale de reconnaître la victoire du Président Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010, pourtant confirmée par le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction du pays dont les décisions ne souffrent aucune constestation.

Simone Gbagbo comparaît alors qu’elle a été condamnée sans preuves à 20 ans de prison et purge déjà sa peine pour "atteinte à la sûreté de l’Etat", jugement prononcé l’année dernière.

Mireille (Mimi) Kouamé